A la barre, le jeune homme, tête baissée, a évoqué des pulsions qu’il assouvissait dans la violence deux fois par mois. Des coups de poing sur ses petits frères âgés de 7 et 11 ans au moment des premières agressions, quand les deux enfants refusent de se livrer à ses perversions. Lui en avait 14 en 2013. La fratrie évolue alors dans un contexte familial marqué par l’alcool et les violences que les parents, en pleine séparation, s’infligent.
A leur séparation définitive, c’est Tristan qui tentera de s’occuper d’eux mais les enfants vivent davantage dans la rue, nourris par des voisins, ramenés chez eux par les gendarmes. Sa mère boit « du matin jusqu’au soir », a expliqué Tristan. Vers 12 ans, sa mère, à peine consciente, et son beau-père ont des relations sexuelles devant lui. Durant son enfance, Tristan lui-même a été victime d’agressions sexuelles commises par le cousin de sa mère.
Fellations devant des films pornographiques
Dans ce contexte tragique, Tristan va s’en prendre régulièrement à ses petits frères particulièrement vulnérables, souffrant de handicap. L’adolescent s’enivre, consomme des stupéfiants et regarde des films pornographiques devant lesquels il les obligent à lui faire des fellations.
Finalement suivis par les services sociaux, les deux derniers retournent auprès du père. Tristan fait un passage par le foyer de Terre rouge et finit, « trop impulsif », par retourner chez sa mère. La fratrie continue de se voir. Les agressions incestueuses se poursuivent sur plusieurs années à l’abri des regards. Deux fois par mois, Tristan « dirige sa rage » envers ses frères jusqu’à ce que le plus jeune se livre à l’école.
« La noirceur de la famille apparaitra donc bien plus tard », a souligné ce jeudi Me Nathalie Pothin pour l’Arafuja, partie civile pour les deux enfants. En tenant compte du « contexte incestueux », la procureure Caroline Calbo a requis une « peine sanction » de 6 ans de prison. Malgré la plaidoirie de Me Ghislain Chang to Sang misant sur les services judiciaires et sociaux insuffisants pour protéger ces enfants dont son client, Tristan a été condamné à 4 ans de prison ferme pour les faits qu’il a commis majeur. Un suivi socio-judiciaire de 3 ans (2 ans en cas d’inexécution), une injonction de soins et une inscription au Fichier Judiciaire Automatisé des Auteurs d’Infractions Sexuelles (FIJAIS) ont également été prononcés. Il devra s’acquitter de 8 000 euros d’indemnisation pour la partie civile.