
Air Austral et l'avenir de La Réunion
Air Austral a été contrainte de fermer la liaison avec Chennai. Nous partageons la réaction légitime des passagers victimes. Nous soutenons les efforts du collectif dirigé par le Dr Chanemougam pour sauver la ligne. Mais il faut se rendre à l'évidence: Air Austral n'est plus un outil de développement de La Réunion.
Une décision brutale
Extrait du communiqué du 27 mars: «Air Austral est contrainte de suspendre ses opérations sur sa ligne Réunion-Chennai, pour laquelle elle n'a pas reçu les autorisations nécessaires de la part des autorités sur toute la saison IATA Été 2023 qui court du 27 mars au 29 octobre 2023». Les passagers et leurs proches sont paniqués. Des projets sont annulés. L'annonce qu'une dernière rotation est prévue le 29 mars donne l'impression que la compagnie a subi une catastrophe.
Nouvel extrait: "Air Austral transmettra très prochainement le dossier économique préparé à son autorité de tutelle, la Direction Générale de l'Aviation Civile (DGAC), afin d'envisager la réouverture et le maintien de cette destination dans son réseau. »
Tout juste pourrait-on relever un manque d'anticipation et d'absence de coordination. Le coup étant parti, pourquoi le délai d'instruction n'a-t-il pas joué en faveur du maintien temporaire?
Propos irresponsables
Il ne s'agit donc pas d'un dossier technique. Le dossier économique est discutable. Alors, pourquoi cette décision brutale? Tout s'apparente à un coup de semonce de l'autorité de tutelle qui a durement obtenu le sauvetage de la compagnie, sur la base d'engagements sérieux.
Explication: en visite à La Réunion en février, le secrétaire d'État Carenco expose son envie de voir Air Austral s'ouvrir vers Abu Dhabi. Les gens sont surpris car les conditions de consolidation de la compagnie prévoient de ne pas créer de nouvelles lignes. Mais surtout que l'individu n'en a discuté avec personne. Les propos sont dithyrambiques et incohérents.
La récupération politicienne indispose. D'aucuns pensent en coulisse à la fragilité de la situation et à la réaction des autorités de tutelle.
Air Austral a été contrainte de fermer la liaison avec Chennai. Nous partageons la réaction légitime des passagers victimes. Nous soutenons les efforts du collectif dirigé par le Dr Chanemougam pour sauver la ligne. Mais il faut se rendre à l'évidence: Air Austral n'est plus un outil de développement de La Réunion.
Une décision brutale
Extrait du communiqué du 27 mars: «Air Austral est contrainte de suspendre ses opérations sur sa ligne Réunion-Chennai, pour laquelle elle n'a pas reçu les autorisations nécessaires de la part des autorités sur toute la saison IATA Été 2023 qui court du 27 mars au 29 octobre 2023». Les passagers et leurs proches sont paniqués. Des projets sont annulés. L'annonce qu'une dernière rotation est prévue le 29 mars donne l'impression que la compagnie a subi une catastrophe.
Nouvel extrait: "Air Austral transmettra très prochainement le dossier économique préparé à son autorité de tutelle, la Direction Générale de l'Aviation Civile (DGAC), afin d'envisager la réouverture et le maintien de cette destination dans son réseau. »
Tout juste pourrait-on relever un manque d'anticipation et d'absence de coordination. Le coup étant parti, pourquoi le délai d'instruction n'a-t-il pas joué en faveur du maintien temporaire?
Propos irresponsables
Il ne s'agit donc pas d'un dossier technique. Le dossier économique est discutable. Alors, pourquoi cette décision brutale? Tout s'apparente à un coup de semonce de l'autorité de tutelle qui a durement obtenu le sauvetage de la compagnie, sur la base d'engagements sérieux.
Explication: en visite à La Réunion en février, le secrétaire d'État Carenco expose son envie de voir Air Austral s'ouvrir vers Abu Dhabi. Les gens sont surpris car les conditions de consolidation de la compagnie prévoient de ne pas créer de nouvelles lignes. Mais surtout que l'individu n'en a discuté avec personne. Les propos sont dithyrambiques et incohérents.
La récupération politicienne indispose. D'aucuns pensent en coulisse à la fragilité de la situation et à la réaction des autorités de tutelle.
