La Ciase a rendu public ce mardi matin devant un parterre de journalistes les conclusions du rapport Sauvé (du nom de son président Jean-Marc Sauvé) après deux ans et demi de travail. L’Eglise a bien été le théâtre d’un nombre massif d’agressions sexuelles au cours des 70 dernières années.
Entre 165 000 et 270 000 enfants et adolescents mineurs ont été recensés (l’écart prend en compte une marge d’erreur), victimes de violences sexuelles. Entre 2900 et 3200 prêtres, diacres, et religieux ont été identifiés en tant qu’agresseurs, soit environ 3% de ceux qui ont exercé au sein de l’institution pendant les années étudiées.
Le rapport, long de 485 pages et 2 000 pages d’annexes, n’a pas inclus dans ses calculs les faits commis dans les pensionnats, camps scouts et autres structures d’accueil dépendant de l’Eglise. Les chiffres monteraient à 330 000 victimes d’abus sexuels dans ce cas.
Les agresseurs sont à 95% masculins, des prêtres, des moines, des religieux et du personnel laïc travaillant au service de l’Eglise comme des directeurs de pensionnats. Les rapporteurs ont expliqué que les enfants se trouvaient dans une situation de vulnérabilité, ayant affaire à un représentant du Christ à qui les victimes faisaient confiance et obéissaient. La Ciase évoque « l’abus d’autorité », cite la confusion entretenue en appelant les prêtres « mon père » ainsi que la sacralisation de l’exercice de la confession.
Une majorité des abus sexuels se seraient déroulés entre 1950 et 1969 (56% des victimes recensées). En 1970, l’Eglise est impactée par le départ de nombreux prêtres ainsi que par le désintérêt des familles. 22% des abus ont eu lieu entre les années 70 et 90, et 8,7% des auraient été commis depuis les années 2000. Le rapport met en exergue le fait que l’Eglise soit restée indifférente dans les années 1950, estimant que les « abus, cela n’existe pas ». Les agresseurs identifiés étaient écartés pour protéger l’institution jusqu’à ce que plusieurs affaires éclatent dans les années 2000.
La Ciase a fait 45 recommandations à l’issue de son travail, dont notamment l’ouverture d’un numéro national d’appel. La commission demande à l’institution de mettre en place un système de reconnaissance du statut de victimes et de prévoir leur indemnisation.
François Devaux, fondateur de l’association de victimes La Parole libérée, s’est exprimé ce mardi matin lors de la présentation des conclusions du rapport Sauvé. Il a fustigé l’attitude du Pape François « aux abonnés absents » et plaidé en faveur d’une refonte totale du système via l’organisation d’un « Vatican III ».