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A Maximin Chane Ki Chune…

Bien cher Maximin, Pour mon soixante-douzième anniversaire, j’ai eu droit, de la part ma belle-fille, à un ouvrage qui ne pouvait que me captiver. C’est en tout cas ce que je me suis dit lorsque j’ai tenu mon cadeau entre les mains. T’ayant connu à divers titres tout au long de ma vie de citoyen […]

Ecrit par Raymond Lauret – le lundi 14 mai 2018 à 10H00
Bien cher Maximin,

Pour mon soixante-douzième anniversaire, j’ai eu droit, de la part ma belle-fille, à un ouvrage qui ne pouvait que me captiver. C’est en tout cas ce que je me suis dit lorsque j’ai tenu mon cadeau entre les mains. T’ayant connu à divers titres tout au long de ma vie de citoyen militant dans la politique, la presse et le sport, je savais que je n’allais pas être déçu en découvrant « le chemin de vie » du « gamin aux pieds nus » que tu as été.

A ce jour et en ce moment précis où je me retrouve derrière le clavier de mon ordinateur pour te confier ce que je ressens à lire les épisodes de ton parcours de jeune garçon tel que la plume de Daniel Vaxelaire le retrace, je suis seulement à la 65ème page de l’ouvrage.
 
Cher Maximin,

Ton parcours de jeune qui aurait dû naître quelque part dans l’immense Chine, le parcours d’un jeune qui aurait pu également avoir des parents dont le bateau qui les menait vers leur destin s’arrêtât à l’Ile Maurice, ce parcours commence ici dans le Sud de notre île de La Réunion, du côté de Saint-Louis, le 31 Août 1937…un peu moins de 9 ans avant que moi-même je naisse un peu plus loin, à Trois Bassins.

Ces 65 premières pages me montrent combien tu sais nous raconter la vie d’avant, avec la « boutique chinois », ce lieu de vie de tout un quartier, lieu de vie fait de confiance réciproque entre ceux qui y habitaient, lieu de vie où on était riche de sa seule volonté de se battre contre la difficulté pour en faire un tremplin qui permet , chaque jour, d’avancer d’un tout petit pas, « petit pas » après « petit pas », un jour après l’autre, avec, le plus régulièrement du monde, quelques heures de repos suivies de trois fois plus pour bosser dur.

Ton récit me fait remonter en mémoire dans le quartier du Port où j’ai passé, dès l’âge de 5 ans, ma seconde petite enfance, pas loin de l’église Jeanne d’Arc et de la Butte Citronnelle, avec la boutique Ah-Time et la boutique Ah-Ko, avec mes potes Michel Chane Chik Té ou encore « Ti-Jean », « Ti-Puce », « Guélin » ou « Ti l’auto » et  nos parties de foot sur la place de l’église les jeudis de 12 à 17 heures, avec un ballon de fortune, sans mi-temps, les genoux écorchés, sous l’œil de plus grands qui ne manquaient pas une occasion de nous faire remarquer que nous pourrions bien  demain porter nous aussi le beau maillot rouge de « L’Indépendante » ou, tout aussi beau, celui violet de « La Jeanne d’Arc »….
 
Ta vie de jeune enfant qui, dans son inconscient, restait rattaché et même ferré à la terre de ses ancêtres, fait pleinement le récit de celle de nombre de ceux qui sont, d’une manière ou d’une autre, venus d’ailleurs et se sont tous retrouvés sur notre caillou pour en faire une petite île de l’Océan Indien appelée à refléter demain l’image d’un monde métissé, d’un monde uni dans la pluralité des origines de ceux qui l’habitent.
Et puis il y a l’Histoire, avec un « H » que je sens majuscule, du petit mitron que tu fus, volontaire pour marquer que tu viens d’un continent où la vie fut loin d’être facile mais où le travail n’effrayait personne, fut-il, ce travail, pénible et très peu rétribué.
 
Evidemment, je n’ai pu m’empêcher de tricher un peu – juste un tout petit peu – et d’aller un peu plus loin me glisser dans les pages où tu évoques la création du « Quotidien de La Réunion ».

Me revient ce jour où, en compagnie de celui qui sera ton premier rédacteur en chef (il s’agit de Didier Vangell, si je ne me trompe pas), tu vins à mon domicile, à La Possession, pour y rencontrer Paul Vergès à qui tu souhaitais confier ton projet de casser de monopole que connaissait à l’époque la presse locale. Pourquoi chez moi, à la Possession, dans une cité tranquille ? Tout simplement parce que la discrétion était de mise et que, si des gens avaient pu voir Maximin Chane Ki Chune rencontrer Paul Vergès, cela aurait pu éveiller certaines attentions et peut-être enclencher toute une série de suppositions.
 
Voilà, mon cher Maximin, l’essentiel de ce que j’avais envie de te confier après avoir lu les premières pages de ce « chemin de vie » qu’il t’appartenait de nous offrir.
Merci pour tout. Merci pour l’exemple de courage dans la persévérance que tu apportes à nos jeunes compatriotes. Puisse ton livre être lu par des milliers de gens. Ils y puiseront de précieux enseignements. Notre île a besoin de savoir que rien n’est facile, que l’essentiel s’acquiert par le travail et que nous devons avoir toujours présent à l’esprit que, s’il « ne faut jamais trop espérer », il importe de « ne jamais désespérer »….

 

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