Un outil de désenclavement
Air Austral est à l’origine un outil de désenclavement de La Réunion et d’ouverture au monde. C’est un pilier du projet de Développement Durable et Solidaire au profit des Réunionnaises et des Réunionnais. L’exploitation en propre d’une ligne vers Paris relève d’une opportunité. D’ailleurs, ses promoteurs avaient accordé à Air France près d’un tiers du capital de la compagnie. Par la suite, la compagnie nationale a osé réclamer la valorisation de ses parts et s’est retirée, plaçant la petite compagnie dans une concurrence frontale. Le défi a été relevé.
Une filiale a été créée pour conduire une solution d’innovation technologique : la transformation d’un Airbus A380 pour faire du transport de masse et pas cher. Les 2 premiers exemplaires au monde ont été réservés à la compagnie réunionnaise. Aucun autre concurrent ne disposait de cet avantage comparatif. L’avenir s’annonçait radieux, sans grever les finances publiques.
Quel avenir ?
En liquidant la gouvernance Ethève-Vergès de la compagnie, les nouveaux dirigeants se sont mis au service d’un projet politique différent, centré sur Paris et ses priorités. L’embauche d’un ancien cadre d’Air France, devenu PDG, a réorienté l’avenir de la compagnie vers les bureaux parisiens et bruxellois. Devant les ateliers d’Air Austral, Carenco dicte la marche à suivre et, un mois après, c’est la fermeture de la ligne Chennai.
Pourtant, La Réunion est l’interface entre les besoins de l’Union Africaine, le RCEP et l’Inde. La culture parisienne est de considérer Chennai comme une destination finale pour « une clientèle affinitaire » alors que la vision réunionnaise prend en compte le pays le plus peuplé de la planète et en pleine expansion économique. Air Austral a été conçue pour le développement de La Réunion et ses opportunités géo-économiques. Par exemple, ce n’est ni Paris ni Bruxelles qui prendront la décision de remplir un avion d’Air Austral, avec des acteurs réunionnais pour participer au Sommet des BRICS, en Afrique du Sud, en Août. C’est tellement dynamique que 12 autres pays veulent y adhérer. La banque des BRICS fait la tournée des pays africains pour signer des projets. L’avenir est là, à nos portes.
Un déficit spécifique sur la ligne Chennai n’est rien au regard des opportunités qui s’ouvrent ; c’est dans 3 mois. C’est à 3 heures de vol d’ici.
Air Austral est à l’origine un outil de désenclavement de La Réunion et d’ouverture au monde. C’est un pilier du projet de Développement Durable et Solidaire au profit des Réunionnaises et des Réunionnais. L’exploitation en propre d’une ligne vers Paris relève d’une opportunité. D’ailleurs, ses promoteurs avaient accordé à Air France près d’un tiers du capital de la compagnie. Par la suite, la compagnie nationale a osé réclamer la valorisation de ses parts et s’est retirée, plaçant la petite compagnie dans une concurrence frontale. Le défi a été relevé.
Une filiale a été créée pour conduire une solution d’innovation technologique : la transformation d’un Airbus A380 pour faire du transport de masse et pas cher. Les 2 premiers exemplaires au monde ont été réservés à la compagnie réunionnaise. Aucun autre concurrent ne disposait de cet avantage comparatif. L’avenir s’annonçait radieux, sans grever les finances publiques.
Quel avenir ?
En liquidant la gouvernance Ethève-Vergès de la compagnie, les nouveaux dirigeants se sont mis au service d’un projet politique différent, centré sur Paris et ses priorités. L’embauche d’un ancien cadre d’Air France, devenu PDG, a réorienté l’avenir de la compagnie vers les bureaux parisiens et bruxellois. Devant les ateliers d’Air Austral, Carenco dicte la marche à suivre et, un mois après, c’est la fermeture de la ligne Chennai.
Pourtant, La Réunion est l’interface entre les besoins de l’Union Africaine, le RCEP et l’Inde. La culture parisienne est de considérer Chennai comme une destination finale pour « une clientèle affinitaire » alors que la vision réunionnaise prend en compte le pays le plus peuplé de la planète et en pleine expansion économique. Air Austral a été conçue pour le développement de La Réunion et ses opportunités géo-économiques. Par exemple, ce n’est ni Paris ni Bruxelles qui prendront la décision de remplir un avion d’Air Austral, avec des acteurs réunionnais pour participer au Sommet des BRICS, en Afrique du Sud, en Août. C’est tellement dynamique que 12 autres pays veulent y adhérer. La banque des BRICS fait la tournée des pays africains pour signer des projets. L’avenir est là, à nos portes.
Un déficit spécifique sur la ligne Chennai n’est rien au regard des opportunités qui s’ouvrent ; c’est dans 3 mois. C’est à 3 heures de vol d’ici.