Le choc frontal a été violent et l’issue de cet accident survenu le 24 octobre 2017 à Petite-Ile a été dramatique. Une femme enceinte de 6,5 mois a perdu son bébé. La conductrice de 54 ans en cause était jugée ce jeudi devant le tribunal correctionnel.
Ce soir-là vers 19h, la famille circulait en direction de St-Joseph. Monsieur conduit, la mère et quatre des enfants sont également à bord du véhicule familial. Alors qu’il entreprend un dépassement, dans son droit, là où les deux voies de la route nationale se transforment en trois, une voiture arrive en contresens. Appel de phare, klaxon…rien n’y fait la collision est inévitable. Sans possibilité de se rabattre Riadhu, le père, s’arrête pour tenter d’atténuer la violence de l’impact. Les filles, âgées de 10 à 2 ans, sont blessées mais l’état de sa femme enceinte est le plus préoccupant. A l’hôpital, une césarienne est pratiquée, le bébé est réanimé, survit avant de décéder quelques heures après l’accident. Selon l’expertise médico-légale, l’enfant, une petite fille prénommée Andréa est décédée des suites de l’accident d’un traumatisme in utero et de celui subi par la maman.
« J’ai essayé de pardonner à cette femme mais je n’y arrive pas. Je n’ai pas entendu qu’elle regrettait son geste, qu’elle avait commis une imprudence ou au moins une parole humaine », s’excuse presque Riadhu, invité à s’exprimer devant la cour. Pour cause, Julienne la conductrice, menue, les traits tirés et visage fermé, éprouve des difficultés à reconnaitre ses torts dans l’accident jusqu’à ce jour. Elle même, quelques minutes avant la collision, a dépassé un véhicule, circulant à vitesse autorisée, en franchissant une ligne dissuasive et s’était retrouvée sur la mauvaise voie. Comprend-t-elle que la manoeuvre est interdite exception faite pour les vélos ou véhicules lents types tracteurs ou cachalots, même si beaucoup d’automobilistes ont une mauvaise interprétation de cette ligne de dissuasion? Pas sûr. La quinquagénaire n’a rien vu ni entendu des signaux d’alerte pourtant corroborés par différents témoignages. Pour elle, c’est la « fatalité » et elle finit par lâcher: » je suis désolée, ça peut arriver à tout le monde, moi aussi j’ai vécu deux ans d’enfer », montrant seulement à ce moment-là une once d’émotion.
Reconnue coupable de blessures involontaires et d’homicide involontaire, compte tenu du rapport du médecin légiste et du temps de vie du bébé avant son décès, Julienne a été condamnée à 18 mois de prison avec sursis et à l’interdiction de conduire durant trois ans. La constitution de partie civile de la famille R. a également été reçue. L’audience de renvoi sur les intérêts civils se tiendra le 13 septembre prochain.