Si il s’est probablement fait lui aussi avoir au début, Jean-Marie B. a par la suite sciemment participé à cette escroquerie opérée sur la toile, connue sous le nom d’arnaque à l’ « africaine ». Ce jeudi, il était à la barre du tribunal correctionnel de Saint-Pierre, jugé pour complicité d’escroquerie.
En 2016, l’homme, comptable de formation, fréquente les sites de rencontres et par ce biais fait la connaissance d’une certaine Kimberley C. Une jeune et jolie femme que l’on devine être un faux profil, lui confie être d’origine belge issue d’une famille riche installée au Bénin.
Problème : pour percevoir un important héritage de 800 millions d’euros, elle doit régler les frais de succession. A ce moment-là, le bientôt sexagénaire ne flaire pas l’arnaque et, fou amoureux, lui donne ses économies. Pire, toujours aveugle, il devient l’intermédiaire de cette escroquerie. Une soixantaine de victimes s’est fait connaitre à La Réunion mais aussi à Tahiti, Nouméa et plus majoritairement dans l’Hexagone.
Appâtées sur les réseaux sociaux
Les victimes sont approchées sur la toile sur le Bon Coin et autres réseaux sociaux, toujours par de faux profils. Des propositions alléchantes de ventes de robots ménagers, voitures, bois de chauffage, places de concert mais aussi des prêts leur sont soumises. Pour bénéficier de l’article ou du prêt, elles doivent au préalable envoyer une somme d’argent sur un compte via une société spécialisée dans le transfert. Produits ou argent dont les victimes n’en verront évidemment jamais la couleur.
Martine*, fonctionnaire, a été appâtée selon ce mode opératoire sur Facebook. Traversant des difficultés financières, elle a accepté d’envoyer en tout 1400 euros, aggravant sa situation.
Autre victime : Priscilla* résidant dans les Pyrénées Atlantiques, condamnée en juin 2017 pour avoir recelé des mandats cash. Une affaire dans laquelle, la fameuse « Kimberley » dont on ne saura probablement jamais qui se cache derrière, serait impliquée. Mais ici, Priscilla est bien victime, constituée partie civile ayant déboursé 350 euros.
Petites sommes d’argent mais de nombreuses victimes
Au total, mis bout à bout, près de 300 000 euros ont transité sur le compte de Jean-Marie avant de disparaitre au Bénin entre janvier 2017 au 19 septembre 2018. Dans cette arnaque, il a également mêlé des membres de sa famille et des proches qui se versaient un pourcentage de l’ordre de 3 à 5% des sommes collectées. Et malgré plusieurs tentatives d’alerte de certains d’entre eux et de la police lors d’une audition, le Saint-Pierrois subjugué ne veut pas y croire. Les victimes se multiplient jusqu’à son placement en garde à vue.
« Ce type d’escroquerie perdure parce qu’il y a des personnes pour les y aider sur le territoire », a souligné le parquet. Un an de prison avec sursis, une obligation de soins et d’indemniser les victimes ont été requis à l’encontre de Jean-Marie B. « Je n’attendais pas à tout ça. Je reconnais mes torts, de ne pas avoir écouté », a-t-il déclaré penaud.
Le verdict a été mis en délibéré le jeudi 28 février.
* prénoms d’emprunt