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Société

Agriculteur de l'antenne 4 du basculement des eaux: "Sans le salaire de ma femme..."


Jean-Max Zitte est agriculteur dans l’ouest de La Réunion. Il fait partie de ces agriculteurs de l’antenne 4 du basculement des eaux et membre de l'association des agriculteurs de l'Ermitage. Son exploitation sur ce secteur à mi-pente de la ville de Saint-Paul a été un véritable parcours du combattant. Aujourd’hui, après 20 ans de recul, il reconnaît qu’il ne s’en serait pas sorti sans l’entrée d’un deuxième salaire dans le foyer. Il nous raconte son itinéraire, de la transmission de l’activité agricole de ses parents jusqu’aux déboires rencontrées après son installation.

Par Ludovic Grondin - Publié le Lundi 14 Février 2022 à 14:44

Jean-Max Zitte à l'issue d'une réunion de travail avec des enquêteurs envoyés par le Conseil départemental en novembre 2020 pour tenter de déterminer le nombre d'agriculteurs endettés sur le secteur de l'antenne 4 située de part en part de la route des Tamarins à hauteur de la voie cannière menant vers la Saline-les-Bains
Jean-Max Zitte à l'issue d'une réunion de travail avec des enquêteurs envoyés par le Conseil départemental en novembre 2020 pour tenter de déterminer le nombre d'agriculteurs endettés sur le secteur de l'antenne 4 située de part en part de la route des Tamarins à hauteur de la voie cannière menant vers la Saline-les-Bains
M.Zitte, vous êtes aujourd’hui à la plateforme Tamarins de Saint-Gilles-les-Hauts. Que s’y passe-t-il ?

Il y a une réunion avec des personnes mandatées par le Département. Elles essayent de comprendre pourquoi il y a autant de dettes péridépartementales. Et sans doute déterminer quelle est la solution ? Est-ce qu’il faut annuler les dettes des planteurs ? Concrètement le Département missionne la Chambre d’agriculture qui elle-même envoie des enquêteurs. 

Pourquoi est-ce qu'il y a cette enquête ?

À l’époque tout’ té marche bien, l’argent té coule à flot. Là je pense qu’ils essayent de faire l'état des lieux (enquête réalisée à partir de novembre 2020, ndlr) car l’Europe demande des comptes ! Avec le Poséi* qui arrive, il ne faut pas qu’ils fassent les mêmes erreurs que par le passé. Donc pour moi les politiques tirent les ficelles à droite et à gauche pour tenter de déterminer vers quelle direction on va. La canne par le passé c’était la culture principale mais le temps est à la diversification.

Est-ce que c’est une perspective que vous soutenez ?

La diversification ok mais est-ce qu’il y a quelqu’un qui a déjà sorti des chiffres solides. Rien n’a été fait. Il n’y a aucune étude qui prouve qu’une personne qui a arraché 3 hectares de canne et qui a fait du maraîchage et du fruitier, elle a réussi. La diversification je suis d’accord mais à quel prix et quelle organisation il y a aussi en face ? Aujourd’hui je vous donne un exemple : on nous dit : « va faire de la diversification, va vendre au marché forain ». Mais au marché forain il n’y a pas que des planteurs, il y a des bazardiers aussi qui amènent des produits importés. Ce sont les bazardiers aussi qui en profitent sur l’importation, tout ça c’est un système. Pour moi, la canne est toujours viable. Les "sous-produits" comme on dit, je suis pour mais qu’est-ce que le producteur va y gagner là-dedans ? Moi je suis d’accord que quelqu’un puisse faire du foin, un petit peu de vergers, un petit peu de maraîchage mais il faut garder en colonne vertébrale la canne. 

Qu’avez-vous dit aux enquêteurs du Département sur la situation des planteurs de l’antenne 4 ?

Dans l’ouest, il y a des planteurs qui ont payé leur dette parce que leur femme ou leur mari té travail à côté. Zot la tire de zot ménage pou gain paye zot dette mais la difficulté reste là. Mi peut dire a ou que sur l’antenne 4 na un vrai problème. 

Pouvez-vous illustrer avec votre situation personnelle ?

Mon cas personnel : en 1999, j’ai loué un terrain de mon papa qui était agriculteur, maman agricultrice. A l’époque, avec 2 ou 3 hectares ou té gain vive ! J’ai pris 1,8 hectare et j’ai fait un agrandissement sur le secteur de l’antenne 4 sur Piton l’Ermitage. J’ai pris la suite du bail.

