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85% de poissons en moins dans les rivières de La Réunion en 15 ans

L’office de l’eau réalise des relevés permettant d’évaluer l’évolution de la densité des espèces piscicoles et macro crustacés du territoire. La tendance est à la baisse depuis des années. Une diminution liée à l’activité humaine, principalement la pêche, “mais pas que”.

Ecrit par 2341926 – le vendredi 23 décembre 2022 à 14H28

Selon les analyses de l’Office de l’eau, en 10 à 15 ans, l’île a perdu 85% de son abondance de poissons. Parmi eux, les bichiques, qui sont cette année encore rarissimes sur les étals et dont les prix s’envolent.

L’évolution de la densité de Sicyopterus lagocephalus (espèce présente dans la zone océan Indien, dite « bichique chaleur ») et de Cotylopus acutipinnis (endémique de La Réunion, dite « bichique fine ») poursuit sa forte diminution depuis 2007.

Ces espèces migratrices partagent leur cycle de vie en rivière et en mer, en passant entre 2 à 7 mois en mer. “Forcément, si vous cassez ce cycle en pêchant les adultes aux embouchures, y’en a plus”, explique le chef de l’observatoire de la ressource en eau et de la biodiversité aquatique, Julien Bonnier, mais ce n’est pas le seul facteur qui mène à une diminution des espèces, tient-il à préciser : 

“Il y a une combinaison de plusieurs facteurs tels que la pêche, le braconnage dans les rivières et les prélèvements d’eau qui viennent réduire les débits des rivières. Les rivières qui sont plus polluées risquent aussi d’être plus impactées que les autres par une diminution de la densité des populations”.

Plus de bichiques fines à la rivière Saint-Jean, ni à la rivière Sainte-Suzanne

Il existe des rivières “réservoir”, “ce sont les rivières où il y a le plus de quantité de poissons”, il s’agit de la rivière Saint-Etienne, la rivière du Mât et la Rivière des Marsouins qui représentent ensemble environ 70% de la quantité de l’ensemble des espèces de l’île, bichiques comprises.

Sur ces trois cours d’eau, la continuité écologique reste très bonne. À l’inverse, d’autres cours d’eau, comme la rivière Saint-Etienne, le Bras de la Plaine et le Bras de Cilaos sont très marqués par le braconnage, des pêches et des prélèvements importants. Le débit de la rivière est beaucoup plus faible que ce qu’il devrait être pour que les poissons s’y sentent bien, et c’est beaucoup plus difficile pour une population de s’y maintenir, analyse Julien Bonnier. 

Sur la rivière Saint-Jean et la rivière Sainte-Suzanne, la présence de bichiques fines endémiques n’a plus été observée depuis environ deux à trois ans, pour des raisons qui restent à approfondir. 

Des poissons exotiques dans les rivières

De nouvelles espèces apparaissent par ailleurs dans certains cours d’eau mais là aussi l’activité humaine y est pour quelque chose.

“Les gens croient bien faire en vidant leurs aquariums dans les milieux naturels, dans les cours d’eau de La Réunion, ce qui fait qu’ils y introduisent des espèces exotiques, des Guppy, des crevettes rouges, des gammares, qui n’ont rien à faire là. Parfois ce sont des plantes, des algues”, observe l’Office de l’eau. 

Ces espèces exotiques ne sont pas présentes dans toutes les rivières. En revanche, sur certaines d’entre elles, des espèces exotiques sont prélevées tous les ans. Bien qu’il est difficile à ce stade d’en mesurer l’impact, cette pratique est à proscrire.

Prise de conscience et espèces résilientes

“Il y a eu tout de même une structuration et une prise de conscience de la problématique de la part des acteurs”, souligne le chef de l’observatoire de la ressource en eau et de la biodiversité aquatique, avec notamment la mise en place de la nouvelle réglementation qui comprend une suspension de la pêche durant une période de 6 mois, la distinction entre les pêcheurs amateurs et professionnels, et la traçabilité sur la vente.

Le second point positif, “c’est que ce sont des espèces qui sont très résilientes parce qu’elles sont encore là”, rassure Julien Bonnier. 2 ans, 5 ans ou 10 ans, “on ne sait pas en combien de temps ça va s’améliorer mais par contre on sait très bien que les 6 mois sans pêche, s’ils sont respectés, seront bénéfiques pour les bichiques”, poursuit-il.

L’anguille subira-t-elle le même sort ?

Ces mesures profitent à toutes les autres espèces et notamment aux anguilles, espèce très pêchée, mais aussi très braconnée qui subit également une diminution particulièrement importante de sa densité. “A La Réunion, on ne retrouve pratiquement plus aucune anguille de 80 cm, il y a un gros déficit de géniteurs”, observe l’Office de l’eau Réunion.

La pêche des anguilles fait par ailleurs elle aussi l’objet d’une réglementation particulière. L’anguille marbrée et l’anguille marbrée africaine peuvent être capturées si leur taille est comprise entre 30 cm et 60 cm, à raison d’une prise maximale de 5 par jour, et ce, durant la période réglementaire.

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