André Oraison, ce professeur de Droit qui a officié à l’université de la Réunion depuis plus de 35 ans, avait convié les Réunionnais ce soir à 18h dans l’amphithéâtre Sudel Fuma de la fac de Lettres pour une conférence sur « Les limites à la préférence régionale à l’embauche dans les Outre-mer« .
Alors que la salle était remplie d’une centaine de personnes et que l’orateur s’apprêtait à prendre la parole, plusieurs dizaines de spectateurs du mouvement « Groupaz Pangar » menés par Christophe Barret, se sont mis à crier des slogans dans le but d’empêcher André Oraison de s’exprimer.
Ils lui reprochaient son opposition à la préférence régionale. Dans son invitation, André Oraison laissait en effet entrevoir sa position. Selon lui, elle aurait en effet « des effets négatifs au plan sociétal car elle peut conduire au communautarisme et à la xénophobie. Au plan juridique, elle porte atteinte au principe d’égalité entre les citoyens qui est profondément enraciné dans la conscience des Français depuis la Déclaration de 1789« .
Les opposants à cette conférence avaient eux aussi l’occasion de s’exprimer sur les réseaux sociaux, avant d’avertir qu’ils seraient présents ce soir pour perturber la conférence : « Voila le passe-temps des colons retraités de l’université. Donner des conférences pour nous expliquer pourquoi il ne faut pas favoriser l’embauche des Réunionnais. Parce que si ça avait été le cas, ces bézer d’paké n’auraient pas pu s’installer ici il y a 40 ans. D’habitude il faisait ses débats à huis clôs, avec foie gras et fromage. Aujourd’hui ça se fait en public, dans la fac pour propagander. Tout est permis dans la colonie. RDV est pris pour le 24 septembre« …
Le ton était donné et RDV était pris. Il a été honoré puisque ces manifestants ont réussi à empêcher la tenue de la conférence. Après discussions, le doyen de l’université a proposé de remettre dans les prochains jours une salle à disposition d’André Oraison pour qu’il puisse débattre plus sereinement et répondre aux attaques dont il a fait l’objet ce soir, en espérant que le calme sera revenu d’ici là.
Etaient présents comme politiques dans la salle les deux groupes d’indépendantistes autour d’Aniel Boyer et de Jean-Claude Barret, une délégation du PCR avec Maurice Soubou et Michèle Caniguy (la binôme de Maurice Gironcel à Ste-Suzanne), Eric Delorme et Yvette Duchemann, la conseillère départementale écologiste, binôme de Gérald Maillot.