Vous avez semble-t-il eu de mauvaises surprises après votre installation fin des années 90 ?

J’ai repris un terrain de 11,8 hectares STB (surface totale brute, c’est-à-dire enregistrée au cadastre, ndlr) et je me suis rendu compte bien plus tard que je me retrouvais avec seulement 7,5 hectares en réalité !

Comment est-ce possible cette différence ?

À l’époque, les employés de la SAFER calculaient à l’aide d’un cordeau à tracer contrairement à aujourd’hui à l’aide du GPS qui peut mesurer dans les pentes, les plateaux etc., avec des mesures exactes. 

Et puis on avait une enveloppe d’aide pour défricher le terrain. Le défrichage était aidé à 100%, via des aides européennes du FEADER. C’était la SAFER qui gérait tout ça localement. Ce que je peux dire c’est qu’un épierrage grossier a été réalisé à l’époque et maintenant beaucoup d’agriculteurs rencontrent des difficultés car ils ne peuvent pas exploiter comme il le faut. Ils ont dû mécaniser donc ça leur revient plus cher et la faible profondeur du sol crée une perte au niveau de la valeur agronomique. 

Quand vous dites que l’épierrage a été mal fait, qui a mal fait ? 

L’épierrage a été mal fait. Je vous donne un exemple : dans votre champ de canne, vous avez des gros galets de plus de 3 kilos voire même jusqu’à 10 kilos. J’ai des galets que je ne peux pas enlever dans mon champ qui a pourtant été épierré… Est-ce que vous trouvez ça normal ? C’est pas normal ! Normalement j’aurais dû avoir des galets de 500 grammes en moyenne et assez dispersés. Je pense que les bulldozers qui sont passés là-dedans n’étaient pas des bull’ assez resserrés pour épierrer comme il faut. C’est la SAFER qui a géré tout ça et ils étaient payés pour faire l'épierrage. 

Vous, quand vous arrivez sur votre terrain, le défrichage était déjà fait?

Quand je suis arrivé sur mon terrain, on m’a dit que le défrichage avait été fait mais il avait été fait un an auparavant... Vous connaissez comment le climat il est à La Réunion. La pluie a tombé, les herbes ont poussé, les fatacs ont poussé, do moun la large boeufs dessus, et puis la met’ le feu. Je suis arrivé sur mon terrain et il y avait des petits fatacs brûlés d’au moins 30 cm que j’ai dû enlever à la pioche.

Donc vous avez dû tout refaire ?

Non, je n’ai pas refait, je n’avais pas de moyens, donc j’ai sillonné et j’ai planté mes cannes. Voilà j’ai eu une année très difficile. C’est un exemple parmi beaucoup d'autres d’erreurs faites. Et ça, vous ne pouvez pas l’attribuer qu’aux planteurs. 


Si la situation s’est enlisée après coup, j’imagine que vous étiez parti confiant en 1999 quand vous vous êtes installé ?

Aujourd’hui, ils disent que les agriculteurs doivent rectifier le tir, que les planteurs doivent payer…. Je dis non. Il y a tous les organismes autour de la table : il y a le Conseil départemental - auparavant il y avait 3 employés au sein de la cellule de l’antenne 4 avec 3 personnes envoyées par le Conseil départemental même - la SAFER et il y avait toutes les personnes qui faisaient des plantations de cannes. C’était déjà un système organisé pour permettre aux agriculteurs de planter de la canne.

Parce que la culture de la canne était favorable, le basculement de l’eau arrivait, il fallait mettre le terrain en valeur. C’était la politique agricole de l’époque et cette politique a été réfléchie dans des bureaux mais pas sur le terrain. Il n’y a pas eu de suivi non plus après avec les planteurs, sur le terrain, au niveau des techniciens mis à disposition comme dans le sud. 

Est-ce que vous estimez être laissé à l’abandon ?

