A peine quelques minutes au niveau « de la grotte » des ex-Arast devant les grilles du Conseil Général, des automobilistes font entendre leur voix en soutien aux grévistes de la faim. « Largue pas ! », « Courage !« , « Lâche pas l’affaire« , peut-on entendre brièvement…
« De plus en plus, la population nous soutient, comprend notre combat« , analyse Carmen Allié, assise à quelques mètres de la route, les jambes allongées sur une chaise.
Voilà 6 jours que cette femme militante, et conseillère municipale, a entamé une grève de la faim. Ce lundi matin, elle se sent bien. « C’est la première fois que je fais une grève de la faim. Je suis agréablement surprise de voir qu’au bout de 6 jours je tiens aussi bien le coup« .
Quelques heures plus tôt, Carmen passait Noël avec ses camarades. « C’était un moment très émouvant, nous avons vécu une messe surréaliste, et même un peu pathétique« , avoue-t-elle. « Il pleuvait des trombes d’eau. Notre grotte s’est même effondrée. Mais nous avons chanté et prié tous ensemble, les larmes coulaient« , raconte-t-elle avec la même émotion que le soir de Noël.
Dans tous les combats qu’elle mène, Carmen veut le mener à fond. « Je suis une femme passionnée. Et ce dossier de l’Arast, je le porte en moi depuis deux ans« , indique-t-elle. Alors gare à ceux qui remettraient ses conviction en question… « A ceux qui parlent de récupération politique, je m’insurge. Je me présente à aucune élection, je n’ai qu’une casquette de simple conseillère municipale. A t-on déjà vu un élu se mettre en grève de la faim pour défendre une cause ?« , lance-t-elle le regard défiant.
Carmen est déterminée, pour elle, la lutte prime avant même sa propre santé. « Ce que je vis, c’est fort. Je suis venue avec mon cœur, c’est l’humain qui parle et rien d’autre. Ces femmes sont dignes, solidaires, fortes. Je les trouve belles. Et l’on ne parle pas assez de ceux qui n’ont pas survécu dans cette bataille. Des ménages ont été détruits, et surtout, 6 personnes sont mortes depuis la fin de l’Arast, ils avaient entre 35 et 45 ans« , dénonce Carmen Allié.
Le combat continue pour les 4 grévistes de la faim, même si les conditions d’hygiène, météo sont parfois limites. « On est confronté au monde de la rue. Les SDF viennent chercher à manger. Un exhibitionniste nous a perturbé le cours de la nuit. Nous sommes vulnérables« , conclut Carmen Allié qui affirme aller jusqu’au bout…