Lundi, s’est ouvert le premier procès de la première session de la cour d’Assises de Saint-Denis pour cette année 2014. David Posé comparait libre pour avoir donné la mort à Jérôme Gonneau.
Le 11 juillet 2010, Jérôme Gonneau, SDF de 36 ans, perd la vie sur la place François Mitterrand de Saint-Joseph. Très vite, la thèse du crime est privilégiée, la victime ayant une plaie à la tête. Des prélèvements sont effectués par les spécialistes de la brigade scientifique. Un ADN féminin est prélevé sur une cannette de bière et un caillou.
L’enquête est au point mort jusqu’au 24 avril 2014. Ce jour là, David Posé, 28 ans, alcoolisé, se présente à la gendarmerie après avoir pris soin de prévenir ses proches qu’il allait partir en prison. Il dit aux gendarmes qu’il a tué un SDF deux ans plus tôt.
Lors des auditions, il raconte avec détails comment il a jeté une cannette de bière sur Jérôme parce que celui-ci refusait de lui donner du rhum. Il confirme ses allégations devant le juge d’instruction. Incarcéré, c’est au bout d’un mois qu’il revient sur ses aveux. Comme alibi, il assure qu’au moment des faits, il était en fauteuil roulant suite à une opération des deux talons.
« C’est un effet qui a duré un mois ? »
A la barre, hier, David Posé est resté sur cette version. Il se dit innocent. Il aurait fait ses aveux sous « l’effet ». L’avocat général, Bruno Charve, s’en amuse : « C’est un effet qui a duré un mois ? »
Les témoins de ce dossier, des marginaux, ne se sont pas présentés. L’un d’eux, ami de Jérôme, auquel David Posé aurait avoué le crime, est considéré comme un témoi clé. Un mandat d’amener est délivré afin qu’il comparaisse ce matin.
En ce qui concerne les rétractations et l’alibi, si certaines personnes, notamment les infirmières qui lui prodiguaient des soins, affirment que David ne se servait plus de son fauteuil au moment des faits et qu’il avait enlevé ses plâtres, le médecin légiste a précisé qu’il était théoriquement impossible de marcher sans grande difficulté un mois après l’opération.
Pour l’expert psychologue, David Posé souffre de carences affectives et éducatives entrainant sa marginalisation et une indifférence à autrui. Il repère une dimension maniaque dans sa personnalité qui pourrait avoir un lien avec son auto-dénonciation. Pour les détails précis racontés lors des auditions et confortés par les constatations des enquêteurs, David Posé dit qu’il n’a fait que répéter des rumeurs entendues…
Les jurés, deux femmes et quatre hommes, devront déterminer si ce jeune homme est coupable ou innocent des faits de « violences ayant entrainé la mort sans intention de la donner », pour lesquels David Posé encours 20 ans de réclusion criminelle à perpétuité.
Le verdict est attendu en fin de journée.