Je pense qu’il y avait des gagnants là-dedans : c’était le Conseil départemental, la CISE, TEREOS, CBO. voilà les gagnants ! Qui est le plus gros perdant en ce moment ? Ce sont les planteurs. Pourquoi après 20 ans, on va dire au planteur ceci : « tu as une dette péridépartementale, il faut payer car sinon on saisit ton compte ». Pourquoi on lui dit ça ? Parce que maintenant il y a une nouvelle politique agricole, parce qu’il y a le Poséi et donc il faut tout remettre sur le tapis. En ce moment il y a beaucoup de remue-ménage. Il y a des dettes donc on sent qu’ils veulent évacuer tout ça, mais au final on ne parle pas de l’antenne 4, on ne parle pas des dettes. Il y a des planteurs qui avaient des dettes et qui ont dû vendre leur exploitation pour payer ces dettes. Et aujourd’hui, quand vous regardez cette enquête, ces planteurs-là n’y figurent pas car ils ont mis la clé sous la porte en 2013, 2014. 

Combien en sont arrivés à tout arrêter ? 

Il y a eu 5 ou 6 planteurs qui ont été obligés de vendre leur exploitation. Ils ont vendu leur parcelle pour s’en sortir. S'ils ne le faisaient pas, ils s’enterraient de plus en plus. 

Dans quel but votre association a été créée ?

L’association a été créée dans le but de redynamiser la zone antenne 4, mettre des actions en place, au moins que les planteurs puissent se rencontrer, échanger. Pourquoi certains ont réussi, d’autres non ? (Jean-Max Zitte en était le président au moment de ce long entretien en novembre 2020, aujourd'hui il est membre du bureau, ndlr)

Revenons aux années 2000. Lorsque vous vous lancez, avec les aides, à aucun moment vous imaginez que ça pourra être une mauvaise affaire. A quel moment vous vous êtes rendu compte que c’était un mauvais investissement ?

Je m’en rends compte au bout de 3, 4 années après installation. C’est comme une plante, au début elle est jeune, elle développe ses racines. Mais quand il n’y a plus de terre, à force de développer ses racines, il n’y a pas assez d’éléments dans le sol, il n’y a pas assez d’eau. Au début tu as une canne, la ligne de canne sera de la largeur d’une bordure, puis de la largeur d’une pierre, puis la souche va continuer à s’élargir et sera donc plus gourmande en eau et en éléments. 

Quand avez-vous compris que les terres de l’antenne 4 étaient très compliquées à cultiver ?

Au début tu ne le remarques pas. Mais au bout de trois ans, tu vois que les souches se développent mais le tonnage baisse. Tu te poses la question : est-ce que c’est un aspect technique que tu n’as pas maîtrisé ? Mais au final, tu te rends compte que chez ton voisin c’est pareil. Tu ne peux pas faire le sevrage, car tu dois sevrer la canne avant de la livrer. Finalement, sur l’antenne 4, il y a eu de tout : concernant le sol, nous n’avons pas été suivis comme il le faut. On a été délaissés. Quand tu regardes le bail avec la SAFER - notamment quand tu vois ce qui est écrit dans le bail emphytéotique - il devait y avoir un accompagnement. Mais ils nous connaissaient qu’en fin d’année, au moment d’envoyer le bail pour qu’on paye. L’objectif au début c’était le développement parce qu’il y avait le basculement des eaux, l’argent de l’Europe arrivait, plus d’un milliard de francs !

Peut-on parler d’argent public gaspillé ?

Je ne suis pas d’accord avec ça. Ce n’est pas un gaspillage d’argent public énorme. Pour moi les choses étaient bien faites mais il fallait avoir un suivi après. Les choses étaient mal étudiées dans le sens où ils ont mis des planteurs en place, mais sans suivi. Pour moi c’était pas un gaspillage car quand tu regardes, l’eau a quand même développé l’ouest. Peut-être que la partie basse de l’antenne 4, c’était des terrains en friche, il y a avait des boeufs moka, c’était des terrains adaptés pour eux avec des arbustes etc. Mais tout ça était écrit dans l’étude sur l’antenne 4 à l’époque : où est-ce qu’il y avait la terre ? Où est-ce qu’il n’y en avait pas ? Et donc, en fonction de l’étude, lorsqu’ils ont donné le bail emphytéotique, il fallait qu'ils disent que : 'dans cette zone-là, on installe quelqu’un mais on ne peut pas faire de canne'. Et il nous ont poussé plus vers le choix de la canne. Il y avait une complicité de tout le monde : les banques, TEREOS, CBO, SAFER, tout le monde ! 

