Une étude a révélé le mois dernier quatre cas de développement de tumeurs intracrâniennes survenus lors de la grossesse chez des femmes ayant pris le médicament Androcur. Ce traitement hormonal, prescrit comme contraceptif et contre l’hirsutisme (une pilosité de type masculin), expose les femmes au moment de la grossesse – où le niveau de progestérone dans le corps augmente – à des risques de tumeurs, même plusieurs années après qu’elles l’aient arrêté. La tumeur serait déjà présente, mais grossirait au moment de la fluctuation d’hormones.
C’est l’étude du centre régional de pharmacovigilance (CRPV) à Paris qui a porté sur 298 cas de tumeurs cérébrales (seulement 11 étaient des hommes) sous acétate de cyprotérone, le principe actif d’Androcur entre 2014 et 2018, et révélé quatre cas survenus pendant la grossesse.
L’Androcur et ses génériques auraient trop souvent été prescrits en dehors des indications autorisées. Selon l’assurance maladie, plus de 400.000 femmes ont été traitées avec de l’acétate de cyprotérone entre 2006 et 2014. À partir de 2018, les ventes ont baissé de près de 50%. Et La Réunion est également concernée. Les médecins sont encouragés à inviter leurs patients – même ceux qui ne sont plus sous Andocur – à passer des IRM pour s’assurer qu’il n’y ait pas de tumeur.
« Ma gynécologue ne m’a même pas avertie »
C’est le cas d’Anaïs* qui a pris Androcur pour ses effets contraceptifs pendant 20 ans, avant de l’arrêter il y a quatre ans. Ce n’est que récemment qu’elle a été informée du risque et a décidé de faire des analyses. Tout va bien pour elle, fort heureusement. « Je pense que peu ou pas de femmes à La Réunion sont au courant, s’indigne-t-elle, ma gynécologue ne m’a même pas avertie ».
Le médicament est désormais très encadré et seuls les gynécologues et urologues peuvent le prescrire. L’ANSM (Agence nationale de sécurité des médicaments) a néanmoins lancé un numéro vert (0 805 04 01 10) pour toute personne ayant des questions à ce sujet.
*nom d’emprunt