Désormais on ne parle plus d’infections nosocomiales mais d’infection associées aux soins, une évolution qui fait suite à la multiplication des parcours de soins et à la diversification du système de santé. L’infection associée aux soins englobe tout événement infectieux en rapport avec un processus, une structure ou une démarche de soins. Cette infection peut survenir parfois tardivement après une chirurgie, notamment sur des prothèses implantées. « Il faut savoir qu’à la Réunion, 4% des patients, soit 1 sur 25, sont atteints par une infection associée aux soins« , explique le Dr. Cécile Mourlan, praticien coordinatrice à l’antenne régionale CCLIN/FELIN (Centre de coordination de la lutte contre les infections nosocomiales / Fédération de lutte contre les infections nosocomiales) Réunion-Mayotte, selon une enquête réalisée en 2006.
Les infections restent toujours un sujet « sensible« , souligne de son côté Chantal de Singly, directrice de l’ARS Océan Indien (Agence de santé de l’océan Indien). « Le but n’est pas pour un malade de rentrer à l’hôpital, se faire soigner et ressortir malade« , ajoute-t-elle. Selon les dernières enquêtes réalisées en 2010, la Réunion et Mayotte ont des établissements de santé public aux résultats comparables avec ceux de la métropole. « Par contre l’environnement microbien est différent de la métropole, où l’on trouve majoritairement des staphylocoques dorés ou des SARM qui sont moins nombreux à la Réunion. Dans notre île, ce sont des entérobactéries plus résistantes« , souligne le Dr. Cécile Mourlan.
Pour lutter efficacement contre les infections associées aux soins, deux axes de travail ont été définis. Le premier, la maitrise des bactéries multi-résistantes et le second, le bon usage des antibiotiques. « La consommation des antibiotiques est moins forte à la Réunion qu’en métropole« , explique le Dr. Cécile Mourlan. Un bon point quand on sait que l’usage intensif des antibiotiques favorise une plus grande résistance des bactéries.
Des professionnels de santé plus attentifs à l’hygiène des mains
Plusieurs mesures sont prises, notamment la formation de plusieurs hygiénistes à la Réunion sur la gestion du risque nosocomial. « 2011 est une année très riche dans le contexte réglementaire, notamment dans la gestion des risques liées aux soins. La mobilisation de l’ARS est importante avec les hygiénistes sur la prévention des BMR (Bactérie multi résistante) dans un contexte régional plus à risque, par l’environnement communautaire, mais également les fréquents déplacement entre les iles de la région et avec le continent asiatique« , souligne le Dr. Marie-Christine Ravault, référante régionale Infections associées aux soins ARS.
Autre point fort à la Réunion, la forte mobilisation pour l’hygiène des mains. « Un point fort à la Réunion, puisque les professionnels de santé réunionnais sont attentifs à l’hygiène des mains. L’indicateur composite de consommation des solutions hydre-alcooliques est de 68,5% à la Réunion contre 51,5 % en métropole« , ajoute-t-elle.
« Ces résultats sont à consolider sur les infections en sites opératoires et dans la lutte contre les BMR et cela passe notamment par un bon usage des antibiotiques et une attention à ne pas relâcher« , conclut le Dr. Marie-Christine Ravault.
De nouveaux indicateurs vont être intégrés pour mesurer plus efficacement les bilans annuels d’activités dans le milieu médical, les indicateurs actuels devant être redéfinis. « Le poids des actions et de la formation sera plus important et il faut s’attendre, en principe, à de moins bons résultats« , prévient l’ARS.