Je vous donne un exemple : avant, tous les terrains CBO étaient en friche. Quand les planteurs ont pris, c’était une grande parcelle morcelée, ils l’ont donnée à la SAFER contre tant d’euros. La SAFER l’a payée et la SAFER l’a divisée en plusieurs morceaux avec des surfaces qui ne correspondaient pas, en plus. Tout le monde a été gagnant autour de la table. Qui a été perdant ? C’est le planteur !

Comment vous en êtes arrivé à vous retrouver avec une superficie moins grande que ce qui était écrit sur votre bail ?

À l’époque, les bull’ défrichaient les parcelles. Vous aviez un technicien SAFER qui venait sur la parcelle et qui disait : « j’ai défriché 3 hectares ». Toi tu sors de tes études ou bien tu sors de travailler avec tes parents, tu sors de service militaire, tu n’as aucune unité de mesure dans la tête, donc tu plantes. Le commercial en irrigation il arrive, il te dit qu’il va « prendre sa référence avec la SAFER » et que « ça fait tant d’irrigation ». Et toi tu vas à la banque en fonction du devis qu’il t’a fourni. Donc tu vas monter un prêt bancaire et en attendant tu payes ce prêt-là. Et quand tu sais que pour tant de tonnes de cannes, il faut mettre tant de quantité d’eau, ça fausse tout…

Vous dites que c’est en voyant que votre production était faible que vous avez commencé à comprendre qu’il y avait un problème…

Oui, quand tu te dis que tu as 4 hectares et que tu fais 310 tonnes, tu te dis : « té ! Moin la pas mette assez l’engrais ? Mois la pa mette assez d’eau ? » 

Et c’est là que vous vous rendez compte que la superficie du terrain n’était pas la bonne…

Voilà ! Et au bout du compte tu accumules des dettes. Voilà je pense que l’antenne 4, c’est ça qui s’est passé. 

Vous pensez qu’ils l’ont fait volontairement ou par négligence ?

C’était de la négligence mais au fil des années les erreurs ont un coût. Il y a un montant maintenant : qui règle la facture ? Est-ce que ce sont les planteurs ou bien les personnes qui ont organisé tout ça pour mettre les planteurs en place ? En tout cas, si financièrement je n’avais pas eu ma femme, j’aurais été peut-être comme mes camarades. Quand un seul revenu i rentre dans la famille, c’est difficile parce que quand ou lé agriculteur, out seul revenu qui rent' c’est un revenu que lé maigre. Je vous donne un exemple : j’ai une autre parcelle dans les hauts de Saint-Paul, je mets une fois d’eau par semaine et sur l’antenne 4 j’arrose tous les jours !

Le sol absorbe plus rapidement sur l’antenne 4 ?

Si je mets 50 mètres cube en haut par semaine, je dois mettre 50 m3 en bas tous les jours ! C’est à cause de l’évaporation. 

Si on enlève la partie financière amenée par votre femme, est-ce que vous travaillez pour la peau patate pour parler franchement ?

Non c’est pas une question travailler pour la peau patate mais il n’y avait pas de rentabilité sur l’antenne 4. Pour ma famille c’était compliqué. Je ne dis pas que je m’en sors bien mais je m’en sors, juste. 

Vous savez combien d’agriculteurs ont été endettés sur l’antenne 4 ?

À l’époque au moins 45 agriculteurs et entre 5 et 7 planteurs ont dû vendre leur exploitation entre 2012 et 2014. Ils étaient dégoûtés parce qu’ils avaient des dettes auprès du péridépartemental, des dettes des loyers SAFER. Tout cela était la conséquence de la mauvaise gestion de l’antenne 4 avec ce que je vous ai dit tout à l’heure : des erreurs accumulées, des erreurs de superficie réelle, du prix de l’eau qui a doublé. On est passé de 35 centimes de francs (soit 0,05 euros) le mètre cube quand j’ai commencé en 1999, à 10 centimes d’euros le mètre cube aujourd’hui. Imagine à zot que, en 20 ans, ça a doublé ! 

Quand vous dites que ces agriculteurs endettés ont dû "vendre leur parcelle", en fait ils les ont remises entre les mains de la SAFER ?
 
