La compagnie avait dû contracter plusieurs prêts afin de faire face aux effets de la crise. Ainsi, en 2020, les banques (Crédit agricole, BPI et BFC OI) lui ont prêté 90 millions d’euros, sans compter les 30 millions d’euros d’apport initial de la SEMATRA (20 millions d’euros de la CDC et 10 millions d’euros pour la Région Réunion) sous la forme de prêts d’actionnaires subordonnés, soit un total de 120 millions d’euros. Un montant qui n’a pas permis à Air Austral de retrouver une situation d’avant-crise et qui l’a poussé à contracter de nouveaux prêts en 2021 : 25 millions d’euros de la Région via la SEMATRA (toujours sous la forme d’un prêt d’actionnaire subordonné), 20 millions d’euros via le Fonds de développement économique et social (FDES) et enfin 10 millions d’euros d’apport de la part de l’Etat.
Au total, la multiplication de ces prêts a endetté la compagnie régionale à hauteur de plus de 214 millions d’euros à fin 2021. Face à ce constat et aux renflouements successifs dont a bénéficié la compagnie réunionnaise, l’État avait poussé pour le rapprochement de la compagnie régionale avec Corsair, allant beaucoup plus loin que la joint venture signée en août dernier.
Pour l’heure, si l’Etat a toujours poussé pour un rapprochement d’Air Austral et de Corsair comme nous vous l’annoncions en septembre 2021, Huguette Bello était jusqu’à dernièrement contre cette solution de rapprochement avec Corsair, appelant même les investisseurs locaux à un « patriotisme économique » pour sauver la compagnie (Vidéo – Huguette Bello appelle les Réunionnais au patriotisme économique pour sauver Air Austral).
La nomination inquiétante de Nicolas Sarkozy à Corsair
Selon nos informations et face à la situation toujours critique de la compagnie, la Région Réunion, qui souhaite toujours garder l’identité réunionnaise de la compagnie et son ancrage territorial, réfléchirait toujours à des solutions alternatives à celle de Corsair, souhaitée avec insistance par le gouvernement.
La Région prend comme un signal positif les messages répétés à l’envi par les différents ministres que, certes ils préfèreraient la solution Corsair mais que toutes les autres options sont encore sur la table, à condition qu’on leur fasse la démonstration qu’elles sont meilleures. Comme l’a encore répété Jean Castex la semaine dernière à Huguette Bello lors de la signature des accords de Matignon.
Ça c’était avant que les responsables de la Région n’apprennent, cet après-midi, la nomination de Nicolas Sarkozy comme président du conseil consultatif (advisory board) de Corsair. L’ancien président de la République est aussi devenu consultant au sein du comité de direction du groupe de tourisme Marietton, dont le nom avait souvent été cité comme étant celui qui tirait en coulisses les ficelles du récent rachat de Corsair par des capitaux antillais. Ce que l’intéressé et Corsair avaient toujours démenti.
Ajoutons à cela les rumeurs insistantes sur un appel de Nicolas Sarkozy, entre les deux tours, à voter Macron à la présidentielle et on peut comprendre l’inquiétude des responsables de la Pyramide inversée. Est-ce que Air Austral n’est pas tout simplement une des contreparties demandées par Nicolas Sarkozy en échange de son soutien? Et comment résister dans ce cas-là à l’amicale pression de l’Elysée et de Matignon, sachant que les caisses sont vides et que la Région n’a pas les moyens de les renflouer?
On devrait en savoir plus à l’occasion du conseil d’administration de la SEMATRA qui se tiendra vendredi…