Samedi, le Quotidien a révélé l’existence d’une bande audio réalisée au cours d’une réunion des cadres de la CEC (Commission exécutive confédérale) en août 2012. A l’écoute de cette bande, la situation de la CGTR est au plus mal. On apprend par exemple que le syndicat n’avait pas pu certifier ses comptes de 2010 en raison de dépenses injustifiées à hauteur de 33.000 euros.
Comme le Quotidien, nous avons pu nous procurer cette fameuse bande audio pirate. Les acteurs présents autour de la table, les principaux cadres de la CGTR, parfaitement identifiables à leurs voix, discutent à batons rompus des problèmes internes au syndicat, sans se douter qu’un des intervenants enregistre les débats. Il est notamment fait état d’un courrier très inquiétant émanant de l’expert comptable du syndicat et qui pointe du doigt les « insuffisances » dans le suivi des mouvements financiers de la CGTR, dans la « tenue de la caisse, les mouvements financiers, mouvements financiers non identifiés (…). Concernant le suivi des cotisations, il ne nous a pas été possible d’en suivre l’exhaustivité. Mais nous restons confiants sur la mise en place de ces procédures pour les comptes 2011 et 2012 (…). Au final, Il ressort donc qu’il ne nous a pas été possible de nous assurer de l’exhaustivité des recettes« , lit à haute voix, le trésorier de la CGTR, Robert Hoareau.
A la lecture de ces éléments, les esprits s’échauffent autour de la table. « Il nous faut un état des comptes de la trésorerie (…). Ca me gêne d’apprendre ça (…). On est en train de tomber« , explique pour sa part Clara Derfla, secrétaire adjointe de l’Union Régionale Sud et récente démissionnaire de la CEC (au même titre que Pascal Hoareau le 23 août dernier ndlr).
Plusieurs intervenants font ensuite état de fort soupçons concernant un cadre du syndicat dont ils ne citeront que le prénom. « On a fait confiance à un moun. On a vu des choses pas claires. Ivan l’a vu et a dit : « Ma pu confiance en ou. Mi soupçonne ou bèz l’argent ». On a pas de preuves mais de fortes présomptions. De l’argent a disparu« , poursuit Robert Hoareau puis se tournant vers ses camarades : « Ca reste entre nous« .
La GTOI paye les salaires des salariés de la CGTR
« Il (Ivan Hoareau) soupçonne qu’un compte était ouvert et que la CGTR virait de l’argent dessus. On était même pas au courant. On avait 8 ou 9 comptes. On a découvert une carte bancaire qui était utilisée à l’étranger. Un compte était créé ailleurs et on n’était pas au courant. Et quand on parle des 33.000 euros, on demande ou sa la passé ?« , continue Robert Hoareau avant d’ajouter : « Si on soulève un jour le problème de l’argent, la confédération explose« .
Mais de toute la discussion étalée au grand jour, une partie nous intrigue fortement. En 2011, la confédération comptait 5.800 militants. Mais en août 2012, seulement 860 d’entre eux étaient à jour de cotisation. Un nombre trop bas quand on sait que la CGTR emploie plusieurs salariés. Max Banon prend la parole. « On est dans une situation catastrophique. On doit comprendre où sont les erreurs pour les corriger (…). On ne peut pas fonctionner avec une telle gestion. On a plusieurs salariés à payer (…). Mensuellement, il faut un état de trésorerie déposé au bureau. Jacky (Jacky Balmine ndlr) dit souvent « pour payer les salariés il part voir la GTOI pour gagner une monnaie. Ce n’est pas une manière de fonctionner. Il faut arriver à travailler autrement« , lâche Max Banon.
Face à cette annonce, nous avons tenté de joindre la GTOI et Jacky Balmine pour avoir une explication sur cette méthode peu orthodoxe, a savoir demander à une grosse entreprise du BTP de régler les salaires de salariés d’un syndicat. Nous n’avons pour le moment pas eu de retours suite à nos demandes.
Ci-dessous : Passage de la bande audio où Max Banon s’explique sur les pratiques de la CGTR