Zinfos974 : Quelle est votre réaction face aux évènements qui se déroulent au Chaudron ?
Audrey Belim : Les évènements d’hier et ceux des semaines précédentes prouvent encore une fois combien le climat est tendu sur l’île face à cette problématique du chômage. Ces jeunes peinent à trouver une solution dans leur quête d’emploi, ce qui réduit leurs perspectives d’avenir. Sur le fond, nous comprenons cette souffrance et les revendications, cela est légitime, mais sur la forme nous ne pouvons cautionner les excès de violences à l’égard des bâtiments et des biens publics, qui pénalisent au final cette même population déjà en souffrance.
Il y a de plus en plus de tension dans les quartiers, les jeunes réclament des emplois aidés, qu’est-ce que peut faire la municipalité de Saint-Denis ?
Cette tension perdure car la situation peine à être résorbée. Les solutions proposées par les autorités, à savoir l’armada de dispositifs de soutien en faveur de l’emploi (notamment emplois aidés) sont une solution parmi tant d’autres. Je rappelle que la création d’emplois n’est pas de la responsabilité des communes mais un enjeu global de notre société réunionnaise. Nous devons avoir conscience qu’avec les chiffres que nous affichons, notre tissu économique local tel qu’il existe aujourd’hui, ne pourra pas absorber l’intégralité de la masse de chômeurs. D’où l’intérêt de multiplier les initiatives autour de cette problématique structurelle qui affecte gravement la Réunion. Si nous, politiciens, entendons cette souffrance et alertons l’Etat depuis quelques temps, j’appelle aujourd’hui à la conscience citoyenne des acteurs économiques de notre île.
Quel message souhaiteriez-vous faire passer ?
Tout d’abord, je souhaite sensibiliser l’Etat sur la situation qui est la nôtre depuis la crise. Notre territoire bat des records alarmants tant sur la question du chômage que sur celle de la pauvreté. Ces inégalités et ces problèmes nous gangrènent et impactent notre lien social. Encore plus dans ces quartiers où les inégalités sont importantes. Aussi, je souhaite que l’on expérimente d’autres pistes pour se faire entendre. Dans tous les cas, la violence, les casses, les incendies à l’égard des équipements publics, ne peuvent être utilisés pour déclamer son mal être. Cette souffrance a été entendue, et ce depuis plusieurs années. La ville de Saint-Denis a apporté les solutions qu’elle pouvait. Mais, à elle seule, il lui est impossible d’y répondre intégralement.