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Alfred Chane Pane : « j’arrête toute collaboration avec Jacques Tillier »

La non impression du Journal de l'Ile par les rotatives d'ICP Roto au Port connaît donc un deuxième épisode en ce dimanche 2 octobre. Le titre de presse n'est une nouvelle fois pas présent dans les points de vente et c'est parti pour durer. Contacté, le patron d'ICP ROTO nous livre sa version sur ce qui s'est passé la nuit dernière au moment du tirage. Cette fois, il affirme que c'est bien lui qui a pris la décision de stopper l'impression. Dans sa réponse, Alfred Chane Pane va plus loin en dressant le bilan de plusieurs années de collaboration en tant qu'imprimeur du Journal de l'Ile. Une collaboration qui s'achève aujourd'hui avec certitude puisque le patron d'ICP Roto annonce qu'il arrête d'imprimer le JIR. La réponse d'Alfred Chane Pane à Jacques Tillier :

Ecrit par LG – le dimanche 02 octobre 2022 à 07H34

« Il y a des sujets d’actualité qui méritent que la presse en parle, la montée des signaux vers la Guerre dans le monde, l’inflation qui touche nos foyers (encore plus à la Réunion qu’ailleurs) ou pourquoi pas, l’accession au trône de Charles III.

Mais non, la Une du Jir de ce dimanche concerne mon humble personne, fidèle serviteur du JIR pour que toutes les nuits, mes collaborateurs d’ICP-Roto puissent produire votre journal.

Qu’est-ce qui me vaut ce traitement en Une ? Tout simplement parce que vendredi soir, mes rotativistes ont décidé de débrayer pour protester contre une tentative de m’éclabousser sur une histoire qui n’intéresse finalement que peu de monde, c’est-à-dire la reprise de l’imprimerie Ah Sing par l’offre Jean-Hugues Savaranin – Mathieu Chan Ching au détriment de l’offre Olivier Levy – Jacques Tillier.

Et là, on retrouve les pratiques coutumières de Jacques Tillier : condamner sans prendre le temps de s’informer (« On tire d’abord, on discute après », disait-il), alors qu’il aurait pu se renseigner et apprendre que je sortais du bloc opératoire vendredi soir et que j’ai enchainé par une nuit sous vapeurs d’anesthésie.

Censure d’Alfred Chane Pane, dixit Jacques Tillier, du jamais vu dans le monde de la presse, blablabla…La mémoire de Jacques Tillier est sélective et semble avoir oublié son passage en tant que directeur de l’Union de Reims, où ses rotativistes encartés Syndicat du Livre lui faisaient un bras d’honneur quand il avait le malheur de passer par l’atelier.

Comment en être autrement quand il accorde si peu de considération aux personnes qui sont à son service ? On m’a rapporté qu’il a traité mes propres rotativistes d’illettrés ! Que leur rôle (méprisable) est de mettre de l’encre sur le papier sans remettre en cause ce qui a été écrit.

Je rappelle cependant que « La liberté de l’imprimerie est assurée par la loi du 29 juillet 1881. L’imprimeur peut voir sa responsabilité engagée, en cas d’impression d’un produit contraire à la loi du 29 juillet 1881 – qui sanctionne notamment la diffamation ou l’incitation à la haine raciale – mais aussi en fabriquant une contrefaçon »

Mais pourquoi donc une réaction aussi épidermique de l’éditorialiste célèbre ?

Je me souviens qu’en France, il existe 4 pouvoirs : le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif, le pouvoir judiciaire et le pouvoir de la presse. Les 3 premiers pouvoirs sont encadrés par des textes démocratiques, le 4ème pouvoir ne l’est pas. La presse est totalement libre, et je soutiens bien évidemment cette liberté de la presse.

Mais quand Jacques Tillier parle d’atteinte à la liberté de la presse, il ne parle que de la liberté de SA presse, SA liberté à collecter les ragots pour ensuite avilir, salir, vilipender, mettre au pilori et à soumettre à son bon vouloir toute personne qu’il estime mériter un tel traitement.

La censure décidée par mes rotativistes a touché au bien le plus ultime – son précieux – de Jacques Tillier : son pouvoir totalitaire d’être juge et jury en même temps, pour pouvoir continuer à condamner sans jugement.

