Malgré le verdict qui clôt logiquement l’affaire, voici une audience qui a laissé un goût très amer dans la gorge de beaucoup.
Arnaud et son ex-épouse Onja (prénom malgache se prononçant « Onia ») se sont pacsés en 2002. Ils ont eu ensemble trois enfants. Selon Me Issé, avocat de l’accusé, « c’était la vie idéale au départ ».
« Je croyais que c’était ça la vie »
Une vie idéale qui vole vite en éclats. Le 3 octobre 2011, un des enfants du couple décède dans des circonstances tragiques, que les journaux ont rapportées à l’époque. Un accident domestique dans lequel la responsabilité de l’époux a été d’abord engagée mais dont il a été disculpé très vite.
A-t-il alors culpabilisé? L’a-t-elle rendu responsable du drame? Toujours est-il qu’il plonge dans l’alcool et elle dans une secte. Une addiction pour une autre…
C’est à partir de là, selon l’ex-épouse, que les humiliations, les reproches, les coups ont commencé. Et vont se poursuivre de longues années durant.
Les certificats médicaux ne manquent pas : elle les a soigneusement collationnés. Contre l’ex-violent, il y a aussi les témoignages des enfants, accablants. « Saoul tous les soirs… Coups de pieds… Coups de poings… Insultes… Injures… C’est surtout lorsqu’il est alcoolisé… Ce qui arrive tous les jours… Violences physiques ou verbales… J’ai subi trop longtemps car je l’aimais ».
L’épouse meurtrie précise même :
« Je croyais que c’était ça la vie. Lorsque j’ai osé aller me plaindre au commissariat, j’ai été très mal reçue, on m’a rembarrée « (NDA : ce que confirmera une assistante sociale).
Un déni total
Elle ajoute, pathétique :
« Il buvait des dizaines de bières parfois. Je pensais que c’était normal. J’avais honte, je culpabilisais, car au début du mariage, il n’était pas comme ça. J’espérais toujours qu’il changerait comme il me le promettait ».
Son ex-époux, d’un bout à l’autre, restera dans un déni total : il ne se souvient de rien, pas de la moindre claque, pas de la plus petite insulte. Il admet juste boire mais a entamé un traitement (réel) contre cette addiction.
Me Han Kwan, pour l’épouse, a mis en avant les 9 années d’humiliation, de coups, de maltraitances, sur elle et les enfants. Et le fait qu’il n’y aura pas un regret de sa part à lui, en réclamant 5000 euros de dommages-intérpêts.
La substitut Coupry a enfoncé le clou en sollicitant 4 mois avec sursis et obligation de soins.
On ne cogne pas !
C’est alors que Me Issé, avec son art consommé du coup de théâtre, a parlé de secte, que nous avons citée mais chose jamais évoquée auparavant dans cette audience pas comme les autres.
« Elle cumule les certificats depuis 2005 ? » (L’ombre de la préméditation voltige…) L’avocat jette alors la suspicion sur les certificats accablants :
« On sait comment faire quand on veut un certificat de complaisance », en agitant derechef l’ombre de la secte, capable de faire la pluie et le beau temps et de s’attirer les bonnes grâces de qui elle veut.
L’argument, présenté en début d’audience, eût sans doute fait évoluer autrement le cours des débats.
Verdict : 4 mois avec sursis et mise à l’épreuve durant 18 mois. Plus 2000 euros de dommages-intérêts.
Quoiqu’il en soit, quel que soit le motif de ces coups, de ces violences, de ces humiliations, il reste injustifié : on ne cogne pas !