Il s’agit en fois encore d’une affaire de stupéfiants mettant en exergue trois protagonistes. L’enquête a été rendue difficile en raison de la localisation géographique du prévenu qui réside loin de La Réunion. Pour autant, il joue un rôle majeur puisqu’il s’agit du fournisseur du trafic. Humprey A., 41 ans, originaire du Surinam, s’est établi en Guyane irrégulièrement. Il profite de ses contacts au Surinam pour faire rentrer de la cocaïne à moindre coût. Il revend le gramme à 10€ plus sa commission.
Fabien D., délégué médical en Guyane, ami du prévenu et accroc à la poudre blanche, se fournit quotidiennement avec lui. Celui-ci, venu s’installer à La Réunion, et, compte tenu des prix pratiqués sur l’île pour le précieux sésame, se dit qu’il pourrait faire un business avec son dalon de Guyane. Le trafic débute en 2009. Entre alors en scène Gérald V., ami d’enfance avec Fabien D., lui aussi en proie à des états de manque s’il ne consomme pas régulièrement ses 10g. Ça tombe bien, il part en vacance en Guyane et, sur les conseils de son ami d’enfance, va rencontrer le prévenu dit « Tonton » pour se fournir sur place.
À 10€ le gramme, imaginez l’aubaine pour lui ! Il rencontre « Tonton » pour une première commande et se dit qu’il va s’en envoyer à La Réunion. Il s’entend avec lui pour une première commande de 150g. Il en récupère 60g sur place et prévoit d’envoyer le reste par la poste pour une somme totale de 1700€. Sa combine prend forme. Il prépare plusieurs enveloppes pour se les envoyer, puis rentre à La Réunion. Alertés suite à l’interception à Orly par les douanes de 4 enveloppes contenant en tout 313g, la gendarmerie de Saint-Paul ouvre une enquête. Quelques écoutes téléphoniques plus tard, ils mettent la main sur les deux amis d’enfance.
Ils balancent Humprey A.
Les deux hommes comprennent que s’ils veulent minimiser leur peine, ils ont plutôt interêt à coopérer. C’est donc là qu’ils balancent Humprey A. Il est interpellé en Guyane le 15 février 2012. Il nie les faits d’envoi de drogue vers La Réunion, balançant lui aussi les deux autres. Il sera transféré plus tard à La Réunion pour les besoins de l’enquête afin d’être confronté à ses deux détracteurs. Les trois hommes campent sur leurs positions, se renvoyant le pochon.
Il est jugé par défaut par le tribunal de Saint-Denis – il ne se présente pas à l’audience – et prend finalement 3 ans de prison. Un mandat d’arrêt est lancé en février 2019. Interpellé en Guyane, il fait opposition au jugement. La nouvelle audience a donc eu lieu ce mardi après-midi par visioconférence depuis le centre de détention de Guyane où il purge une peine de 4 ans pour d’autres faits.
« Il y a une quantité non négligeable sur la période allant de 2009 à 2012 avec des envois de plus de 700g pour un produit pur à 66% dans certains envois. Les éléments le mettent clairement en cause avec les Réunionnais déjà jugés dans ce dossier. Je vous demande de confirmer la peine de 3 ans assortie d’un mandât de dépôt » requiert le parquet.
Malgré les vociférations du prévenu sur le fait qu’il n’a jamais rien envoyé à La Réunion, le président à confirmé la peine initiale de 3 ans, assortie d’un mandât de dépôt. Ayant déjà fait 16 mois de détention provisoire, il lui reste un peu plus de la moitié à faire.