L’information circulait dans les milieux dits « bien informés » depuis des semaines: Abdul Cadjee va racheter le JIR. Devant la force de la rumeur, l’homme d’affaires avait fini par confirmer l’information, précisant cependant que rien n’était conclu et que les négociations continuaient.
L’arrivée de Jacques Tillier ce matin à Gillot était le signe que les choses s’accéléraient et qu’un accord était proche. C’est maintenant chose faite. Depuis cet après-midi, Abdul Cadjee est le principal actionnaire du JIR, c’est à dire du journal mais aussi de toutes les autres sociétés du groupe, à part l’activité d’affichage qui reste la propriété du groupe Hersant Média.
A ses côtés, mais en actionnaires minoritaires, le groupe Hersant et Alfred Chane Pane, l’imprimeur du journal.
Lors d’une conférence de presse cet après-midi, Abdul Cadjee ne pouvait cacher son bonheur: « Je suis fier qu’un petit Réunionnais chef d’entreprise soit aujourd’hui en partenariat avec un groupe tel que celui d’Hersant« . Et il était également fier de présenter son fils Hassen, qui a 28 ans va partir prochainement « faire ses classes » au sein de journaux du groupe Hersant en métropole, histoire d’apprendre le métier.
« C’est un nouveau pari pour moi, à 62 ans. Tous les matins, quand je me réveille, j’ai des idées plein la tête. Mais je n’ai pas l’intention de m’immiscer dans la rédaction du journal. D’abord, je délègue tous mes pouvoirs à Jean-Baptiste Mariotti, qui va prendre la direction du journal. Mais je tiens à dire que, pour moi, chacun doit rester à sa place. J’ai longtemps fréquenté le milieu du foot-ball. Dans le foot, les dirigeants dirigent, les joueurs jouent et les supporteurs supportent« . Une phrase manifestement destinée à la rédaction du journal, que l’on peut imaginer inquiète pour son indépendance et pour la ligne éditoriale du journal.
A la question de savoir ce qu’il pensait apporter de plus pour permettre un redressement du JIR, il répond sans hésitation: « Nous sommes des Réunionnais. Nous pouvons apporter ce plus« …
Autres questions qui brûlaient la bouche des journalistes: « Quel va être le rôle de Jacques Tillier? » et « va t-il reprendre ses éditos du samedi matin?« . C’est l’intéressé qui répond d’un « non » catégorique à la deuxième question. « On ne réécrit pas l’histoire. On ne peut pas être et avoir été« . Quant à son rôle dans la relance du journal, bien que continuant à appartenir au groupe Hersant, il se voit confier une mission d’accompagnement, « limitée dans le temps« , afin de permettre au journal de « poursuivre la remontée qu’il avait amorcée pendant un certain temps et qui s’est interrompue« .
Un an presque jour pour jour après avoir quitté la Réunion, Jacques Tillier était manifestement très heureux de revenir et de faire un pied-de-nez à ceux qui le croyaient définitivement parti…
Quand à Abdul Cadjee, il a conclu en rappelant que « les gens disent souvent que tout ce que Abdul Cadjee touche se transforme en or. J’espère que ça va encore se vérifier cette fois-ci« …