Non, ils recherchent un autre planteur, soit un agriculteur dans le sud, dans l’Est ou dans les hauts. Ils vendent leur terrain : admettons s’il y a des investissements dessus (les tuyaux, les cannes, l’abri), entre 20 et 60.000 euros. Voilà, ils récupèrent cet somme et ils payent leur dette péridépartementale. 

Je connais deux agriculteurs de l’antenne 4 qui sont toujours agriculteurs mais c’est parce qu’ils ont des parcelles dans les hauts. Ceux qui ont abandonné c’est parce que les charges étaient trop importantes sur l’antenne 4. Et il y a deux autres planteurs qui ont vendu leur terrain mais ils travaillent en tant que salarié sur leur ancien terrain donc ils ont gardé la fibre agricole quand même. 

Sur les 45 de l’antenne 4 qui se sont lancés dans les années 2000, il en reste combien du coup ?

Il y a plus de 7 qui ont vendu leur parcelle. Après il y a le double qui a plongé. Au moins 14 qui se sont retrouvés en difficulté. 

Quand vous dites « plongés », vous pensez à quoi ? 

Soit ils ne peuvent plus produire car ils n’ont plus de trésorerie, soit ils ont des dettes auprès du peridépartemental. Voilà. Pourtant au début, Il faut dire que la plupart des planteurs qui se sont installés étaient des JA, ça devait le faire normalement... 

Quand vous dites que c’était des jeunes agriculteurs, ça veut dire qu’ils bénéficiaient d’un bon soutien pour démarrer leur activité ?

Oui, ils ont eu des subventions, et même après leur installation et jusqu’à deux ans après. Je pense que c’est ça qui a permis aux agriculteurs de se maintenir. C’était comme un sevrage et quand il n’y avait plus cette aide, la trésorerie a diminué et diminué !

La SAPHIR dans l’histoire ?

La SAPHIR ça ne fait pas longtemps qu’ils sont dans l’ouest. Ça fait trois, quatre ans. Leur local était là-haut mais c’était la CISE le fermier. C’était un bâtiment du Conseil général. Donc la SAPHIR n’avait rien à voir avec tout cela. Au contraire peut-être même qu’ils ont repris les dettes de la CISE… c’est peut-être pour ça qu’il y a une bataille pour savoir qui va payer l’ardoise. Et la SAPHIR c’est un privé, il ne peut pas prendre les dettes d’un public. 

C’est peut être pour ça qu’il y a des enquêteurs aujourd’hui ?

Qui paye les dettes maintenant ? Est-ce que la SAPHIR reprend les dettes ou est-ce que c’est le Département qui saisit les comptes des planteurs comme ils le font ces derniers temps ? Pour reprendre sa que zot i doit. 

Le Département est passé à l’action comme cela ?

Oui, ça été fait en 2019. En 2020, je ne sais pas. Des agriculteurs ont eu des saisies sur les comptes mais pour moi c’est pas la solution. 

Qu’est-ce qui pourrait être fait sur l’antenne 4 ?

J’en discute mais c’est pas pour faire une guerre politique. Sans jeter la pierre à personne, il y a un historique, il faut tirer des leçons de cette historique-là. Il faut qu’ils travaillent avec les planteurs pour peut-être corriger les erreurs et aller de l’avant. Il faut un meilleur accompagnement. Il faut que l’accompagnement se fasse pour tout le monde, pas que pour les personnes en difficulté. Car même les personnes qui ont réussi sur leur terrain, c’est grâce à de l’argent en dehors de l’antenne 4, grâce au deuxième revenu de leur conjoint. Je dis qu’il faut aider les personnes en difficulté et de ne pas oublier les personnes qui sont là depuis 1998. Quand je dis aider, je ne parle pas forcément d’argent. Nous sommes sur une grande commune à Saint-Paul et il n’y a pas de marché des producteurs par exemple. Pourquoi au niveau du TCO, du Département, les associations agricoles de Saint-Paul ne travaillent pas en commun pour un marché des producteurs car au marché forain, le problème c’est qu’il y a des bazardiers qui trouvent le moyen de proposer des produits importés. 

Vous pensez que c’est encore possible de rattraper le coup et d’enrichir cette terre ?

C’est possible. Voyez, on fait du hors sol sous des serres. Pourquoi on ne pourrait pas faire du hors sol sur l’antenne 4 ? S’il n’y a pas de terre, on peut faire du hors sol ! On a du soleil, on a de l’eau. On peut faire plein de choses sur l’antenne 4 mais après il faut mettre les moyens en face. 

