
"Pris en otage" par des jeunes manifestants ? Être pour ou contre les barrages ? Qui est derrière cela ? Est-ce là le véritable débat ?
Un seul constat, aujourd’hui, toutes les conditions ont été créées en faveur d’une jeunesse totalement stigmatisée, abandonnée et oubliée partiellement par la classe politique car la problématique de la jeunesse, ou la jeunesse problématique, on y repense à chaque élection. Une jeunesse sur laquelle on porte de l’intérêt, est considérée comme un réservoir potentiel de voix par ceux qui nous gouvernent et qui jusque-là, ont fait trop de promesses rarement tenues.
Les dernières manifestations montrent et ce n’est un secret pour personne qu’il ne s’agit que de l’arbre qui cache la forêt. Il y a la partie émergente de l’iceberg : une jeunesse qui essaie de s’organiser, de s’exprimer par ces et ses moyens pour faire valoir ses revendications et ses projets en criant au scandale (au secours), car trop souvent et depuis trop longtemps des promesses de « pti contrats » sous couvert de clientélisme, ont été proposées comme solution à la pauvreté. L’espoir né de la promesse, le rêve d’une vie meilleure prennent place et apaise cette triste réalité à laquelle on se résout. Mais tout comme un médicament, l’effet n’est que de courte durée.
Et résultat des courses, pendant que certains jeunes se mobilisent pour réclamer l’application de leurs promesses ou s’organisent pour faire valoir leurs revendications et leurs projets, d’autres plient bagage pour s’expatrier dans l’espoir d’avoir un emploi et pire encore, beaucoup se replient dans un silence qui en devient presque’ assourdissant. C’est un silence ravageur, qui consume à petit feu ces jeunes hommes et jeunes femmes en devenir, pleins d’espoir à la base et très vite, confrontés aux difficultés de notre société.
C’est pour cette raison que je souhaite m’adresser à notre jeunesse réunionnaise en leur disant : Oui il faut se révolter mais soyons plus intelligent qu’eux, donnons des leçons aux donneurs de leçons, ayons conscience que l’avenir de notre pays est aussi dans nos mains et que nous avons le pouvoir de décision, ne tombons surtout pas dans le fatalisme et l’impuissance, mais agissons ensemble ou séparément mais agissons pour une cause commune à savoir, l’inclusion sociale pour tous.
Disons-leur arèt koz de nou san nou, causons ensemble de manière solidaire et responsable. La Réunion pou nout tout et non pour une poignée de gros zozos égoïstes et manipulateurs sans scrupules. Lors des élections ne votons plus pour des promesses mais votons pour des principes, des valeurs, ne votons plus pour des séducteurs et séductrices d’opinions, votons pour des groupes d’individus désintéressés du pouvoir mais totalement intéresser de l’être humain et des valeurs qui l’entoure.
Pour ma part, j’ai pris conscience de tout cela pendant mes années de galère mais je sais combien c’est difficile quand on enlève nos repères. C’est pour cette raison qu’il nous faut agir pour soi et pour ses semblables.
Les mères et les pères de famille que nous sommes, salariés, demandeurs d’emplois, chefs d’entreprises, fonctionnaires ou précaires, nous devons tous être solidaires car le bonheur de l’autre ne sera jamais étranger à notre propre bonheur. Il n’y a pas pire que d’arriver à barrer les routes pour se faire entendre face à une gouvernance sourde mais jamais muette quand il s’agit de mendier un bulletin de vote.
A la classe politique, réfléchissez et pensez à l’avenir des générations futures auxquelles appartiendront vos propres enfants. Par vos comportements, irréfléchis ne pensez-vous pas être entrain de les sacrifier sur l’autel de vos intérêts immédiats ?
Mon métier, me donne cette chance de comprendre et de prendre conscience que la souffrance existe et qu’elle doit être combattue par une nouvelle gouvernance composée d’hommes, de femmes politiques issues de tous horizons, qui ont en charge la destinée de notre société.
Et tout au fond de moi, je garde espoir qu’un jour, notre quotidien s’améliore, parce que le chômage et l’inactivité sont des gangrènes que nous pouvons vaincre, car la détresse psychologique qu’elle engendre, amène avec elle son lot de difficultés et ce, quelle que soit sa couche sociale d’appartenance. C’est pour ces raisons que le politique ne doit pas laisser à la société la responsabilité d’apporter ses propres solutions. Luttons contre cet apartheid social grandissant, le travail c’est la dignité d’un peuple.
Quelques barrages de route et des dizaines de milliers de jeunes vies barrées.
Amandine RAMAYE
Membre du Comité jeune REZISTANS’/ARCP
amandineramaye@yahoo.fr