Monsieur le Maire, permettez-moi de ne pas modifier mes habitudes et de m’adresser à vous en utilisant votre titre, car jamais je ne me permettrais une quelconque familiarité vous concernant. La condescendance dont vous faites preuve à mon égard dans votre courrier des lecteurs, me rappelle toutes ces séances de conseil municipal, auxquelles j’ai assisté et où vous ne pouviez vous empêcher d’afficher votre mépris pour les élus de l’opposition.
Ayant fréquentée, de façon assidue, un certain nombre de bibliothèques, notamment celle de Sainte-Marie, je tiens à partager avec vous, la définition de ce nom féminin, « condescendance ». La condescendance est une attitude bienveillante teintée d’un sentiment de mépris, de supériorité. Je suis consciente que pour vous il est difficile de corriger certaines manières reçues en héritage.
En effet, vous vous sentez tellement supérieur que vous croyez être à l’origine de « ma réussite ». (Je ne fais que vous citer, la prétention n’est pas un de mes traits de caractère. Mes parents ont veillé à m’inculquer des valeurs fortes, entre autres la modestie et le respect). A vous lire, je suis devenue ce que je suis, grâce à votre action politique. Mes chers parents ont cru s’étouffer à la lecture de votre courrier car comme beaucoup de familles réunionnaises, ils ont dû se serrer la ceinture pour que mes frères et moi-même puissions accéder à des études supérieures. Ils ne disposaient pas d’un réseau, leur nom de famille ne pouvait être brandi tel un précieux sésame. Ce qui ne fut point votre cas ! Vous n’avez pas eu à surmonter les obstacles qui ont été les miens comme ceux de la majeure partie des réunionnais.
J’encourage fortement mes jeunes élèves à lire car je suis persuadée qu’en étant plus cultivé, on peut se prémunir de l’obscurantisme. Je suis convaincue qu’en développant son esprit critique, on peut discerner les manœuvres populistes et faire librement son choix.
Vous avez raison sur un point, je mets toute mon énergie à défendre les intérêts des sainte-mariens. Je vous remercie de le souligner. Je suis intimement convaincue que nous sommes tous acteurs et responsables de notre société. La responsabilité est la capacité d’assumer pleinement ses actes. Lorsqu’on est à la tête d’une mairie depuis 24 ans, il est de bon ton de ne plus parler de ses prédécesseurs.
Vous souhaitant une bonne rentrée politique, je vous prie de croire, Monsieur le Maire, en mes salutations les plus respectueuses.
Céline SITOUZE
Conseillère municipale d’opposition
