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Air Austral : « L’Américain » et son ego

A l’heure où la classe politique mahoraise s’émeut enfin de la politique tarifaire de la compagnie Air Austral envers leurs compatriotes, échéance électorale oblige, je ressens néanmoins une certaine fierté d’avoir été le lanceur d’alerte dans ce dossier, et surtout d’être dorénavant suivi et d’avoir le soutien de l’ensemble de la population mahoraise qui s’exaspère, […]

Ecrit par Théophane « Guito » NARAYANIN Actionnaire de la compagnie Air Austral Ancien membre du Conseil de surveillance – le mercredi 12 juin 2019 à 14H49

A l’heure où la classe politique mahoraise s’émeut enfin de la politique tarifaire de la compagnie Air Austral envers leurs compatriotes, échéance électorale oblige, je ressens néanmoins une certaine fierté d’avoir été le lanceur d’alerte dans ce dossier, et surtout d’être dorénavant suivi et d’avoir le soutien de l’ensemble de la population mahoraise qui s’exaspère, et qui ne veut plus jouer le rôle ni de souffre-douleur, ni de la « poule aux oeufs d’or », ni de « vache à lait » d’une compagnie dite régionale qui, du haut de son piédestal, regarde les mahorais comme autant de portefeuilles qu’il conviendra de délester à tous prix de leurs maigres subsides.

Marie-Joseph MALE, alias « l’Américain » se délecte de cette situation de monopole qui lui permet d’assurer la survie de la compagnie. Car disons-le bien, sans l’argent des mahorais, la pérennité d’Air Austral serait bien évidemment remise en question. Une situation qui lui permet de surcroît de continuer, contre vents et marées, de se féliciter d’investissements inconsidérés, notamment pour ce qui concerne l’acquisition d’appareils de type BOEING 787 Dreamliner, cela même qui avaient été refusés et rendus à Boeing pour la compagnie Japonaise ANA, et qui aujourd’hui se retrouvent une nouvelle fois bloqués au sol, au lendemain d’un longue période d’immobilisation du fait d’un changement de moteurs (passer d’une motorisation General Electric GE à Rolls Royce, avec les problèmes d’ailettes que nous connaissons actuellement) et d’un entretien général aux Etats-Unis.

Les avions neufs d’occasion défiscalisés de la compagnie Air Austral n’ont pas finis de tenir en haleine les usagers.

Comment comprendre qu’une compagnie aérienne, qui ne dispose que d’une flotte de 8 avions, prennent le risque d’investir dans 2 prototypes du modèle Dreamliner 787, alors même que celui-ci est décrié, et qui constitueront donc 25% de sa flotte. C’est aberrant. Pour exemple, la compagnie Air France dispose de 9 avions de ce type, mais sur une flotte qui ne compte pas moins de 208 avions, soit l’équivalent de 4% de sa flotte.

Pourquoi ne pas avoir privilégié l’acquisition d’AIRBUS A330-200 qui disposent des mêmes caractéristiques techniques que le BOEING 787 Dreamliner, mais qui lui a déjà fait ses armes et ses preuves puisque lancé dès 1995 et utilisé par la grande majorité des compagnies aériennes dans le monde. Un avion qui a déjà été commercialisé à 634 exemplaires, avec 27 unités supplémentaires restant en attente de livraison. Un avion tout à fait capable de remplir la mission pour un direct Mayotte-Paris avec le plein passagers (275 PAX) comme le démontre les études réalisées par le Bureau d’Etudes Techniques d’AIRBUS. Pourquoi dénigrer AIRBUS, alors que la majorité des compagnies françaises font confiance à l’avionneur européen ?. Il est certain que cela devait être plus rentable d’acheter des avions invendus et par conséquent disponibles, de surcroît une présérie dont personne ne voulait, et de bénéficier au surplus d’un substantiel crédit d’impôt de près de 20 millions d’euros permettant d’arranger les chiffres de la compagnie.

