Une enquête bâclée, un système judiciaire défaillant et trois assassins libérés dans la nature… Pour la famille Davies, arrivée d’Angleterre pour la deuxième fois hier, La Réunion ne rend pas justice à leur fils Carl. Une île « magnifique » avec des habitants « extraordinaires » mais qui symbolise à la fois la perte de leur garçon et un crime qui reste impuni. Assis dans la salle d’audience de la cour d’Assises, les parents et le beau-frère de Carl Davies sont assis à quelques mètre de Vincent Madoure, qui comparait libre. Pour eux, c’est l’incompréhension totale de voir cet homme libre après avoir été condamné, dans la même salle en première instance, à 15 ans de réclusion criminelle. En effet, Vincent Madoure purge sa peine en liberté depuis plus d’un an et demi après avoir passé seulement 4 mois en détention.
« Nous sommes des gens simples, de la classe ouvrière, mais nous ne sommes pas stupides et nous sommes déterminés »
Mais la cible des parents de Carl Davies n’est pas tant Vincent Madoure, qui, en effet, a peut-être été condamné à titre représentatif. De qui ? De deux autres hommes bien plus coupables, selon eux, Jérôme Sanassy et Yassine Ahamada, également libres aujourd’hui. Car l’hypothèse, au vu des écoutes téléphoniques qui révèlent que les hommes parlent de l’altercation avec « l’Anglais », leur appartenance au « Gang du Bas-de-la-Rivière » et les éléments qui ressemblent étrangement au mode opératoire de ce gang violent, est la suivante : Jérôme Sanassy aurait attaqué Carl Davies, marin de 33 ans, costaud, qui sait se défendre, pour lui prendre son argent. Carl Davies l’aurait mis K.O. Les autres, en particulier Yassine Ahamada, l’auraient achevé d’un violent coup à la tête et un coup de couteau à l’abdomen.
Le père de Carl, Andy Davies, compte ne rien lâcher : « Nous allons continuer à nous battre. Ça fait 7 ans qu’on le fait et on le refera pendant 7 ans s’il le faut. Nous devons bien ça à notre fils. Nous sommes des gens simples, de la classe ouvrière, mais nous ne sommes pas stupides et nous sommes déterminés. Quoi qu’il arrive lors du verdict vendredi ».
Un combat qui pourrait s’avérer compliqué si Vincent Madoure n’est pas condamné. Libre, il est représenté par Me Djalil Gangate et Me Yannick Mardenalom qui remettent le doute sur le déroulement de la nuit du 7 au 8 novembre. Les hypothèses de l’accident de la route ou encore de la chute sont ressorties. Et Carl est-il mort cette nuit-là ou le jour de la découverte de son corps ? La flaque de sang qui émane de l’oreille de la victime met le doute également sur le moment du décès. Le témoignage de Vincent Madoure est évidemment très attendu.
Si la mère de Carl Davies, Maria, évoque également des manquements dans l’enquête et rappelle les irrégularités de procédure, elle avoue que la tâche est parfois lourde. C’est une vie désormais pesée par ce travail judiciaire qui la pousse à bout. « Mais comment ne pas se battre ? Quand on te prend la chose la plus précieuse au monde… Quand on est mère… »