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Amendement Virapoullé: « Ni la Martinique, ni la Guadeloupe ne sont allées vers l’autonomie et l’indépendance »

Les responsables politiques locaux réagissent au projet de loi constitutionnelle visant notamment à modifier les articles 72 et 73 de la Constitution, et notamment le fameux alinéa 5 de ce dernier article, plus connu sous le nom d’amendement Virapoullé. Pour la fondatrice du mouvement En marche à La Réunion, Anaïs Patel, l’article 17 du nouveau […]

Ecrit par zinfos974 – le lundi 23 avril 2018 à 14H59

Les responsables politiques locaux réagissent au projet de loi constitutionnelle visant notamment à modifier les articles 72 et 73 de la Constitution, et notamment le fameux alinéa 5 de ce dernier article, plus connu sous le nom d’amendement Virapoullé.

Pour la fondatrice du mouvement En marche à La Réunion, Anaïs Patel, l’article 17 du nouveau projet de loi, qui modifie cet amendement, « donne enfin la possibilité à La Réunion d’adapter les lois et règlements (…) dans les matières où les collectivités exercent leurs compétences ». Cependant, estime la Tamponnaise, « nous devons aller encore plus loin ».  « Il apparaît que les collectivités d’Outre-mer auront une capacité de demander des adaptations législatives et réglementaires dans tous les domaines alors qu’à La Réunion, le Département et la Région ne pourront faire des propositions que dans le cadre de leurs compétences ».

Selon elle, La Réunion se retrouve placée « dans la même situation que les autres collectivités en 2003 », peu avant le vote de l’amendement de l’ancien parlementaire. « Nous devons donc aller plus loin et demander de ne pas être placés en 2003 mais en 2018 ! Les Réunionnais ne sont ni plus ni moins matures que les autres ultramarins. Nos problèmes de développement sont aussi aigus que ceux des autres et nous devons disposer des mêmes outils », clame-t-elle.

Un modèle actuel qui « atteint ses limites »

Anaïs Patel demande ainsi la suppression de l’amendement de M.Virapoullé « non seulement dans le texte, ce qui sera fait », mais également dans « son esprit afin que nous fassions face à nos défis avec les mêmes outils que les autres collectivités ». Le but : « mettre fin à cette discrimination constitutionnelle ».

« Le modèle actuel atteignant ses limites, nous devons nous atteler à la définition et à la mise en œuvre d’un nouveau modèle pour La Réunion », assure Anaïs Patel.

Même son de cloche du côté du PCR, qui s’est toujours opposé à cet alinéa qu’il qualifie de « discriminatoire pour le peuple réunionnais » et doit être ainsi « retiré ». « Il en va de la responsabilité des élus, de s’en saisir et de porter une vision globale et cohérente pour le développement de leur pays. Ce débat qui ne fait que commencer, ne doit pas faire l’objet de règlements de compte sur la base de vieilles querelles politiciennes », glisse Maurice Gironcel, un des co-secrétaires du parti fondé par Paul Vergès.

Le Parti demande « plus d’autonomie » par l’instauration d’une collectivité territoriale dotée de moyens financiers et législatifs très larges. Ce dernier serait doté « de pouvoirs accrus et un fonds de développement, dans le cadre de la République actuelle ».

« Arrêter les propos infantilisants »

Maurice Gironcel compte sur la création de cette assemblée pour élaborer un projet « global et cohérent de développement durable, solidaire et d’insertion de La Réunion dans sa zone géographique », avec celles et ceux qui veulent co-construire ce projet. « Le moment est donc venu de rassembler toutes celles et tous ceux qui considèrent qu’il faut désormais un nouveau cadre (…) C’est la raison pour laquelle il faut donner la possibilité aux Réunionnaises et aux Réunionnais de décider de leur destin », explique-t-il.  

Le Parti socialiste, par la voix de son nouveau secrétaire fédéral, Philippe Naillet, est pour un « débat apaisé » autour de la suppression de l’amendement. « Contrairement à ce que dit M.Virapoullé, son amendement n’est pas un verrou pour une assemblée unique. Cette dernière peut-être obtenue par d’autres voix. Le deuxième point, c’est que si vous prenez le cas de la Guadeloupe, qui n’a pas d’assemblée unique, elle a l’adaptation des lois. Troisième chose que je voudrais rajouter c’est qu’il faut arrêter de se faire peur également. Il faut parler aux Réunionnais avec un langage de vérité : ni la Martinique, ni la Guadeloupe ne sont allées vers l’autonomie et l’indépendance. Il faut arrêter les propos infantilisants », demande le responsable socialiste.

Philippe Naillet estime que ceux qui militent pour l’adaptation des lois « considèrent à juste titre que nous sommes dans une époque nouvelle et nous, à La Réunion, avons un certain nombre de spécificités mais aussi de difficultés ». De ce fait, il affirme que l’alinéa 5 de cet article 73 « est une erreur ». « C’est considérer que nous les Réunionnais nous sommes incapables de réfléchir et de porter quelque chose pour nous. On ne peut pas à La Réunion avoir 24% de la population au chômage, on ne peut pas avoir à La Réunion 40% de la population qui vit sous le seuil de pauvreté et être incapable aujourd’hui de développer nos entreprises pour qu’on puisse produire, distribuer et vendre localement. C’est toute cette réflexion globale qu’il faut avoir », poursuit M.Naillet.

Il ajoute : « l’amendement Virapoullé ne permet que l’expérimentation de lois ou de mesures pour une durée de trois ans, et non pas l’adaptation comme il aime à l’affirmer. Ce sont deux choses totalement différentes ». Philippe Naillet compte donc sur la suppression de l’amendement Virapoullé pour réussir « l’émancipation des Réunionnais et tout cela passe aujourd’hui par un ou des dispositifs qui correspondent à la réalité du XXIe siècle ».

 

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