
Plusieurs périodes de distanciation sociale seront probablement nécessaires jusqu'en 2022 afin d'empêcher que le covid-19 n'engorge les hôpitaux aux États-Unis. C'est ce qu'il ressort d'une étude menée par des chercheurs d'Harvard, publiée dans la revue Science.
Pour leur simulation, qui a dû composer avec de nombreuses inconnues, l'équipe d'Harvard a modélisé la pandémie en partant de l'hypothèse qu'elle serait saisonnière comme d'autres virus de la même famille
"Une mesure ponctuelle de distanciation sociale sera probablement insuffisante pour que l'incidence de SARS-CoV-2 reste dans les limites de la capacité des services de réanimation aux États-Unis", résume l'un des auteurs de l'étude. Il estime que tant que des traitements efficaces ou un vaccin ne seront pas découverts, des périodes intermittentes de distanciation sociale seront sans doute nécessaires. C'est-à-dire qu'il faudra alterner entre confinement et ouverture pour prévenir une nouvelle vague.
Selon le professeur d'épidémiologie Marc Lipsitch, en acceptant des périodes de contaminations plus élevées, pendant les déconfinements épisodiques, le virus va contaminer une proportion croissante de la population (idéalement, les plus jeunes et moins vulnérables), ce qui aura pour avantage de construire progressivement l'immunité collective de la population.
Trop de confinement empêcherait à l'inverse de bâtir cette immunité collective, ont simulé les chercheurs, qui en concluent que l'approche la plus efficace est le maintien intermittent de mesures de distanciation sociale (confinement, fermeture des écoles et entreprises…).
À noter que selon les chercheurs, il est improbable que l'immunité soit assez forte et assez durable pour que le coronavirus disparaisse à la fin de la première vague que nous traversons en ce moment (contrairement au Sras de 2002-2003). Ils estiment en outre que "même en cas d'élimination apparente", la surveillance du virus "devrait être maintenue, car une résurgence de la contagion pourrait être possible jusqu'en 2024".
Alors que l'étude ne concerne que les Etats-Unis, la question se pose de savoir si ce confinement intermittent serait aussi souhaitable en France.
The recurrence of #COVID19 to 2025 will depend greatly on the duration of human immunity to the virus, a new modeling study reports. Social distancing may need to be maintained on and off into 2022 to avoid exceeding hospital care capacities, results show. https://t.co/3g0R4ZSCa9 pic.twitter.com/AB3KuacoSX
— Science Magazine (@ScienceMagazine) April 14, 2020