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Atteint par la Covid-19 depuis 2 semaines, Mika raconte son calvaire

Un dionysien de 38 ans a été contaminé par le Coronavirus lors d’un déjeuner dans un restaurant de l’île. Les jours suivants, il apprend qu’il est un cas contact après l’appel de l’ARS. 1m88, 78kg, Mika* est actif, sans problème de santé particulier, pourtant il a contracté le virus avec l’apparition des premiers symptômes « frissons, fatigue, migraine », le week-end du 22 janvier. Ce n’est que le 2 février qu’il trouve la force de sortir de son silence et nous partage « son parcours du combattant » qu’il endure depuis des jours.

Ecrit par zinfos974 – le jeudi 04 février 2021 à 11H28

Tout commence par un coup de fil de l’ARS

Tout commence le 22 janvier, en revenant du Pas de Bellecombe du Piton de la Fournaise après 5 heures de marche, un coup de fil de l ‘ARS m’annonce que je suis un cas contact. Les consignes sont très claires, faire le test PCR au plus vite et rentrer chez soi et s’isoler.

Arrêt à la Nordev en début d’après-midi pour effectuer le test, l’accueil est sympa mais je reste surpris par le manque de gestes barrières, des masques mal portés, aucun lavage des mains après être sorti griller une clope pour certains agents, et deux stylos pour remplir les fiches qui passent de main en main sans aucune désinfection.

Le test se passe rapidement, bien que désagréable il ne provoque absolument aucune douleur. Mon cas est noté prioritaire et on m’explique que les résultats seront envoyés dans la soirée.

Le verdict tombe : Mika est positif à la Covid

Retour chez moi, il est maintenant temps de s’organiser car positif ou pas, une période d’isolement d’une semaine est à respecter. Ayant la chance de vivre dans le centre ville et d’avoir mes proches à proximité, les courses et les petits besoins du quotidien sont assurés.  L’ARS me fait parvenir un document justifiant mon isolement et permettant de faire une demande de télétravail pour les salariés.

Arrive enfin le moment des résultats, il est presque 22h quand un sms m’indique que mes résultats sont en ligne. Une fois mon identifiant et le mot de passe entrés, le verdict tombe, je suis positif. La poitrine qui se serre et le cœur qui accélère au moment de la lecture du résultat me font prendre conscience qu’il me faut faire la différence entre les vrais symptômes et ceux provoqués par la nouvelle.

Premiers symptômes 

Le premier week-end du 23/24 janvier se passe relativement bien. Pas de symptôme important à part la fatigue qui commence à se faire sentir et des douleurs dans toutes les articulations. L’ARS me contacte le samedi afin de me donner les consignes à suivre et me proposer un infirmier, une aide pour faire les courses et un soutien psychologique. On me précise de vraiment respecter les règles d’isolement car la bonne foi de chacun est aujourd’hui la seule arme.

Le premier symptôme à s’installer durablement est la fatigue. Une fatigue constante qui rend chaque geste pénible et qui oblige à se poser. N’étant pas un gros dormeur, je me surprend à dormir 12h de suite et à refaire des siestes la journée. Les jours qui suivent sont exactement les mêmes avec de nouveaux symptômes. La perte totale de l’odorat et du goût. Une tête constamment lourde et des poussées de fièvre plusieurs fois par jour.

Les journées sont réglées avec les prises de Doliprane, seul remède proposé. La perte du goût et de l’odorat, c’est très difficile à gérer. Le cerveau reconnaît les aliments par la texture et s’imagine un goût. Mais en réalité je n’ai absolument aucun goût dans la bouche. Le café du matin, ni odeur ni saveur et ne me réveille pas malgré les efforts de mes proches qui se donnent beaucoup de mal pour me réaliser des plats goûteux. Je n’y vois aucune différence. Ni les fruits, ni les caris, ni les tisanes citron-miel ne me donnent envie.  Je n’ai plus de goût et plus d’odorat. Le pire c’est que mes différentes lectures me font prendre conscience que cela peut durer des mois même après la guérison. Manger est devenu une corvée. Je ne sais jamais si je vais digérer ou pas. Je décide alors de changer mon alimentation et de manger plusieurs fois en petite quantité. Le seul but de la manœuvre et d’avoir suffisamment d’énergie pour passer à la journée suivante.

Une perte de 6 kg dès la première semaine

Psychologiquement cela devient difficile, l’isolement total commence à influencer le moral. S’ajoute à ça, une incapacité à rester concentrer sur une activité. Le manque d’énergie,  la solitude et les doutes concernant le virus rendent les journées interminables et sans buts.

