Afin que l’audience se déroule dans de bonnes conditions, compte-tenu du contexte, 15 policiers sont dans la salle, dont cinq appartiennent au Raid. Dès l’ouverture des débats, les deux prévenus ont demandé un délai pour préparer leur défense.
Jean-Danio a 10 mentions à son casier judiciaire, pour des faits commis entre 2006 et 2012. Ces mentions sont essentiellement pour vols aggravés et recel, mais aussi pour vol avec arme, extorsion avec violences et vols aggravés en récidive. Il avait été condamné à 10 ans de prison avec une libération conditionnelle intervenue en 2019. Il a, de ce fait, une peine avec sursis au-dessus de la tête qui court jusqu’en mars 2022. Il a monté son auto-entreprise de rénovation et d’entretien il y a un mois. À noter que le prévenu reconnait les faits, ce qui n’est pas le cas de son neveu. « Je regrette ce qui s’est passé. La prison c’est fini pour moi. Je voulais bien faire avec l’accident qui s’est passé. C’est la seule faute que j’ai faite depuis 2018. Aujourd’hui je suis un adulte. C’était juste des menaces. Désolé pour les victimes c’était pas mon intention« , indique t-il à la barre.
Steven Morby a, quant à lui, 12 mentions à son casier judiciaire, comprises entre 2015 et 2019 pour des faits d’infractions routières, de vols, de recels, de violences, de refus d’obtempérer et de dégradations. Il doit 55 000 euros de dommages et intérêts sur sa dernière condamnation à la victime et la CGSS. Il est actuellement sous contrôle judiciaire dans une affaire datant de 2020, pour laquelle il a aussi fait de la détention provisoire. Il est actuellement agent de médiation pour la mairie du Port. Son contrat est d’une durée de 1 an.
La procureure de la République demande leur maintien en détention avant la prochaine audience afin d’éviter la réitération des faits. Elle estime qu’ils sont en récidive, voire en récidive de récidive pour Jean Danio. Tous deux étaient suivis par le SPIP (services pénitentiaires d’insertion et de probation) au moment des faits présumés. D’autre part, elle pointe le risque de représailles ou de pressions sur les victimes au vu des menaces proférées à l’encontre des victimes et de leur famille (mère, oncle et tante). Elle ajoute également qu’il est impératif de garantir leur maintien à la disposition de la justice vu la peine encourue.
Me Nasser Zaïr intervient pour la défense de Steven Morby. Il évoque une ambiance de guerre dans la salle d’audience et le matraquage d’une certaine presse écrite qui n’a pas respecté la présomption d’innocence. Il plaide un dossier monté en épingle : « Steven a un problème comportemental, il n’a pas le profil d’un grand délinquant décrit par les médias. C’est un asocial qui fait des efforts pour indemniser ses victimes et répondre aux convocations du SPIP. Il n’est pas l’instigateur. Il a deux enfants et un travail. On peut lui faire confiance », indique t-il pour demander sa libération sous contrôle judiciaire.
Me Nicolas Normand intervient pour défendre les intérêts de Jean Danio. « Le procès a été déjà fait par cette presse écrite !« , lance t-il au tribunal, n’hésitant pas à mettre le journal de ce matin sous nez du tribunal. Il évoque ensuite le fond du dossier et la question du bornage du téléphone de son client qui ne démontre en rien sa culpabilité : « Tous les éléments étaient dans les mains des enquêteurs en novembre dernier et on attendu 5 mois pour les interpeller donc ils sont pas si dangereux que ça !« , ajoute t-il.
L’audience est renvoyée au 12 mai prochain. Les deux hommes sont maintenus en détention provisoire.