On peut lire, sur les journaux, en commentaire de ces attentats, un article dont le titre m’a interpellé, comme on disait naguère : « Attentats de Bombay: la communauté indienne sous le choc ».
Comment? Y aurait-il, en INDE, une autre communauté indienne que celle des CITOYENS indiens qui constituent cette grande nation. ?
Il ne s’agissait pas de cela, et j’en fus, une fois de plus, irrité.
Le choc, dont il est question ici, est celui qui affecterait les « différentes communautés indo-réunionnaises ».
Je n’ignore pas que beaucoup de citoyens français vivant à la Réunion ou ailleurs ont des relations plus ou moins étroites en temps et en espaces, avec l’INDE, certains y ayant de la famille comme tel ou tel de mes amis nés à Pondichéry.
Tout acte terroriste inspiré par des différences d’appartenances religieuses ou ethniques, inspire la répulsion à n’importe quel citoyen pour qui l’appartenance religieuse ou l’origine ethnique -nous sommes tous des métis de plus ou moins longue date, ne l’oublions pas!- n’ont rien à voir avec la CITOYENNETE.
Le choc ressenti par ces « communautés indo –réunionnaises » l’est autant par la communauté franco- réunionnaise à laquelle ils appartiennent et de laquelle ils ne se distinguent pas, y compris dans l’émotion.
La CITOYENNETE est la seule appartenance qui ait droit de cité dans la mesure où elle repousse ces appartenances dans le domaine personnel privé. Les autres appartenances, composantes d’identité que la culture modifie sans cesse en enrichissant la formation et la capacité personnelle de réflexion, sont exclusives.
Machiavéliquement orchestrées elles peuvent être à l’origine d’événements comme ceux de Bombay, comme ceux du Liban, comme ceux du SRI LANKA, comme ceux de Palestine, comme ceux de l’Irak, comme ceux il y a encore peu de temps,de Belfast, et j’en oublie, et l’histoire en déborde, de ces exemples où sont mobilisées les unes contre les autres des populations qui n’ont pas encore accédé à un niveau de CITOYENNETE tel que celui sur lequel la REPUBLIQUE est fondée et qu’elle a la volonté de se construire, qui refuse (peut-être plus pour longtemps si on n’y prend garde!) les distinctions communautaires, voire communautaristes, avec lesquelles on semble aimer jouer à la Réunion!
De telles attitudes sont dangereuses pour l’avenir. Ce sont celles de fumeurs campant dans une station service, pyromanes amateurs!
Ces apprentis sorciers, à quelque niveau que ce soit, au plus haut de l’ETAT parfois, pour assurer ou conquérir un pouvoir forcément provisoire ou pour éviter de le perdre, sont prêts à attiser les instincts obscurantistes des appartenances, constitutives de ce que Amin Maalouf appelle « des identités meurtrières »!
Rappeler, dans notre pays, ce qu’est la CITOYENNETE dans une REPUBLIQUE toujours en construction, (gênante, par ses principes, pour les lobbies politico-religieux ou politico-financiers, souvent liés), c’est le devoir constant de tous ceux qui sont attachés à ces principes, tous ceux qui jouent un rôle dans la formation des CITOYENS. Les institutions républicaines, évidemment, qui oublient parfois leur raison d’être, mais aussi les médias, écrits ou audio–visuels qui ont tendance à confondre le système communautariste anglo-saxon avec l’organisation politique d’une nation faite de CITOYENS qui naissent libres et égaux en droit.
C’est pourquoi je signe ce courrier.
H.HERVET
président de l’UFAL.974(ufal.org)