Les travaux se sont ouverts par les discours de Marie-Luce Penchard, secrétaire d’Etat chargée de l’Outre-mer, et de Patrick Karam, délégué interministériel pour l’égalité des chances des Français d’Outre-mer. Ce dernier a rappelé son souhait que les ultramarins soient un jour enfin considérés comme des français à part entière et non comme français complètement à part, reprenant a contrario une citation d’Aimé Césaire. La ministre, quant à elle, a précisé les points qui lui tenaient plus particulièrement à cœur, notamment celui de voir les Outre-mer passer d’une économie d’assistanat à une économie de production. Elle a également évoqué l’importance à ses yeux du développement durable de l’Outre-mer grâce à une politique « d’écocroissance », et la nécessité d’instaurer une relation « gagnant/gagnant » entre les Outre-mer et les pays qui les entourent.
Des questions et quelques réponses…
L’échange était organisé en deux temps, sous forme de deux tables rondes. Chacune correspondait à des thèmes généraux englobant divers sujets.
Lors de la première partie, il a été question de l’atout géostratégique de l’Outre-mer pour la France et l’Europe. A cette occasion, ont été abordées les problématiques liées aux identités, aux institutions et aux coopérations. La question des institutions a été rapidement balayée, le député réunionnais Didier Robert estimant d’ailleurs qu’elle ne se posait plus, au moins pour la Réunion.
Celle de l’identité a, en revanche, fait débat plus longuement. Comment la respecter au mieux lorsque dans un même archipel on peut parler jusqu’à cinq langues différentes ? Comment appliquer des solutions audacieuses et adaptées à chaque collectivité alors que les métropolitains connaissent mal l’Outre-mer ? Que faire pour que le regard des métropolitains à l’égard des ultramarins change ? Autant d’interrogations auxquels invités, comme intervenants, ont tenté de répondre.
Ainsi ont pu émerger quelques solutions parmi lesquelles revoir les programmes scolaires ou encore, faire en sorte que la ministre de l’Outre-mer soit systématiquement accompagnée de métropolitains lors de ses déplacements en Outre-mer. Concernant la coopération, il a été proposé de dispenser les Outre-mer des règles parfois trop contraignantes imposées par les Traités en matière d’échanges internationaux.
La Réunion fait valoir son avance écologique
La seconde partie s’est portée sur le développement durable. Comment protéger la biodiversité tout en se développant économiquement ? Comment parvenir à un développement endogène ? Et la culture dans tout cela ? Cette seconde table ronde a aussi été l’occasion, pour les réunionnais, de mettre en avant les atouts de l’île en ce domaine. François Caillé a rappelé l’objectif de la Réunion de devenir autonome en énergie à l’horizon 2030 et les énormes progrès économiques qu’elle a effectué ces dernières années. Il a toutefois fait comprendre que pour continuer dans cette voie, le département aurait besoin de soutiens financiers.
Là encore, les remarques et idées ont été nombreuses, chacun tentant d’apporter sa pierre à l’édifice et de réfléchir ensemble, à des solutions spécifiques. Pourquoi, par exemple, ne pas fédérer le tourisme, créer un district ultramarin transmaritime comme l’a proposé Marc-Philippe Daubresse, député du Nord ?
…mais beaucoup de travail à accomplir encore
Cependant le bilan de ces assises reste mitigé, les uns étant frustrés par une trop grande place accordée à la Réunion, les autres, comme le député de Seine Saint-Denis Eric Raoult, restant simplement sur leur faim. C’est pourquoi Jean-François Copé a proposé de fixer une feuille de route, de « réfléchir à des points qui peuvent rassembler tout en sauvegardant ce qui fait la diversité ». Par ailleurs il a insisté pour que l’ensemble de la population cessent de fonctionner sur des systèmes anciens et moralisateurs qui « n’amènent qu’à des tensions ». Le Président de l’Assemblée, Bernard Accoyer, a conclu, après avoir remercié les parlementaires, qu’il faudra poursuivre le travail par thèmes.