La Réunion va mal. Tout le monde le sait et le dit. Ni le Gouvernement central, ni les assemblées locales n’ont pour elle un projet valable. Le Gouvernement en attend un des élus, lesquels lui reprochent de se désengager. Ce qui plonge le pays dans l’impasse. Les routines administratives en assurent la vie. Que faire pour avancer ? Les plus compétents de nos élus, car il y en a, sont réduits à l’impuissance à cause de la division des partis. Ces derniers sont sans cesse en proie aux factions. Car pour réussir leur carrière, certains élus montent des cabales. D’autres changent d’étiquette. De ce tohu- bohu surgit parfois un ensemble hétéroclite, comme celui qui gère le Conseil Général. Cette majorité composite ne peut que suivre l’ornière, alors que l’urgence sociale lui commande d’en sortir et de chercher des voies nouvelles.
Quant aux partis, ils sont devenus des structures vides, désertés par les élites qui les jugent mal fréquentés. Raison pour laquelle, ce ne sont plus les partis qui font les élus locaux, mais les maires. C’est vrai surtout pour les plus importantes des communes. Adulés par des courtisans qui animent les réseaux, certains de ces maires, excellent dans le clientélisme. En conséquence de quoi, des fonctions importantes, et même électives, ne vont pas aux plus capables, mais aux meilleurs rabatteurs et aux plus fidèles des flatteurs. Ce dévoiement de la démocratie inquiète les démocrates par ses conséquences. Ces derniers voient se développer un mal qui se nourrit de ce qu’il détruit. En effet un retour en force dans les partis et les assemblées, d’élus ayant purgé une peine d’inéligibilité, enlève à la politique sa noblesse et sa force attractive. Tout renouvellement risque de se traduire alors par une baisse de compétences. En économie, on dit que la mauvaise monnaie chasse la bonne. Par analogie, ne peut-on pas dire la même chose de la politique ?
Et que font les électeurs pour enrayer ce mal ? Trop d’entre eux choisissent l’abstention plutôt que le combat. Heureusement pour la Démocratie que sans se concerter, plusieurs groupes se sont formés qui réfléchissent et enquêtent.
Le but de ce courrier, est d’inviter ces groupes à s’unir dans une structure commune afin d’élaborer ensemble une charte républicaine où se trouverait la réponse à la question suivante : Que faire pour recentrer la politique sur les valeurs morales et la compétence ?
C’est maintenant et hors période électorale qu’il faut y répondre. Un citoyen ordinaire, retrouve une citoyenneté pleine et entière, après avoir purgé une peine qui l’a privé de ses droits civiques. En est-il de même pour un élu ? Ce dernier n’est-il pas tenu à une obligation d’exemplarité, qui lui interdirait tout retour à la vie politique ? Pourquoi ne pas en débattre. Il n’y aura débat que si cet appel est entendu.
Albert Ramassamy
Ancien Sénateur