C’est une réforme de la Constitution autorisant l’expropriation des fermiers blancs sans compensation qui a été votée ce mardi 27 février 2018 en Afrique du Sud.
Il est prévu que leurs terres soient redistribuées au profit de la majorité noire, un sujet très controversé qui agite la vie politique du pays.
À une très large majorité, les députés sud-africains ont adopté une motion mettant en place une commission chargée de réviser à cette fin l’article 25 de la la loi fondamentale d’Afrique du Sud.
Ce texte était défendu par le chef des Combattants pour la liberté économique (EFF, gauche radicale) Julius Malema, connu pour ses prises de positions anti-Blancs.
« Le temps de la réconciliation est fini. L’heure de la justice a sonné », a lancé M. Malema dans l’hémicycle, « nous ne cherchons pas la vengeance (…) nous voulons retrouver notre dignité ».
Près d’un quart de siècle après la chute de l’apartheid, les fermiers blancs restent en première ligne des cibles du racisme anti-Blancs et la question de la redistribution des terres reste très controversée.
L’agriculture est restée jusqu’ici largement aux mains des Blancs, qui détiennent encore 73% des terres contre 85% à la fin de l’apartheid. Souvent, la redistribution se solde par un échec. Les nouveaux propriétaires sont contraints de jeter l’éponge, incapables d’assurer la rentabilité de leur exploitation par manque de formation, de moyens ou d’accès aux marchés.
Mais malgré cette réalité, depuis plusieurs années se développe un discours idéologique foncièrement raciste à l’encontre des Blancs.
Depuis plusieurs années, M. Malema exhorte régulièrement ses troupes à « s’emparer des terres ». Ces propos lui ont valu autant de poursuites devant les tribunaux pour « incitation à l’effraction » sans condamnation toutefois.
Son texte a obtenu mardi le soutien du Congrès national africain (ANC) au pouvoir, qui détient la majorité absolue au Parlement et soutient vouloir « panser les plaies du passé et à accélérer la redistribution de la terre aux Sud-Africains noirs ».
Au Zimbabwe voisin, l’ex-président Robert Mugabe avait lui aussi mené une réforme agraire fondée sur l’expropriation brutale des fermiers blancs dans les années 2000. Elle a plongé le pays dans une crise économique dont il ne s’est toujours pas relevé.