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Au lendemain du 1er tour, les premières leçons à tirer…

Si chaque élection amène son lot de confirmations on peut dire que l’on a été gâté avec ce premier tour des municipales. La première qui s’impose c’est qu’en politique, comme ailleurs, quand on est mort on est bien mort. Et c’est la situation du PCR. Voilà un parti qui n’existe plus, mais qu’un quarteron, pour […]

Ecrit par Eliard de Laleu – le lundi 24 mars 2014 à 06H23

Si chaque élection amène son lot de confirmations on peut dire que l’on a été gâté avec ce premier tour des municipales.

La première qui s’impose c’est qu’en politique, comme ailleurs, quand on est mort on est bien mort. Et c’est la situation du PCR. Voilà un parti qui n’existe plus, mais qu’un quarteron, pour reprendre ce terme fameux du général de Gaulle, de secrétaires généraux a décidé de donner le change. Trois d’entre-eux ont conduit des listes à ces municipales. Seul l’un d’entre-eux, Maurice Gironcel, maire sortant, fait un score honorable à Sainte-Suzanne. 

Les deux autres sont humiliés par les électeurs. Fabrice Hoarau, candidat qui conduit une liste à Saint-Louis, commune où son père est maire sortant, n’arrive qu’en quatrième position ! Quant à Ary Yee Chong Tchi Kan qui tire la liste communiste à Saint-Paul,  il plafonne à 1,51%, devançant la liste, conduite par une parfaite inconnue, d’un centième de pour cent ! On peut dès lors comprendre que le 4ème membre de ce quarteron ait choisi de ne conduire aucune liste.

Si on ajoute à cela la situation au Port et à la Possession, communes communistes sans discontinuité depuis 1971, le tableau est saisissant. Dans ces deux communes les listes communistes, avec de surcroit à la Possession, un géronte brejnévien, candidat à son huitième mandat, en ballottage très défavorable, ont toutes les chances d’être battues dimanche prochain.

Vira, TAK, Sini… Le retour des dinosaures

La deuxième confirmation que nous livrent ces élections c’est, qu’à l’inverse de la précédente, tant qu’on n’est pas mort, on est vivant. En politique, comme ailleurs, on peut être couvert de cicatrices, avoir des balafres quelquefois, on peut même être cabossé, mais l’essentiel est d’être vivant car là l’espoir est permis. Ainsi va Jean-Paul Virapoullé qui, pour trois dizaines de voix, devra patienter encore une semaine avant de reprendre la mairie de Saint-André. Quel exploit pour lui !  Quel espoir pour les perdants de ce soir. 

Il y a aussi son compère TAK qui a fait ses comptes. Venu en politique comme JPV, il y a plus de 40 ans, et au sein de la même organisation l’UJP, dont les générations entières, on peut les comprendre, doivent tout ignorer de la définition, « Union des Jeunes pour le Progrès », TAK piaffe de retrouver « sa mairie ».  Bien évidemment, c’est aussi ce que doit se dire Joseph Sinimalé, le plus cabossé des trois, qui était déjà convaincu, avant que d’aucuns le lui disent, que Saint-Paul est « à lui ». C’est aussi sans doute la situation de René-Paul Victoria à Saint-Denis, désireux de retrouver une mairie, tant il est convaincu, que s’il l’a perdue, c’est à cause de la traitrise dont il a été victime. Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir et tant qu’il y a de l’espoir le mandat à reconquérir est possible.

Quant à la troisième confirmation elle est toute entière dans l’axiome attribuée à Guy Mollet, ce Secrétaire Général de la SFIO, l’ancêtre du PS, Président du Conseil sous la Quatrième République. Selon Guy Mollet « Au premier tour on choisit, au second on élimine ». Voilà un postulat que les candidats conduisant des listes au second tour devraient méditer tant, avec les dimensions haineuses des duels qui s’annoncent dans de nombreuses communes,  toutes les combinaisons sont possibles, fussent-elles au détriment de la clarté, de la logique,  comme de la raison.

Quatrième confirmation quand on voit un premier secrétaire du Parti socialiste ignorer dans ses appels à la mobilisation pour le second tour,  à la télévision, La Plaine des Palmistes, dont le maire sortant, candidat à sa succession, est un membre de son parti, on ne peut qu’en déduire  que la politique est un métier !

