Lors du dernier rassemblement du parti communiste réunionnais, Paul Vergès avait émis le souhait de voir émerger un nouveau CRADS, le Comité Républicain d’Action Démocratique et Sociale créé en 1945 ([Le CRADS, modèle de Paul Vergès : Il avait disparu après l’assassinat d’Alexis de Villeneuve]urlblank:http://www.zinfos974.com/Le-CRADS-modele-de-Paul-Verges-Il-avait-disparu-apres-l-assassinat-d-Alexis-de-Villeneuve-_a25134.html ). Un mouvement qui répond à l’oreille attentive d’Albert Ramassamy, ancien sénateur PS de 1983 à 1992, mais surtout acteur majeur de cette époque où la Réunion se déchirait entre départementalistes et autonomistes.
Le « Comité Républicain d’Action Démocratique et Sociale » (CRADS) évoque forcément quelque chose à toutes les personnes qui ont connu cette époque. Pour Albert Ramassamy, la création du CRADS intervient à une époque où la Réunion était scindée. « Il y avait le bloc des notables qui gérait tout, de l’autre les gens de couleurs ou encore les petits blancs. Le CRADS était à la fois revendicatif à l’encontre des possédants pour bouleverser la main-mise économique mais avait aussi une revendication sociale, notamment au niveau de cette hiérarchie installée. Le CRADS était incarné par Raymond Vergès. A l’époque, j’habitais Champ-Borne, le docteur Vergès visitait les malades sans se faire payer, ce qui fait que le CRADS connaissait un réel succès grâce à l’image des Vergès. Le CRADS était incarné par cette famille. Léon de Lépervanche avait une aura moins grande », reconnaît Albert Ramassamy.
Le combat de l’Association Réunion Département Français
Plus tard, les deux députés du CRADS qu’étaient Vergès et de Lepervanche se sont rendus compte que pour exister sur le plan national, il fallait adhérer au Parti communiste français. Ces derniers, par un communiqué, ont fait savoir à la Réunion qu’ils intégraient le Parti communiste et délaissaient le CRADS. A cette époque, le PC était, en effet, avec 25% des voix, le premier parti de France et confortablement installé dans un gouvernement de gauche. « On peut dire que le CRADS s’éclate au moment où ils s’encartent au PC, ce qui est vécu comme une forme de trahison par les militants du Comité Républicain d’Action Démocratique et Sociale ».
Puis en 1947 vient l’ordre de Moscou de transformer la lutte pour l’émancipation des territoires dits « colonisés » par un combat tourné contre l’occident. « Mon combat, avec le Comité de sauvegarde de la départementalisation puis de l’ARDF (Association Réunion Département Français) en 1962, même s’il est très peu évoqué, a consisté à l’éloignement de cette menace d’une Réunion coupée de la France ».
Le souhait des autonomistes était de réduire la France à un rôle de « puissance coopérante ». Alors que 70% de la population était analphabète dans ce temps, « il ne fallait compter que sur les réunions de quartiers pour délivrer son message. C’est pour cela que nous avions formé ce que nous appelions des « cellules » qui devaient quadriller le territoire. Les gens étaient informés de la sorte ».
« L’évocation du CRADS par Paul Vergès n’est, selon moi, que l’expression d’un moment de faiblesse de la part de Paul Vergès et du PCR après l’échec de 2010. Il reprend ce terme mais il n’est pas dupe, il sait très bien qu’il y a eu une transformation sociologique de la population. Les gens sont informés de toute part et peuvent se forger leur propre opinion », soutient l’ancien sénateur.
Le rêve d’une gauche unie
« Déjà, en 1996, Paul Vergès qui était assez affaibli, avait suivi un appel à un grand rassemblement de la gauche locale. Ce sont d’ailleurs les socialistes qui l’ont poussé vers les sénatoriales. Annette rêvait de concrétiser cette union de la gauche. Mais deux ans plus tard, Paul Vergès avait été plus malin en écartant ce même PS pour accéder à la pyramide inversée ».
Aujourd’hui, c’est un moyen de dire « rassemblons-nous ». « Ce n’est pas un hasard si le CRADS est né dans l’opposition. Il faut se rappeler que le Comité Républicain d’Action Démocratique et Sociale regroupait toutes les mouvances de gauche à l’époque ». « C’était un parti unique », rappelle Albert Ramassamy. « Paul Vergès sait que le seul moyen pour le PCR de revenir sur le devant de la scène est d’appeler à ce rassemblement ».