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Agressions homophobes : « Il y a urgence »

L'association de soutien aux victimes de discriminations et à leurs proches, Orizon Réunion, s'exprime via une tribune libre suite à l'agression d'un couple d'homosexuels survenue dans un transport en commun. Le 18 octobre, Benoît et son compagnon Florian ont été la cible d'une agression verbale alors qu'ils se trouvaient dans un bus qui effectuait la liaison Saint-Denis/Saint-Pierre. Les deux jeunes ont décidé de porter plainte.

Ecrit par Zinfos974 – le jeudi 25 octobre 2018 à 10H18

Une agression qui nous interpelle tous

L’agression homophobe de deux jeunes dans un transport en commun nous interpelle.

Cette agression verbale s’étant déroulée sur près de deux heures, selon les éléments rapportés, on peut se poser la question de la sécurité des passagers à bord des cars. On a déjà vu des chauffeurs se rendre directement au commissariat le plus proche… Le chauffeur n’avait-il aucun moyen de prévenir sa hiérarchie ? Peut-être a-t-il agi en ce sens ? Dans le cas contraire, cela ne relève-t-il pas de la non-assistance à personne en danger ? Ces questions posées, l’enquête devra apporter des réponses suite à la plainte déposée par les victimes.

Quant aux autres passagers, à part une dame – et aucun monsieur –, l’éventuelle peur de représailles, excuse un peu facile, ne suffit pas à expliquer leur absence totale de réaction. Il aurait peut-être suffi qu’une personne montre son désaccord pour que d’autres suivent. Honte à eux d’être restés impassibles, comme si rien ne se passait. Et si c’était leur fille qui avait été agressée sexuellement, comment ces personnes réagiraient-elles en apprenant que personne n’a bougé ?

Une « norme » appelée à évoluer

Sans s’interposer directement, il est surprenant que personne n’ait songé à appeler directement la police, voire à faire un texto d’alerte ; à l’heure où 9 passagers sur 10 passent leur temps de voyage sur leur smartphone, on reste pantois.

Bien évidemment, honte également aux quatre agresseurs imbéciles mais l’attitude de la majorité des usagers de ce car ne pouvait que favoriser leur persévérance à poursuivre leur « jeu », voire à les encourager dans l’escalade de la violence.

Au-delà de ce « fait divers », cela pose une question sociétale grave, celle de l’acceptation de la différence. 

Notre éducation repose sur le modèle de la norme, le comportement que la majorité  considère comme une règle à suivre. Mais nous oublions que ces normes diffèrent et évoluent selon les cultures et les sociétés.

Il est donc important d’intervenir dans les établissements scolaires, afin de sensibiliser les jeunes aux discriminations en général, dont celles concernant l’identité sexuelle. Les bénévoles des associations comme la nôtre s’y emploient, palliant ainsi la carence de l’Education nationale qui a certes mis en place une campagne de prévention de l’homophobie, mais les textes ne suffisent pas. Cette campagne « L’homophobie n’a pas sa place à l’école », initiée en 2015, s’est limitée à des supports pédagogiques, sans réelle formation pour les utilisateurs et n’a pas été réactivée.

Chaque avancée apporte son lot d’opposants

L’Etat a un rôle essentiel à jouer : la législation et son application amèneront la  banalisation des regards sur ce qui est encore aujourd’hui considéré comme hors norme, les débats parlementaires sur la procréation médicalement assistée (PMA) en font partie ; malheureusement, et en attendant l’évolution des mentalités, on assiste à un regain d’actes homophobes, comme cela s’est produit après le vote du mariage pour tous (où les témoignages d’agressions LGBTphobes ont été multipliés par trois).  Chaque avancée apporte son lot d’opposants, qui pour des raisons religieuses, qui pour des raisons autres, toutes révélatrices de leur intolérance envers autrui.

Au-delà des avancées qui prendront du temps pour faire évoluer les mentalités, l’Etat a une double responsabilité : celle de rappeler que la haine LGBT n’est pas conciliable avec les valeurs de notre pays et celle de rappeler que la peine maximale encourue pour injure publique en présence de circonstance aggravante liée à l’orientation sexuelle est de 6 mois d’emprisonnement et 22 500 € d’amende. Les jeunes qui se pensent protégés derrière l’anonymat des réseaux sociaux ignorent souvent que cette peine est doublée dès qu’il s’agit de diffamation publique.

Le soutien aux victimes est la première mesure forte attendue par les associations de lutte contre la haine LGBT mais elles attendent aussi la mise en place de mesures concrètes de prévention et de sensibilisation. Il y a urgence.

Association OriZon
(Association de soutien aux victimes de discriminations et à leurs proches)

Photo : By Ludovic Bertron from New York City, Usa

 

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