Mais n’aurait-il pas été plus judicieux de préserver les 40 millions d’euros d’acompte d’ores et déjà versés à l’époque à AIRBUS du temps de la précédente gouvernance pour acquérir un A380 (Aujourd’hui provisionnés en pure perte), modifier cette commande pour privilégier des A330-200 tout en gardant le bénéfice de l’acompte et en disposant là-aussi de la manne de la défiscalisation. Le délai de livraison de ces appareils aurait certainement été plus long que pour des BOEING 787 Dreamliner invendus, mais cela aurait pu être pallié par la location temporaire d’appareils auprès d’autres compagnies. Cela n’aurait pas été une nouveauté pour Air Austral que de se résoudre à l’affrètement d’avions auprès de diverses compagnies européennes, comme c’est le cas actuellement. Air Austral aurait dès lors pu s’enorgueillir de l’acquisition d’appareils en pleine adéquation avec les besoins de la compagnie.

Je pose la question, à qui profite le crime ?

« L’Américain », à l’appui de son conseil de surveillance qui marche à quatre pattes pour des jetons de présence et des billets gratuits, continue d’adhérer à cette politique de terre brulée, d’investissements inconsidérés (Comme annuler à grands frais des commandes chez Airbus, pour privilégier Boeing), en omettant le régional, et tout cela avec la complaisance d’élus bienveillants de la Région Réunion, qui sous l’égide de la Coopération régionale, privilégient certaines velléités touristiques en favorisant des lignes inutiles comme Réunion-Seychelles, tout en flinguant les entreprises et les entrepreneurs de la zone en leur gratifiant de prix inconsidérés et de rotations disparates et aléatoires dans le cadre de leurs besoins en terme de déplacements professionnels, notamment sur la ligne Réunion-Mayotte. Quant au fret, n’en parlons pas, c’est la bérézina !. C’est sûr qu’avec un surpoids initial de 6 tonnes par rapport à la concurrence, c’est autant de passagers et de fret que le Dreamliner ne peut embarquer. Mais rien de grave, cela impacte Mayotte et les mahorais, alors rien d’important … !

La stratégie d’Air Austral, de « l’Américain » est, comme tout le monde le sait, directement dictée par la Région Réunion, au travers de son souffre-douleur, la SEMATRA (Actionnaire majoritaire d’Air Austral) qui, à coups de fonds publics, poursuit inlassablement sa politique d’investissements à fond perdus sur le dos des réunionnais et surtout des mahorais, car c’est bien la ligne Mayotte-Réunion qui continue à sponsoriser tous les fantasmes d’Air Austral.

Avec la redondance des pannes, des retards et toutes les difficultés que l’on connait en tant qu’usagers, une complète désorganisation de la ligne Réunion-Mayotte, mais aussi sur la destination Paris, les usagers se retrouvent être les
victimes d’un désordre sans nom à des prix exorbitants. Cela, avec toute l’indifférence de la compagnie Air Austral envers ceux qui la font vivre, ses passagers, qui une nouvelle fois vont être pris en otage à l’heure des grands départs estivaux, et qui devront jongler avec les annulations de vols, les reports et les retards, car l’appât du gain de « l’Américain » est plus fort que tout, au grand dam des usagers qui voient leurs euros se transformer en dollars « boeingien » pour faire survivre des appareils achetés d’occasion qui ont certainement bien plus leur place cloués au sol, comme c’est encore le cas aujourd’hui.

Réaliser le rêve des mahorais en proposant un vol prétendument direct entre Mayotte et Paris n’était dans les faits qu’une opération d’opportunité pour « l’Américain » qui s’assurait dans le même temps le concours des lobbies parisiens exhortant le fait que le dossier de la piste longue n’avait plus vraiment d’utilité et annonçant l’enterrement en 1ère classe du projet, et s’arrogeant par incidence la mainmise sur l’espace aérien mahorais.

Et comme souvent, ce qui aurait pu être une solution provisoire est depuis lors confrontée à la posture désinvolte de « l’Américain » qui fera tout pour que le provisoire dure et devienne permanent afin de s’assurer un monopole sans assurer le service à l’endroit des mahorais.

Mais jusqu’à quand allons-nous accepter d’être les « dindons de la farce » ?. Encore une fois, et « l’Américain » l’a bien dit devant les médias tout récemment, ce sont les mahorais qui trinqueront principalement du nouveau clouage au sol du Dreamliner. Il est l’heure de dire « Stop, çà suffit et d’agir !»

 

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