C’est parce qu’il a croisé bien trop de dépôts sauvages sur sa route qu’il est devenu chasseur de déchets. Jacques Aulet, militaire à la retraite, est l’un des membres les plus actifs de la plateforme Bandcochon.re. Grâce à ce site internet, les dépôts sauvages qui polluent notre île sont de plus en plus visibles.
« Bandcochon est un site participatif, autogéré, anonyme et gratuit », insiste le passionné de parapente au service de l’environnement. [Créé en 2011 sous l’impulsion de Princesse Fraise et Prince Cuberdon (des pseudos pour préserver leur anonymat), ]urlblank:https://www.zinfos974.com/Band-Cochon-reprend-du-service_a97664.html après une période de latence, le site s’est doté en 2016 d’une application à télécharger, simple d’utilisation, qui permet à ses utilisateurs « en 30s, par un système de géolocalisation, de signaler un dépôt sauvage de manière anonyme ».
Dans la rue Luc Lorion à St-Pierre, Rue des Jacquiers à St-Gilles les hauts, Rue Franciscea à la Rivière des Galets ou encore chemin Auguste de Villèle à Trois Mares…à l’heure où nous écrivons ces lignes, « 15 261 cochonneries non nettoyées et 7 163 nettoyées », ont été recensées par la dizaine de chasseurs actifs et 300 chasseurs plus occasionnels de Bandcochon. La carte de La Réunion est pour ainsi dire quasi recouverte de têtes de ces petits cochons roses pour les sites pollués et vert pour ceux qui ont été nettoyés.
» On trouve encore souvent des carcasses de voiture »
Les déchets sont divers et variés mais les déchets automobiles sont ceux que les makots laissent le plus volontiers sur le bord des routes, les abords de ravines mais aussi dans leurs cours, indique Jacques Aulet. » On trouve encore souvent des carcasses de voiture, des batteries et des pneus, des gites larvaires particulièrement dangereux en cette période d’épidémie de dengue », rappelle-t-il.
Chaque semaine, le défenseur de l’environnement rédige des comptes rendus qu’il envoie à tous les médias. L’homme de 70 ans, qui met un point d’honneur à se tenir le plus éloigné possible des partis et mouvements politiques et n’a aucune prétention à ce niveau-là, veut « simplement faire vivre le site ». Il alerte cependant, « les statistiques Bandcochon ne reflètent ni la saleté ni la propreté d’une ville mais l’activité des photographes ».
L’environnement doit être une priorité
Si Bandcochon est entré dans le vocabulaire des Réunionnais, il reste encore beaucoup à faire pour aider à prendre conscience. « Signaler ce n’est pas de la délation, c’est un acte civique à un moment donné, parce que voir des dépôts sauvages partout ce n’est plus possible surtout que tout est bien organisé à La Réunion ». Respecter le calendrier de collecte des déchets est donc la première des choses à faire. « Le ramassage a un coût pour les communes. Plus de collecte ne rime malheureusement pas avec moins de dépôt », observe Jacques Aulet. « Les premiers coupables sont les cochons, une minorité de la population ». Pour autant, « l’environnement doit être une des cinq priorités des maires et ils devraient mettre le paquet, ce n’est pas une question de budget ».
Pour ce citoyen, une des solutions est le circuit court. « Les brigades de l’environnement mises en place au niveau des intercommunalités sont une bonne chose mais elles sont constituées de petites équipes qui agissent sur plusieurs communes. Quand on fonctionne en circuit court, directement au niveau des mairies, les choses avancent », analyse-t-il d’après son expérience. Quant à la verbalisation, elle semble « nécessaire mais un simple contact pris rapidement entre un agent assermenté et un pollueur peut suffire dans certains cas ».