Graziella Michel a fondu en larmes à la barre. C’est chez elle, soeur de Fabrice Michel et fille d’Alexin Michel, que les documents concernant la logistique de l’évasion ont été retrouvés. Elle est considérée comme la « secrétaire » de la communauté.
Elle affirme avoir compris, à sa sortie de prison, qu’on l’avait trompée. Elle avait intégré le groupe de prières avec ses parents, elle priait et retrouvait des jeunes de son âge. Elle y a connu son mari aussi, l’un des frères Daleton.
Mère de trois filles (6 ans, 6 ans et 18 mois), Graziella Michel affirme aujourd’hui en vouloir à ses parents : « J’en veux à mes parents, c’est eux qui m’ont entrainé là dedans, dans le groupe de prières« .
René Gens et Rodolphe Cadet tiennent un discours similaire. Dans ce procès, la cour est le témoin d’un revirement d’attitude où chaque personne proche de Juliano Verbard affirme s’être éloignée du groupe. « A l’époque j’étais proche de la secte. Mais depuis la lettre que Verbard m’a envoyée, j’ai arrêté les groupes de prières« , explique Rodolphe Cadet, l’un des trois preneurs d’otage présents dans l’hélicoptère.
« Je demande pardon »
Il poursuit sur son passé : « J’ai toujours été très pratiquant avec ma famille. J’ai rencontré Juliano par hasard, il disait bien la prière. Il me fascinait. Je l’ai présenté dans mon groupe qui a décidé de faire de lui un évêque. Pour moi, il fallait alors le défendre, j’étais comme un gardien« .
Quand Juliano Verbard a été arrêté pour viol, « je n’y ai pas cru. J’ai maintenu ma fidélité« , souligne-t-il. Ce n’est que lorsque Juliano lui-même explique sa responsabilité dans une lettre qu’il envoie à tous les membres que Rodolphe Cadet se pose alors des questions: « Il se discréditait, j’ai alors tout remis en cause, lui et l’ordre de Saint-Chardel », communauté d’inspiration chrétienne apocalyptique, dont le sulfureux gourou est William Kamm alias « Petit caillou ».
Pour la première fois, Rodolphe Cadet exprime son regret : « Je regrette, je demande pardon« . A la question du président de la cour, « estimez-vous avoir agi comme un fanatique?« , le jeune homme répond après quelques secondes de silence : « Aujourd’hui je dois le dire, j’ai agi comme un fanatique mais dans les limites de la peur. Je n’aurai jamais fait de mal à quelqu’un« .
Demain après-midi, Monseigneur Aubry témoignera à son tour.