C’est un témoignage rempli d’émotions que l’audience de la cour d’Assises vient d’entendre. L’évasion de Juliano Verbard et de deux ses détenus s’est déroulée dans une atmosphère très stressante, les trois complices à bord de l’hélicoptère ayant tout fait pour que l’évasion aboutisse… quitte à en perdre la vie.
Yann Morvan, le pilote, raconte. Au moment de partir accompagné d’un mécanicien, trois personnes arrivent au lieu de six prévues à l’origine. Il semble qu’elles portent des perruques, le pilote le remarque sans aller plus loin dans sa réflexion. Pendant le vol, il sent comme un ralé-poussé à l’arrière de l’hélicoptère. C’est le mécanicien qui se débat, menacé à l’arme blanche.
Le pilote réalise alors que les casques sont débranchés, il ne peut ni donner l’alerte, ni parler avec les autres occupants de l’engin. Forcé de hurler pour se faire entendre, Yann Morvan tente de calmer tous les protagonistes et assure qu’il va suivre les ordres donnés. Lui et son mécanicien sont apergés d’essence et l’un des preneurs d’otage les menace, un briquet à la main. « Nous n’avons pas peur de mourir« , lancera-t-il.
« Les pales étaient à 20cm du mur«
Yann Morvan pense d’abord devoir se rendre à la prison du Port. Mais on lui demande de prendre la direction de Saint-Denis… Le pilote croit à un attentat-suicide et décide d’aller se crasher sur les lignes à haute tension pensant ainsi éviter des dommages collatéraux. A la barre, alors qu’il raconte son calvaire, Yann Morvan se met à pleurer.
Quelques secondes avant de passer à l’acte, on lui demande de se rendre à la prison de Domenjod. L’un des preneurs d’otage hurle dans un téléphone : « On arrive« . Yann Morvan se trompe de cour, on l’avait prévenu un peu plus tôt, il reçoit un coup de crosse. Dans la cour, l’étroitesse des murs est surprenante.
« Les pales étaient à 20cm du mur« , explique-t-il. Yann Morvan est pilote depuis 27 ans, il a notamment travaillé pour l’armée, son expérience est un facteur déterminant dans la gestion de l’engin à ce moment précis. Il repart avec désormais sept personnes à bord. La surcharge est réelle mais Yann Morvan décide de l’utiliser comme un argument de poids.
Aucune question de la Défense
Il simule une panne due à la surcharge et effectue un vol particulièrement inquiétant pour des novices. Lui, maîtrise parfaitement ce type d’exercice. Une fois posé, il recevra un coup de crosse par l’un des preneurs d’otage qui ne parvenait pas à se défaire de son harnais de sécurité. Le pilote préviendra aussitôt la tour de contrôle de Gillot.
A la barre, Yann Morvan dit pouvoir identifier Guillaume Maillot comme la personne qui lui donne un premier coup de crosse au niveau de Mafate. Jean René Gens serait celui qui avait le bidon d’essence en sa possession. Enfin, Rodolphe Cadet aurait été celui qui menaçait avec un revolver.
Me Normand, avocat de Juliano Verbard, a montré son étonnement de voir qu’aucun avocat de la Défense ne profitait du déplacement du pilote pour lui poser des questions. Yann Morvan a quitté l’Equateur précipitamment pour témoigner à l’occasion de ce procès.
Désormais, aux accusés de passer à la barre et de s’expliquer sur les événements. Graziella Michel, qui affirme n’avoir jamais sû qu’une évasion se préparait, devra s’expliquer sur son rôle présumé prédominant dans la logistique de cette évasion.