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Albert Ramassamy : La départementalisation comme colonne vertébrale

N’ayons pas peur de le dire : Sans Albert Ramassamy, l’histoire de la Réunion aurait été bien différente. Par son intelligence, sa lucidité, ses engagements de tous les instants pour changer La Réunion, la faire entrer dans le progrès et dans la justice, mais en la maintenant dans La France, Albert Ramassamy est un des […]

Ecrit par zinfos974 – le mardi 06 novembre 2018 à 16H10

N’ayons pas peur de le dire : Sans Albert Ramassamy, l’histoire de la Réunion aurait été bien différente.

Par son intelligence, sa lucidité, ses engagements de tous les instants pour changer La Réunion, la faire entrer dans le progrès et dans la justice, mais en la maintenant dans La France, Albert Ramassamy est un des plus grands protagonistes de l’Histoire de La Réunion et de sa transformation depuis 1946.

« Massalé dehors »
 
Albert Ramassamy est né sous la colonie, à Saint-André le 13 novembre 1923, dans une famille très modeste. Brillant élève, ses enseignants vont convaincre ses parents de l’inscrire au lycée Leconte de Liste. Nous sommes en 1941.

Mais être un élève  brillant, encouragé par les enseignants de Saint-André, soutenu par sa famille -sa mère pour aider son fils  dans ses études s’installe alors à Saint-Denis- ne suffira pas à faire d’Albert un lycéen.
 
C’est au cri de « massalé dehors » que les autres lycéens l’accueillent, avant de passer des invectives aux crachats, puis des crachats aux brutalités. Albert Ramassamy endurera ce calvaire  une semaine. Ejecté du lycée, il s’inscrit au Cours normal et prépare le métier d’instituteur.
 
Parmi ses condisciples, mentionnons notamment André Marimoutou, le père du recteur et  Joseph Lacaille, le futur maire des Avirons. Le Cours normal est la seule voie autorisée aux  bons élèves de la colonie dont la condition sociale et la condition raciale les rangent dans le camp des « mal nés« .

La départementalisation, son credo de toujours
 
Cette injustice que le jeune Albert reçoit en pleine figure, au sens propre comme au figuré, plutôt que de l’anéantir, va au contraire forger sa personnalité et fixer sa conduite sa vie durant : Changer La Réunion, en combattant les injustices avec détermination et en promouvant l’éducation tout en maintenant tout ce qui nous lie à La France.

La départementalisation de La Réunion, en 1946, fournira de cadre aux  combats de cet homme de gauche . Et jamais Albert Ramassamy ne déviera de ce projet, sa vie durant.
 
Instituteur, à sa démobilisation, Albert Ramassamy s’engage aux côtés des plus démunis dont il est la plume et la voix. Les journaux commencent alors à accueillir ses premières tribunes et ses envois ne cesseront que ces toutes dernières années. Des actions qui ont également pour cadre le syndicat.

Albert Ramassamy devient la cible du PCR et des autonomistes

La création du parti communiste réunionnais en 1959 avec son mot d’ordre d’ autonomie va  pousser  Albert Ramassamy à s’engager résolument pour la défense du statut départemental. C’est lui qui va contribuer à donner à l’Association Réunion Département Français sa puissance d’action dans sa lutte contre le PCR et ses thèses.

Tête pensante, fin stratège, s’exprimant clairement, tant à l’écrit qu’ à l’oral, devant des petits groupes comme devant des foules immenses, massées au jardin de l’Etat ou au Barachois, Albert Ramassamy ne se laisse pas impressionner par la force de frappe du PCR et la dialectique de son leader. Il remobilise ceux qui doutent, soulève les énergies et galvanise les foules. 
 
C’est  d’Albert Ramassamy qu’on attend les arguments, les discours, les articles et les dossiers pour combattre et faire reculer les thèses de Paul Vergès, de ses camarades, de ses soutiens et de ses relais, ici et au niveau national. Un combat que nombreux observateurs  considéreront comme sympathique mais perdu d’avance au nom de « la roue de l’histoire » mais c’était compter sans la détermination inébranlable d’Albert Ramassamy, servi par une grande intelligence et un talent exceptionnel.     
 
Et autant dire qu’Albert Ramassamy est la cible numéro un du PCR.  Des campagnes entières de Témoignages lui sont continûment consacrées à lui qui ne renie en rien ses engagements et son appartenance à la gauche mais une gauche départementaliste.
 
Pour Albert Ramassamy, il n’y a là nulle contradiction mais au contraire fidélité à ses idéaux, au service de son ile natale et des plus démunis de ses compatriotes.
 
Vilipendé par le PCR et ses alliés  autonomistes, sollicité  par les hommes de Droite, mais néanmoins tenu à distance par eux quand il parle justice et redistribution, Albert Ramassamy ne se laisse pas fléchir et défend sans relâche l’intérêt de La Réunion.

Une voie qui toutefois n’est pas simple et qui ne prépare nullement à des succès électoraux.

Mais Albert Ramassamy, qui n’entend pas faire de la politique une source de revenus, a repris ses études, passe l’équivalent du bac puis une prépare une licence d’ économie, ce qui lui ouvre la voie au professorat, puis lui permet de devenir chef d’établissement. C’est ainsi qu’il se retrouve proviseur du lycée Leconte de Lisle, établissement qu’élève, il n’avait pu fréquenter. Sacrée victoire sur le destin que la colonie avait cru bon lui fabriquer.

Trahi par les siens et le PS de Gilbert Annette
 
Candidat à de nombreuses élections, cantonales et législatives notamment dans les décennies 1960 et 1970, il lui faudra attendre l’élection de François Mitterrand  le 10 mai 1981, pour décrocher ses premiers mandats électoraux. Le climat politique a changé. Le  PCR a renoncé à son mot d’ordre d’autonomie démocratique et populaire. Les socialistes se sont rabibochés. Albert Ramassamy est élu conseiller régional, conseiller municipal  et sénateur.  
 
 Mais changement de climat et rabibochage politique ne modifient pas fondamentalement ce qui fait le plus souvent une organisation politique. La fidélité et la constance ne sont pas les valeurs cardinales de bien de ces organisations, y compris après 1981, à droite comme à gauche, au PCR comme au PS. Et c’est ainsi qu’après avoir été des décennies durant  cloué au pilori par le PCR, tenu à distance par la droite, que ce seront  les dirigeants de son propre parti, le PS, au premier rang desquels Gilbert Annette, qui s’organiseront pour écarter Albert Ramassamy du Sénat, lors du renouvellement de son mandat, puis pour le pousser vers la sortie politique.

Reste qu’ils n’ont pu lui enlever ni son intelligence, ni son talent, ni la reconnaissance de la Réunion en attendant le jugement de l’Histoire.   

 

Albert Ramassamy : La départementalisation comme colonne vertébrale

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