Que ce soit en politique, dans les entreprises ou dans les administrations, les femmes accèdent moins souvent que les hommes aux fonctions de pouvoir.
La Réunion, l’un des départements avec le moins de femmes maires
Conformément à l’application des lois sur la parité, les femmes sont dorénavant aussi nombreuses que les hommes parmi l’ensemble des élus des collectivités territoriales réunionnaises. En effet, les listes composées pour les élections municipales, départementales ou régionales doivent présenter autant d’hommes que de femmes.
Certaines accèdent aux plus hautes responsabilités : depuis 2021, trois femmes sont maires d’une commune – dont une de la ville de Saint-Denis, la plus grande commune des Outre-mer -, et une autre est Présidente du Conseil régional de La Réunion. Mais la plupart occupent des postes de moindre importance, si bien que, au total, seulement 13 % des 24 communes de l’île ont une femme à leur tête. Ce constat place le département loin derrière la moyenne nationale (20%), pourtant déjà en deçà des objectifs de parité. Seuls les départements de la Corse (12 %) et de Mayotte (aucune femme maire) ont élu moins de femmes maires. Les femmes sont toutefois davantage élues que par le passé : en 2014, seule une femme était maire.
Quant aux adjoints au maire, si l’alternance des deux sexes est une obligation légale, dans deux cas sur trois, c’est un homme qui est premier adjoint et une femme deuxième adjointe, à La Réunion comme ailleurs en France.
De plus, aucune femme ne préside l’une des cinq intercommunalités et des trois chambres consulaires.
En revanche, la parité est quasiment respectée parmi les parlementaires : cinq femmes sont députées ou sénatrices pour six hommes.
Dans les conseils municipaux, des femmes plus jeunes que les hommes
Les jeunes générations de Réunionnaises entrent davantage en politique que par le passé. Dans les conseils municipaux, les femmes sont plus jeunes que les hommes, en particulier celles qui accèdent aux plus hautes responsabilités. Deux des trois femmes maires de Saint-Denis, La Possession et Saint-Louis ont moins de 40 ans. Les 7 premières adjointes ont en moyenne 6 ans de moins que leurs homologues masculins (54 ans contre 60 ans). En revanche, les deuxièmes adjointes sont un peu plus âgées (52 ans contre 50 ans). Parmi les 800 autres postes en conseil municipal, les femmes sont un peu plus jeunes : 49 ans en moyenne contre 52 ans pour les hommes.
« Madame la directrice », une expression encore plus rare à La Réunion qu’ailleurs
Une femme qui accède à un haut poste de dirigeante est un fait encore plus rare à La Réunion qu’ailleurs, dans le secteur public comme dans le privé. Début 2020, la part de directrices dans la fonction publique réunionnaise est la plus faible de France : seuls 34 % des 76 postes de direction sont occupés par des femmes, contre 42 % au niveau national (hors Mayotte). Dans le secteur privé, les femmes sont encore moins souvent à un poste de direction que dans le public : seules 19 % des 146 cadres participant à la direction d’une entreprise de plus de 250 salariés sont des femmes, contre 26 % au niveau national. La Corse est la seule région où les femmes dirigeantes de grandes entreprises est plus faible (9 %).
Les directrices sont plus nombreuses dans la fonction publique que dans le secteur privé car la parité est quasiment atteinte dans la fonction publique hospitalière : les femmes occupent 46 % des 26 postes de direction d’hôpital. C’est aussi à l’hôpital que les écarts de salaire sont les moins prononcés : les directrices d’hôpital gagnent 10 % de moins que leurs homologues masculins. Ces écarts de salaire sont d’un niveau proche dans la fonction publique d’État (13 %), mais deux fois plus élevés dans la fonction publique territoriale (21 %). Ces écarts sont par ailleurs identiques pour les dirigeantes du public âgées de 30 à 49 ans et pour les dirigeantes plus âgées. Les différences de salaire s’expliquent donc peu par une ancienneté moindre des femmes sur les postes de direction.
En dehors de l’hôpital, les dirigeantes d’une structure publique sont nettement plus rares : 27 % des 30 postes de direction de la fonction publique d’État sont occupés par des femmes et 30 % des 20 postes dans la territoriale.
La présence des femmes y est proche de celle des plus grandes entreprises réunionnaises, de plus de 1 000 salariés : elles occupent 28 % des 54 postes de direction. En revanche, les femmes dirigent nettement moins souvent les entreprises de 250 à 1 000 salariés : elles occupent seulement 11 % des 54 postes de direction des entreprises réunionnaises de 250 à 500 salariés et seulement 18 % des 38 postes de direction des entreprises de 500 à 1 000 salariés, des parts bien plus faibles qu’au niveau national. La moindre place des femmes dans ces entreprises de moins de 1 000 salariés est liée à des contraintes légales moins fortes : ce n’est qu’à partir du seuil de 500 salariés que les entreprises doivent respecter un quota de 40 % de femmes dans leurs conseils d’administrations et conseils de surveillance. Cette mesure est étendue depuis 2020 aux entreprises de plus de 250 salariés.
Quelle que soit la taille de l’entreprise, les écarts de salaire y sont nettement plus importants que dans le public : les femmes dirigeantes gagnent 34 % de moins que les hommes dans ces entreprises contre 14 % de moins dans les administrations publiques. Cet écart est moins élevé au niveau national : 24 % contre 13 %. Alors qu’en moyenne en France, ces écarts de salaire entre dirigeantes et dirigeants augmentent avec l’âge, à La Réunion, ils sont plutôt stables. Comme pour les dirigeantes du public, l’ancienneté sur le poste ne paraît donc pas constituer l’explication principale de ces différences de salaire.