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Atidamba : Des descendants d’esclaves d’origine malgache veulent un sanctuaire

Réparer, rendre hommage, transmettre. Atidamba célèbre la mémoire et les ancêtres pour la 16ème fois au Camp Marron Dimitile à l’Entre-Deux ce dimanche 15 décembre. Une cérémonie religieuse et culturelle, "action phare", créée pour investir l’espace public. Etre visible, pour l’association Miaro, est une réponse face aux enjeux mémoriels mais aussi sociaux auxquels sont confrontés les descendants d'esclaves.

Ecrit par zinfos974 – le vendredi 13 décembre 2019 à 10H53

171 ans après l’abolition de l’esclavage, l’heure n’est plus seulement à la pratique de la religion malgache « en misouk dann un ti boukan dann fon la kour ».

Pour l’association Miaro, en complément des servis familiaux, les multiples apports malgaches à travers l’histoire de l’île dans la société réunionnaise « nécessitent d’être sauvegardés et valorisés », défend Honoré Rabesahala, président de l’association. « Les premiers enfants nés à La Réunion sont sortis du ventre d’une femme malgache et les premiers marrons étaient malgaches ».

Atidamba (qui signifie littéralement en malgache apport, remise, tissu, étoffe) sonne donc pour que la mémoire des marrons et des ancêtres afro-malgaches soit célébrée.

Créée en 2003, Miaro (mot d’origine malgache qui signifie à la fois défendre, être mélangé et rencontrer l’autre) entend, en compagnie de l’association Capitaine Dimitile et Zangoun Servis, par cette cérémonie et la remise d’un nouveau lambe sur une stèle de pierre représentant les chefs marrons, réparer l’absence de rites funéraires alors que « hommes, femmes et enfants ont été poursuivis et abattus par les chasseurs. Souvent mutilés, jetés dans les ravines, ils n’ont pas eu d’ancestralisation ».  

« Au niveau des autres religions »

À pied ou en 4×4, les pèlerins viennent au sommet de la montagne dans un moment solennel et symbolique rendre hommage collectivement. Tous ceux qui se revendiquent de l’ancestralité malgache et « l’ensemble des Réunionnais », ajoute Honoré Rabesahala, sont invités à « se tenir debout, mijoro, c’est le message des Ancêtres ». Les marrons sont érigés en exemple. Un rapport étroit avec la nature et le culte des ancêtres constituent entre autres les bases de la religion malgache.

Les enjeux sont importants pour ces militants, « défendre, sauvegarder, transmettre, valoriser, pérenniser l’identité plurielle réunionnaise créole avec ses multiples apports malgaches », soutient Honoré Rabesahala. À côté des recherches et réflexions, Atidamba se veut ainsi « une action phare de l’année ». Des milliers de personnes font chaque année le déplacement depuis la première édition en 2004. 

L’association veut aller plus loin dans son expression dans l’espace public et demande à ce qu’un lieu accessible à tous, « un sanctuaire » leur soit attribué. Un espace d’expression collectif, public et cultuel dédié à l’ancestralité « pour nous mettre au niveau des autres religions ».

​ »Nous voulons montrer que nous sommes là, ne plus avoir honte, dire qui nous sommes »

« Le religieux et le culturel sont indéniablement liés à La Réunion. Nous avons le Dipavali, l’Aïd El-Fitr…l’imbrication n’est pas évidente au regard de la loi, pour autant elle prend place dans l’espace public », revendique Honoré Rabesahala.

« Nous voulons montrer que nous sommes là, ne plus avoir honte, dire qui nous sommes », précise Maryline. La transmission de l’ancestralité malgache et ses valeurs n’est pas évidente confie cette officiante et membre de Miaro. « Malgré les années, elles restent un sujet tabou et même de discorde au sein de certaines familles ». L’associatif vient renouer les liens. « Si ce n’est pas nous qui le faisons alors ce sera qui? »

L’association veut apporter sa pierre à l’édifice. Elle compte prochainement déposer des dossiers dans les différentes collectivités et en appelle ainsi au pouvoir politique.

« Nous voulons nous inscrire, poussés dans une volonté politique, dans l’ensemble du corps social réunionnais », interpelle Honoré Rabesahala. « Les gens ont besoin de se réapproprier leur propre histoire et identité, et la réaffirmer ».

 

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