Côte physique, les traces sont visibles. La balance affiche 6 kg de moins en une semaine, mon visage est marqué et un nouveau symptôme fait son apparition : ma langue est toute blanche recouverte d’une pâte blanche. C’est très désagréable et ça laisse en bouche un goût de « fièvre »  et une constante envie de cracher voir même vomir.

Les appels s’enchaînent et les messages se comptent par dizaines. J’essaie de garder une vie sociale et de me projeter sur du positif.

8 jours après, toujours positif 

Arrive enfin la date du 30 Janvier. Je reçois un texto de l’ARS qui m’explique que si je n’ai plus de symptômes ma période d’isolement est terminée. Mais les symptômes sont toujours là, je décide de faire un 2ème test. La journée se passe et j’espère vraiment qu’il reviendra négatif. Je pourrais enfin reprendre une vie normale sa semaine qui suit.

19h30, texto reçu, les résultats sont en ligne. Positif de nouveau. Mon moral en prend un coup. C’est le moment de prévenir tout le monde. C’est aussi à ce moment que tu comprends que le regard des gens change sur toi. Par le balcon de chez moi, je vois des amis sur le trottoir d’en face qui en me regardant ont un pas de recul. Oui, ce virus fait peur. Nous qui nous nous pensions invincibles face à ce virus réalisons que personne n’est à l’abri.

 

38 ans, 1m 88, 78 kg en bonne santé et pourtant le virus est là

 Je vois chaque jour sur les réseaux tous les commentaires sans réflexion appelant à la désobéissance.  Des commentaires qui banalisent le virus. Je dois avouer que je pensais la même chose au début  jusqu’à ce que je sois moi-même atteint. J’aimerais aujourd’hui répondre à toutes ces personnes en leur disant que ce n’est pas une blague ou un mauvais film. Le virus est vraiment là et je sais pour ma part qu’il y aura un avant et un après Covid.

Pas de bonne foi, ni de civisme de la part de certains voyageurs

Néanmoins, j’ai été le témoin d’une scène assez choquante. Des voyageurs qui faisaient comme moi le test expliquant très tranquillement que même s’ils étaient positifs, ils voyageront quand même. Ces mêmes personnes expliquent qu’ils sont venus à La Réunion sans faire de test mais juste en changeant le nom sur un test négatif pris sur internet. Que nombreux sont ceux qui le font et qu’il n’y a aucune transmission de données entre l’ARS et les compagnies aériennes. Je décide de garder contact via les réseaux avec un des voyageurs. Effectivement, il est parti le soir même alors que les résultats de son test n’étaient pas encore connus. Il m’explique qu’il a changé sur son iPad la date de son faux test de l’allée. Arrivé à Paris le lendemain, il m’écrit pour me dire que son test est positif.

J’ai du mal à comprendre comment cela est possible. Comment des gens ne sont pas suivis et peuvent à leur guise prendre l’avion et mettre des personnes en danger ? Tout cela ressemble à une mauvaise farce. Je décide d’appeler l’ARS le lendemain qui me confirme qu’il n’y a pas d’échange de données à cause du secret médical. Ne sommes-nous pas en pandémie ? Le but n’est-il pas de protéger les gens des inconscients ? Allons-nous traîner ce virus encore des mois voire des années par la faute d’une poignée d’irresponsables qui ne respectent rien ?

Cet épisode m’a beaucoup choqué et me rend très pessimiste sur la fin de ce fléau.
 

 

Optimiste et pourtant non contagieux

Je suis aujourd’hui positif mais considéré comme non contagieux. J’ai malgré tout décidé de rester isolé jusqu’à l’obtention d’un test négatif prouvant ma guérison. Comment est-ce possible avec autant d’incertitudes de recommencer à fréquenter mes proches ? Je prends mon mal en patience en essayant de mettre à profit ses longues heures de solitude.

Au moment où j’écris, je suis dans l’attente des résultats de mon troisième test. Je suis optimiste et j’espère qu’il sera négatif mais malgré tout je sens que je vais mettre un peu de temps à retrouver toutes mes capacités physiques, à me débarrasser de cette fatigue constante et à retrouver le goût et l’odorat.

Cette période de notre vie ressemble à un scénario de film. Mais c’est malheureusement la réalité et nous devons ensemble mener bataille. Je vous en conjure pour vos proches mais avant tout pour vous-même quel que soit votre âge, respectez les consignes, les gestes barrières, faisons en sorte qu’ensemble, ce virus soit un simple souvenir le plus tôt possible.

Le test est tombé hier, Mika est toujours positif au virus et doit se contraindre à rester cloîtrer dans son appartement. Il doit refaire le test d’ici quelques jours… Souhaitons lui de se rétablir très vite et de retrouver les kilos perdus injustement

 

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