Au soir du premier tour, « les droites » ont l’avantage

Ajoutons enfin comme ultime confirmation qu’une visite ministérielle ne sert pas forcément un candidat surtout quand la politique du gouvernement, dont  le ministre  est membre, est si décriée et que de surcroit  le candidat s’est plu localement à être le zélé relais de cette politique. A Saint- Benoit, comme Tampon,  certains en sont peut-être convaincus ce soir. 

 Arrêtons-là cette liste qui pourrait être prolongée aussi n’insistons sur ce pauvre Eric Fruteau qui, après avoir sérieusement entaché son image en positionnant son épouse, a perdu, ce qui était une certitude dés le départ, la municipalité qu’il dirigeait.

 Et si au soir du premier tour, « les » droites ont l’avantage il est encore trop tôt pour savoir autour de qui sa réorganisation s’opérera pour les années à venir. Didier Robert sait dès ce soir qu’il devra compter pour l’avenir avec le binôme  Jean- Paul Virapoullé – Nassimah Dindar.  Le président du Conseil Régional a –t-il les moyens d’y rajouter TAK ? Et bien aventureux serait le président d’ Objectif Réunion, s’il intégrait comme allant de soi à ses calculs, un Sinimalé victorieux à Saint-Paul. C’est là qu’on voit que le postulat de Guy Mollet trouve parmi les « droites » un vaste terrain d’application.  Un raisonnement qui s’applique également aux néo –communistes.

Le PS au second tour, le PCR continue à péricliter

En effet on ne prend aucun risque en écrivant que Pierre Vergès ne doit pas être ce soir véritablement affecté  par la situation de Fabrice Hoarau, ni celle d’Ary Yee Chong Tchi Kan, ni la semaine prochaine par ce qui pourrait se produire au Port et à la Possession. Les dernières pelletées de terre que les électeurs devraient envoyer sur le cercueil de son ancien parti ne risquent pas de laisser Pierre Vergés inconsolable.  Et si à cela venait s’ajouter dimanche prochain la défaite d’Huguette Bello, voilà qui rajouterait au bonheur de Pierre Vergès et faciliterait la stratégie de recours qu’il cherche à mettre en œuvre   depuis quelque temps. Sans réélection d’Huguette Bello, le PLR n’a guère d’avenir quand bien même ce parti emporterait Le Port, voire Sainte- Suzanne. Le résultat des municipales de Saint- Paul va être déterminant pour ce qui se trame dans cette partie de l’échiquier politique.

Du côté des socialistes enfin, ceux du « Progrès » comme ceux du clan Annette, là aussi l’axiome de Guy Mollet trouve application. L’échec du frère de Gilbert Annette à Sainte-Marie n’a pas dû vraiment mortifier beaucoup de membres du « Progrès ». Si cet échec devait préfigurer celui du maire sortant à Saint-Denis gageons que de nombreux socialistes trouveront vite à se consoler. Et symétriquement l’échec déjà acquis de Jean-Jacques Vlody au Tampon n’a pas du faire que des malheureux du côté du clan Annette. Dimanche, la famille Annette peut tout perdre, sauf si une partie de  ses adversaires préfère son élection que celle d’un des leurs. En politique invraisemblable n’a pas forcément pour synonyme improbable.

Quant à Thierry Robert, il entend être le joker. De qui ? Qu’importe ! Feu le PCR à Bras-Panon, Sinimalé à Saint-Paul, l’essentiel c’est que son allié du moment ait dans son jeu des cartes susceptibles d’amener plus loin le député-maire de Saint-Leu. Ce qu’en bon communiquant Thierry Robert a le bon goût d’appeler « La Politique Autrement ». 

C’est Raymond Barre qui disait que pour une recomposition s’opère encore faut-il que la décomposition aille son terme. Nous y sommes presque. C’est donc une semaine riche en événements qui s’annonce tant nombreux sont ceux, en première ligne, comme en coulisse, qui jouent gros et pour longtemps.  A dimanche prochain pour voir comment  les dernières inconnues ont été solutionnées.

 

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