Est-ce que vous êtes 100% canne ?

Oui, 100%, plus 1000 mètres carré de maraîchage. 

Au bout de 20 ans, quel bilan tirez-vous ? 

Personnellement c’était un bon point. A l’époque j’étais au chômage. J’ai même eu du RSA durant un an. À l’époque, j’avais un BEP horticole, je voulais m’installer au début dans la canne car c’était la seule culture financée par la banque. Si tu arrivais avec un projet de maraîchage, il était refusé. Ou bien si tu allais à la SAFER pour te donner un bout de terrain pour un projet maraîchage on te disait : « ou gagnera pas, out camarade va gagner ! Mais si ou plante la canne, i donne a ou ». Avec toutes les aides européennes, tous les feux étaient au vert.

Mais maintenant si vous me demandez ce que je retiens de l’antenne 4, je dirais que je suis parti de l’avant. Si aujourd’hui j’ai un véhicule, j’ai pu acheter un bout de terrain pour faire ma maison, c’est par rapport à l’antenne 4, parce que j’ai mis mon travail, mon courage malgré les difficultés et puis ma madame a travaillé de son côté. L’argent est sorti des deux côtés et ça a construit des choses pour une famille. Si vous me dites aujourd’hui que « l'antenne 4 m’a mis dans la merde », je dirais non, il y a eu des moments de merde, j’ai su gérer. Mais l’antenne 4 il n’y a pas que des choses négatives. Il y a eu des hauts et des bas. C’est vrai que c’était des moments difficiles et il fallait trouver des solutions. 



Comme Jean-Max Zitte, les agriculteurs de l'antenne 4 qui ont connu d'énormes difficultés à sortir la tête de l'eau pendant des décennies peuvent désormais avoir une idée de ce qui a pu se tramer dans les années 90. Quelques mois après le début de notre enquête, nous avons pu vérifier auprès d'un acteur clé de l'époque que des décisions prises en haut-lieu ont eu des conséquences néfastes pour ces agriculteurs : 

Le conseil général a fait pression pour lancer la culture de la canne sur l'antenne 4 du basculement des eaux




1.Posté par Eva Payet le 14/02/2022 15:23

Le Conseil départemental aux côtés des agriculteurs, laissez moi rire.

Plutôt au service de quelques uns...

2.Posté par Gros blanc le 14/02/2022 16:39

Combien de 4x4 a t il achète ? Combien de voyage au salon à Paris ? Vous avez été des chèvres grassement aidées et maintenant zot i plér !

3.Posté par Pascal le 14/02/2022 17:21

Quand va-t’on arrêter de jouer aux cons! Le basculement des eaux a servi à alimenter les terres à lotissement de Chateauvieux et CBO territoria avec la complicité des élus. Mont Roquefeuille ça vous parle? Certains administratifs de la Région apparentés à d’autres du Conseil Général ont oeuvré à profit…
Alors, du journalisme cet article?
Des voies « cannières » payées par le FEOGA et transformées en desserte pour les Porsches, Mercedes et BM du quartier, ce Môssieur en est fier?
Coquins i soutient copains

4.Posté par Pascal le 14/02/2022 17:27

C’est ça La Réunion et…les Réunionnais. Rien dans la tête pour comprrr et bête qu’ils ont été les faire-valoir de la mise en valeur des terres inexploitables de Chateauvieux et CBO pour prétexte au basculement des eaux d’Est en Ouest servant à alimenter les terres devenues constructibles et vendues à prix d’or. La spéculation sur le dos des « pauvres bêtes » qu’on a nourri de subventions et de défiscalisation. Les assistés peuvent être fiers d’avoir réussi à consommer sans s as voir produit. Nou la fé, sa mem mem, la renyion lé la, là dodo lé la.
Pauvre Réunion, pas de quoi pavoiser…..

5.Posté par Davidgoliath le 15/02/2022 07:19

Ce basculement des eaux est une aberration écologique. Les terres des hauts de l'ouest n'ont pas les qualités requises pour l'agriculture. Aujourd'hui l'est de l'île trinque pendant que les promoteurs se frottent les mains et le grand gagnant c'est CBo Territoria.

6.Posté par Axel le 16/02/2022 06:31

Bah Mr fallait faire un autre metier

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