Que n’avait-on dit depuis plusieurs semaines? Les hommes politiques les plus hauts placés se répandaient dans toute la Réunion annonçant à qui voulait l’entendre que la foudre allait bientôt s’abattre sur tous ceux qui, de près ou de loin, étaient mêlés au dossier de la Nouvelle Route du Littoral. Et pour les sceptiques, ils avançaient l’argument massue : « Médiapart enquête et va sortir un article sur le sujet« . Fort de la réputation de dénicheurs de scoops, cette simple affirmation suffisait à mettre en transe leurs interlocuteurs.
Pas de chance. L’article vient d’être publié sur le site de Médiapart sous le titre « [A la Réunion, de lourds soupçons pèsent sur la route à 1,6 milliard]urlblank:http://www.mediapart.fr/journal/france/240915/la-reunion-de-lourds-soupcons-pesent-sur-la-route-16-milliard?page_article=1 » et force est de reconnaitre qu’il ne contient aucune révélation fracassante.
Derrière ce titre racoleur, aucune info que le lecteur de Zinfos ne connaisse déjà.
Le journaliste, Julien Sartre, attire le badaud avec son entrée en matière, mais il se garde bien d’affirmer des choses. Tout juste se contente-t-il de se poser des questions : « Un chantier trop gros pour être honnête? »
Sinon, il révèle aux lecteurs métropolitains, peu au courant du dossier, ce que les Réunionnais connaissent depuis des mois : « L’attribution il y a deux ans aux géants du BTP Bouygues et Vinci du gigantesque marché de construction de la nouvelle route du littoral (NRL), à La Réunion, fait l’objet d’une enquête préliminaire pour « favoritisme » et « corruption ». Signe que l’affaire est sérieuse, le dossier, ouvert en 2014 par le parquet de Saint-Denis de La Réunion, a été transféré en avril dernier au parquet national financier, en charge des affaires politico-financières les plus sensibles« .
Toujours dans le but de faire dans le sensationnel, il rappelle que ce chantier « de seulement 12 km, va coûter la somme colossale de 1,6 milliard d’euros », soit « 130 millions du kilomètre, contre 2 millions en moyenne pour une autoroute. C’est l’un des plus gros marchés d’infrastructure en Europe, avec les lignes à grande vitesse françaises et les autoroutes grecques« .
Mais à part ça, rien. Le vide sidéral. Le Quotidien de la Réunion a fait mille fois mieux avec son dossier de la semaine dernière !
Seul élément supplémentaire apporté par le journal parisien : Après avoir donné la version de la Région selon laquelle « il ne s’agirait que d’une enquête mineure » dans la mesure où « les investigations conduites à ce jour portent uniquement sur un accord-cadre de fourniture de matériaux« , Médiapart précise que, « selon des informations recueillies par Médiapart« , « le parquet national financier cherche à vérifier l’existence d’éventuelles commissions dans l’entourage des élus impliqués dans la passation des marchés. Les enquêteurs sont sur la piste de flux financiers suspects vers des pays réputés pour leur opacité, notamment les Seychelles. Cet archipel, un des paradis fiscaux les plus importants de la zone Océan indien, est sur la liste noire des trente pays les moins vertueux en matière de transparence financière, établie par l’Union européenne« .
Aucun début de preuve, aucune révélation. On apprend donc que le Parquet financier enquête. C’est la moindre des choses puisque c’est son rôle. Mais beaucoup de dossiers où il a précédemment enquêté se sont achevés soit par des non-lieux, soit même sans que l’on aille plus loin que l’enquête préliminaire…
On attendait de Médiapart des révélations fracassantes. Autant avouer que nous restons sur notre faim. Le journal en ligne nous avait habitué à mieux !
