Tu vois ! Le monde se divise en deux catégories. Il y a d’un côté les gens Pipi et de l’autre des gens Mimi. Les Pipis ne sont pas bien, plutôt moches, pas agréables du tout. Les Pipis prolifèrent. Ils sont de plus en plus nombreux. C’est sans doute une génération spontanée.
Les Pipis ne font attention à rien. « Ne jetez plus ! » Cause toujours, tu m’intéresses ! Nous on s’en fout, on fait ce que l’on veut puisqu’on est des Pipis, on est libre ! Et la démocratie alors ! Nous ne faisons rien de mal ! Eh oui ! L’innocent est coupable car il est capable du pire.
Les gens Mimis, rien à voir avec les autres, c’est différent, plutôt pas mal, bien même. En bonne logique à sa survie, le Mimi est un partisan du bon fonctionnement de l’écosystème. Il est bien dans sa tête. Observateur, la critique facile, à l’aise dans ses baskets. Il craint quand même pour lui et pour les autres aussi.
Le Mimi a le mal de terre sur la plage maculée de sachets, de gobelets en matière plastique, poussés vers le large avec la force de la houle innocente. Il est inquiet pour demain, de l’avenir de tous les petits Mimis nés après l’an 2000.
Quand un Mimi et un Pipi se rencontrent à la croisée du sentier, il y a de la gêne dans les regards, de l’incompréhension. La tension monte d’un cran et le malaise est palpable. Il y a de l’eau dans le gaz. Il suffirait de presque rien pour en venir aux mains.
Le gendarme ventru comme une potiche, est toujours indulgent vis-à-vis du Pipi qui fait caca un peu partout. Mais, il est intransigeant et sanctionne lourdement le Mimi qui cultive dans sa cour la fleur du mal sans produits chimiques. La plante doit être à la bonne hauteur, prête à la cueillette dans la rosée du matin à la belle saison chaude. Il était une fois deux mondes en révolution sur la planète bleue. Le riche monde indifférent qui en jette. Qui en jette au sale comme au figuré. L’autre agonise, il suffoque du manque de tout.
C’est du délire.
Gilles Bayet de la Ravine Blanche
