Il est grand, très grand, 2,05 mètres mais surtout prêt à partager son expérience, riche elle aussi. [Mickaël Var]urlblank:https://www.lnb.fr/fr/prob/joueurs/mickael-var-A46614.html est en vacances à La Réunion et même si l’intersaison impose du repos et des retrouvailles en famille, c’est en short/survet’ et sifflé à la bouche qu’il a montré la voie durant une semaine de stage à de jeunes pousses.
Le basketteur réunionnais était le parrain de l’association Art et Street Ball des Hauts (ASBDH) pilotée par deux Saint-Paulois qui respirent basket depuis « étant marmaille » : Gildas Jannin dit « Mano » et Laurent Papy.
« Nous avons créé l’association il y a deux ans avec pour objectif d’animer des séances avec perfectionnement des fondamentaux, en individuel », explique Laurent Papy, vice-président. La démarche se veut complémentaire du travail de fond emmagasiné par les ados durant leur saison de club.
Travail de perfectionnement indvidualisé
Leur initiative démarre d’un constat que seuls les passionnés de basket peuvent déceler : la copie rendue sur les terrains par les nouvelles générations manque peut-être de notion plaisir. « Il y a la compétition mais il y a aussi le plaisir de jouer. A La Réunion, ce plaisir s’est beaucoup perdu. Les jeunes, avant ils commençaient en street et poursuivaient en club mais maintenant ils démarrent en club et vont jouer en street après. Voilà pourquoi notre basket a perdu en agressivité », juge-t-il. Une agressivité dans le bon sens sportif évidemment. « Après, ceux qui aiment la compétition vont faire leur compétition », l’un n’empêche pas l’autre car l’idée n’est évidemment pas de jouer sur le même registre que les clubs.
Au contraire, la démarche du binôme est comprise et acceptée. « Hormis un club, les autres comprennent car à leur tête il y a des coach qui sont des anciens joueurs. Comme nous, ils ont remarqué que les enfants avaient des problèmes de shoot, de dribble, et qu’ils ne peuvent pas encadrer des séances individuelles de perfectionnement », selon Mano, président d’ASBDH. C’est tout le pari de son association Art et Street : s’isoler sur des séances d’entraînement avec de jeunes passionnés pour corriger leurs phases de jeu perfectibles : de la conduite de balle à la détente en passant par le tir. Cette forme de partenariat avec les clubs est d’ailleurs appelée à prendre de l’ampleur au-delà du secteur ouest prochainement.
Un premier camp au péi, enfin !
Toute cette semaine du lundi 19 juillet au samedi 24, l’association a posé les bases d’un stage au gymnase de Trois Bassins en invitant un parrain qui affiche tout simplement le plus beau parcours d’un Réunionnais en métropole. Pensionnaire de Pro A à ses débuts, c’est-à-dire l’élite du basket français, puis auréolé d’un titre de champion de France de Pro B en 2014, Michaël Var compile 11 années d’une très belle régularité à 10 points de moyenne. A 31 ans, et aussi étonnant que cela puisse paraître, il a donc dirigé son tout premier camp basket à La Réunion.
Un camp avec Mickaël Var que l’asso trois bassinoise n’aurait pas pu mener à son terme sans son partenaire principal PRO AM Basket Ball créé par Aboudou Hassanali qui a une académie de basketball sur Toulouse. Aboudou Hassanali est leur contact avec les clubs de métropole pour le recrutement des jeunes Réunionnais et des différents partenaires, joueurs et entraîneurs.
« En tant que parrain, j’ai été franchement bien accueilli. Les jeunes avec lesquels j’ai travaillé ce sont des gamins très investis donc c’était un plaisir d’être avec eux. On a corrigé plutôt les fondamentaux. Aujourd’hui (samedi), on a vu ce qu’on a appris durant la semaine », s’en félicite-t-il avant d’enfiler un maillot pour un match de gala ce samedi après-midi.
La façon de travailler de l’association a séduit le géant de 31 ans qui a été appelé en Équipe de France chez les jeunes et en équipe 3 contre 3. L’actuel ailier fort du SOMB de Boulougne-sur-Mer en National est passé par là lui aussi, à 13-14 ans, et il sait très bien que le parcours d’un jeune prometteur doit aussi croiser la route de personnes clés qui offriront un virage décisif à une carrière. Pour Mickaël, il aura fallu le coup d’oeil du CTR (conseiller technique régional) de l’époque qui a vu en lui un potentiel pouvant convenir au niveau national. Le travail et la persévérance ont payé en 2010 lorsqu’il a signé son premier contrat pro au sein du mythique club de Pau-Orthez.
« A l’époque, je partais avec le CTR faire quelques centres de formation en métropole. De là, soit des clubs sont intéressés par ta venue la saison d’après, soit ils ne le sont pas mais j’ai eu la chance d’être retenu par des équipes », évoque le Saint-Paulois. Médaillé d’or (2015) et d’argent (2011) aux Jeux des iles au sein de la sélection Réunion, il vivra là les seuls moments où son parcours métropolitain fût mis au service de son île. A part ces rassemblements du Club R, les propositions ont clairement manqué pour celui qui est tout simplement notre meilleur représentant en terre basketball au niveau national.
Comme beaucoup d’autres sportifs réunionnais dont la carrière a été très honorable en métropole, Mickaël Var évoque légitimement, avec une pointe de déception, le peu d’entrain pour l’associer à des stages comme celui-ci alors que l’envie ne manque pas de son côté pour partager cette expérience acquise l’autre côté la mer. Ça tombe bien, Art et Streetball des Hauts a d’autres idées de « basket partage » dans les mois qui viennent.