Il y a encore une quinzaine d’années, il était possible de soigner la leptospirose à La Réunion. Encore fallait-il savoir que le patient avait contracté cette maladie. Les analyses étaient envoyées en métropole et pouvaient mettre 3 semaines à revenir, malheureusement bien trop tard pour certains patients. Depuis 2009 et l’inauguration du CYROI, qui accueille en son sein l’UMR-PIMIT, cette triste période est désormais révolue.
Ce laboratoire de 4 500m2, créé par l’Université de La Réunion, le CHU et la CINOR, anime et développe une plateforme pluridisciplinaire en santé et biotechnologies. Ainsi des maladies infectieuses telles que la leptospirose ou le chikungunya peuvent être analysées.
Mais les chercheurs ont su également répondre très rapidement au défi que La Réunion doit affronter cette année : le variant 501. V2 du SARS-Cov-2, appelé également variant sud-africain de la Covid. « Ce laboratoire nous permet une connaissance accrue sur le territoire et d’avoir des résultats immédiats. Grâce à cela, nous avons une connaissance de la réalité sur le terrain et nous pouvons mettre en place des mesures adaptées » confiait Jacques Billant, le préfet de La Réunion, à la sortie de sa visite du laboratoire.
Depuis lundi 18 janvier, le CYROI peut séquencer le variant sud-africain qui ne peut pas être détecté par un simple test PCR. Pour séquencer le variant, l’ARN, Acide nucléique essentiel dans le transport du message génétique et la synthèse des protéines, doit être traduite en séquences ADN amplifiées. Pour cela, un tout petit boîtier va pouvoir effectuer ce travail en moins de 36h. 23 ADN peuvent être séquencés en même temps explique David Wilkinson, chercheur en postdoctorat au CYROI.
« Il se trouve que, compte tenu de l’évolution virale et de l’impact au niveau mondial de l’apparition de variants, on a recherché la possibilité que La Réunion elle-même puisse avoir les capacités de séquençage pour une réponse rapide. C’est une épidémiologie en temps réel » souligne le docteur Patrick Mavingui, directeur de l’UMR-PIMIT. Ce dernier indique que son unité a dû adapter sa stratégie de dépistage pour permettre aux autorités d’agir en conséquence. « C’est notre fonction : être prêts à réagir sur des sollicitations immédiates » précise-t-il.
Le travail des 160 personnels du Cyclotron Réunion Océan Indien (CYROI) et de l’UMR-PIMIT permettent ainsi à l’île de ne pas être dépendante de la métropole, comme ce fut le cas lors d’épidémies dans le passé.