La moindre des précautions, quand on veut être juge ou jury, est d’avoir la sagesse de se retirer lorsqu’il y a conflit d’intérêt. C’est évidemment le cas sur l’affaire de l’imprimerie Ah Sing, puisque Jacques Tillier était le candidat malheureux (et frustré) de la reprise.

Cela nous amène au tirage de samedi soir (édition du dimanche) où cette fois ci, je fais la Une, et où je suis déjà condamné pour mensonges. Mes rotativistes, tremblants de peur suite à la bronca générée par Jacques Tillier puis reprise par les autres médias, décident d’imprimer malgré tout.

Cette fois, c’est moi qui décide d’appuyer sur le bouton rouge. Trop c’est trop. Je ne peux pas accepter une diffamation aussi virulente et évidente, et je ne peux pas continuer à être le complice de ce pouvoir sans limites du dictateur Tillier.

Soit dit en passant, la hantise d’un dictateur est de voir des dictateurs partout, mais en réalité, à force d’avoir écrasé tous les hommes et les femmes ayant un peu de pouvoir, il commence à deviner qu’il a plus d’ennemis que d’amis.

Pour revenir à son précieux, son fameux pouvoir de vie ou de mort sur la réputation des personnes qu’il vise, il oublie qu’à tout pouvoir est rattaché une responsabilité.

De quoi est donc responsable Jacques Tillier ? D’une meilleure société réunionnaise, expurgée des « méchants » ? C’est ce qu’il a essayé de me faire croire, en venant solliciter ma collaboration en tant qu’imprimeur, et malgré ma méfiance envers le personnage (méfiance fondée sur des précédents dont se souviennent encore mes rotativistes et même le monde judiciaire), j’ai eu la candeur de lui donner une seconde chance après l’intervention bienveillante (et aussi candide !) de Didier Robert, alors président de Région.

Ma candeur et ma bienveillance naturelle m’ont même amené à faire don au JIR d’une somme de 150.000 €, sans demander aucun retour ni compensation.

Mais quel retour ! Retour de veste en plein milieu des dernières élections régionales, au motif que le candidat Didier Robert n’a pas pu intégrer sa pouliche dans sa liste.

Par la suite, j’ai eu droit à des menaces d’avocat pour que je donne encore de l’argent au JIR, mais comment peut-il oser continuer à solliciter de la bienveillance avec une attitude aussi malveillante ? Et de prendre une rémunération insolente sur une partie importante des fonds et subventions qu’il récupère à droite, à gauche, à la Région et à l’Etat, au lieu d’affecter ces fonds à son entreprise ?

Je rêvais d’une meilleure société réunionnaise. Mais c’est tout l’inverse que produit Jacques Tillier. Il cloue au pilori ou accroche sur sa corde à linge, avec plumes et goudron, tout le gratin réunionnais.

Il se dit même que des chefs d’entreprise se sentent obligés de payer des pages de publicité pour éviter de se retrouver sur la corde du samedi. Et que ces ventes du Samedi sont les meilleures ventes de la semaine car toute la Réunion a peur d’être citée dans l’édito et achète le journal de façon frénétique.

Concernant le monde politique, il a actuellement ses têtes de turc : Emmanuel Seraphin, Huguette Bello et même la gentille Vanessa Miranville.

Vu cet acharnement, comment ne pas comprendre que le divorce entre la population et le monde politique provient de cette dérive éditoriale du JIR ? Que les réunionnais soient systématiquement en position de défiance par rapport aux politiques, à l’Etat et même par rapport au monde économique ? 

Non ce n’est pas la société réunionnaise dont j’ai rêvé pour mes enfants. Non le JIR de Jacques Tillier n’est pas un journal qui va ramener l’harmonie et le vivre ensemble à la Réunion, bien au contraire.

En tant qu’entrepreneur privé, j’arrête toute collaboration avec Jacques Tillier. Mon engagement avait été pris avec un JIR dont l’actionnariat avait encore son mot à dire sur l’attitude de son directeur mais depuis sa dernière OPA sur l’entreprise, plus personne ne peut le retenir ni le contredire.

Mes avocats verront avec les siens dès ce lundi pour définir les conditions de cette rupture que j’assume.

Les annonceurs qui se sentaient éventuellement rackettés pourront respirer. Les réunionnais aussi.

Bon dimanche »

Alfred Chane Pane

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