Ce vendredi s’est ouvert le procès de Sidony Patrick Sarquet, accusé d’avoir tué sa compagne, Nadia Hullard, dans la nuit du 19 au 20 octobre 2011. La victime avait été retrouvée morte dans son lit après que l’auteur du meurtre lui-même ait donné l’alerte. C’est Me Saïd Larifou qui défend le mis en cause, Me Jean-Jacques Morel représente les parties civiles.
Il a été rappelé ce matin que Nadia Hullard, cadette d’une fratrie de six enfants, a souffert d’un manque affectif maternel. Mariée pendant 18 ans, deux enfants naîtront de cette union. Quand son mari la quitte pour une autre, son univers bascule. Elle se réfugie dans l’alcool. Ses prochaines relations amoureuses, notamment celle avec Sidony Patrick Sarquet, ne sont pas de tout repos. Nadia Hullard subit les coups de ses compagnons.
La nuit du 19 au 20 octobre 2011, l’accusé explique que Nadia Hullard l’avait mis en colère car elle était rentrée vers 20 heures et ne voulait pas dire où elle était. Il admet alors lui avoir mis des « gifles » qui l’auraient fait tomber. Il l’aurait alors couchée sur son lit après avoir eu un rapport sexuel consenti sur le canapé. Selon une autre version, il se serait en fait masturbé à côté de la victime.
« J’ai dit toute la vérité à moins qu’il y ait un autre élément »
Lors de son interpellation, Sidony Patrick Sarquet avait 2,60g d’alcool par litre de sang. Nadia Hullard en avait 3,15. A la barre, l’ex-compagne de l’accusé le décrit comme un homme « très violent« .
Mme Rivière, brigadier en chef, chargée de l’enquête, explique que les faits relatés par l’accusé lors de sa garde à vue n’ont fait qu’évoluer, laissant entrevoir plusieurs incohérences dans ses propos. « Une phrase en fin d’audition résumera bien la situation: ‘C’est bon, j’ai dit toute la vérité à moins qu’il y ait un autre élément’, lancera-t-il« , relate Mme Rivière.
Pour le médecin légiste, la victime est décédée des suites d’une chute ayant entraîné un oedème important du cervelet et du tronc cérébral. La victime présentait également plusieurs hématomes sans doute causés par des coups de poing, voire un objet contondant. L’expert n’a cependant pas pu déterminer si la victime est morte sur le coup ou après plusieurs heures d’agonie. Me Morel questionne: « Dans le cas où elle ne serait pas morte sur le coup, une intervention rapide des secours aurait-elle pu la sauver? » Le légiste répond : « Oui« .
« Ce n’est pas vraiment de ma faute, si elle n’était pas rentrée tard, ça ne serait pas arrivé«
Le témoignage à la barre de l’accusé est consternant. L’accusé reconnaît qu’il battait sa compagne mais « pas tous les jours!« , s’exclame-t-il. « Elle avait parfois un oeil au beurre noir ou la lèvre éclatée…« , précise-t-il. Le président du tribunal rapporte qu’il aurait expliqué au juge d’instruction : « Ce n’est pas vraiment de ma faute, si elle n’était pas rentrée tard, ça ne serait pas arrivé« .
Autre point abordé : « Pourquoi vous êtes-vous masturbé? La femme que vous dites aimer est allongée, sanguinolante sur le lit et vous ne trouvez rien d’autre à faire que vous masturber?« , lance un brin provocateur le président du tribunal. Les réponses de l’accusé laissent perplexes. De même, il explique les traces d’étranglement au niveau du cou par le fait qu’en la relevant pour l’aider, il a dû « serrer trop fort« .
« Pourquoi ne pas avoir appelé les secours? Vous vous rendez compte qu’elle saigne abondamment puisque vous estimez devoir nettoyer« , interroge l’avocat général. Il répondra simplement qu’il n’avait pas de téléphone. Il poursuit: « Ca me fait mal au coeur de l’avoir tué, c’est triste« . L’avocat général l’interrompt : « Je ne vous ai pas vu verser une seule larme« . L’homme reprend : « Pour l’instant! »
Pour les faits de meurtre aggravé dont il doit répondre devant la cour d’Assises, Sidony Patrick Sarquet encourt la réclusion criminelle à perpétuité.