Zinfos974: Quel bilan établissez-vous de ces 7 années d'existence d'OPR?
Jean-François Nativel: C'est un bilan douloureux, celui d'un combat difficile, et loin d'être terminé. C'est aussi le constat d'un mépris total et absolu de la France pour ses territoires d'Outre-mer. A titre personnel, durant ces 7 années, j'aurai tout essayé, fait tout ce que je pouvais faire. J'ai même sacrifié une partie de ma liberté (Jean-François Nativel a été placé en garde à vue en septembre 2017, puis mis en examen pour organisation d'une manifestation malgré son interdiction, dans le cadre de l'opération "Nou't tout dans la mer", ndlr). J'ai même été candidat aux législatives dans la 7ème circonscription l'année dernière!
Nous nous battons pour que les gens gardent l'espoir d'un océan ouvert à tous, malgré le fait que l'Etat fasse tout pour laisser pourrir la situation. Les gens s'habituent, aujourd'hui, ils ont intégré qu'aller à la plage signifie seulement boire un verre, qu'on ne peut pas se baigner dans l'océan.
Zinfos974: Que pensez-vous de la gestion de la crise requins par les institutions?
Jean-François Nativel: C'est un mépris inouï! En métropole, 35 millions de touristes vont sur le littoral, cela rapporte 50 milliards de devises, qui font vivre tout le littoral, avec deux mois d'ouverture. J'ai rencontré le maire de Lacanau (célèbre spot de surf sur la côte basque, ndlr), qui m'a assuré qu'une fermeture de l'océan est absolument inenvisageable dans sa région. Le 21ème siècle, pour paraphraser le sociologue Joffre Dumazedier, est celui des loisirs nautiques, les vacances sont synonymes de plaisir nautique partout dans le monde, sauf désormais sur notre île. Or, à La Réunion, c'est bien l'Etat qui, durant 30 années, tout comme en métropole, a développé le littoral. Pour finalement en faire un parc à requins...
Nous vivions tranquillement dans notre environnement, des décisions politiques ont amené des changements, de la violence et de l'injustice. Les créoles ont une tradition éducative qui privilégie l'effacement de l'individu au profit de la masse, mais aussi un sens aigu de la justice. C'est pourquoi j'ai toujours été sensible à l'injustice, ce qui explique mon côté révolté, que beaucoup confondent avec de la violence, soit par ignorance, soit par idéologie. Ma façon de m'exprimer n'est que le reflet de ce que l'on subit: la boucherie, le carnage sur les corps, la souffrance des proches, et l'opprobre impitoyable des e-justiciers qui viennent hurler leur haine de l'humain sur internet.
Zinfos974: La crise requins est en effet très clivante, à La Réunion et jusqu'en métropole, comment analysez-vous les réactions épidermiques de certains, et quel message souhaitez-vous leur faire parvenir?
Jean-François Nativel: Dans le contexte "apocalyptique" actuel, notre situation a cristallisé ce débat de société autour d'un humain cherchant à détruire la planète pour son plaisir égoïste. Or, jamais personne, et encore moins notre communauté, attachée à son environnement, n'aurait souhaité ou exigé arriver sur une zone naturelle et imposer la présence de l'humain au détriment de la Nature. On demande juste que soit respectée une petite place pour l'humain, qui fait partie de la Nature, n'en déplaise aux anti-humanistes. La Réunion n'a pas à payer pour les méfaits de l'humanité entière sur l'environnement. Pendant qu'on s'acharne sur nous, les poissons, requins, et océans sont malmenés partout sur la planète, et les multinationales profitent de cette diversion sans être inquiétées.
Au-delà de cette situation, ceux qui ulcèrent le débat autour de la crise requins ne desservent-ils pas finalement la cause environnementale, qui est chère à nous tous?
Zinfos974: Des élections législatives partielles vont se tenir dans la 7ème circonscription, vous porterez-vous de nouveau candidat?
Jean-François Nativel: Ce que je retiens des élections de 2017, c'est que la seule chose qui compte pour les politiques, c'est les voix des électeurs. Les voix donnent le pouvoir, et le pouvoir donne l'argent. Les morts et l'économie sinistrée, ils s'en fichent. Mais l'année dernière, au second tour des législatives, ils se sont tous précipités vers moi, uniquement intéressés par les voix que je portais.
Je ne fais pas de politique politicienne et si aucun candidat ne se présente pour défendre la mer, je me présenterai.
Jean-François Nativel: C'est un bilan douloureux, celui d'un combat difficile, et loin d'être terminé. C'est aussi le constat d'un mépris total et absolu de la France pour ses territoires d'Outre-mer. A titre personnel, durant ces 7 années, j'aurai tout essayé, fait tout ce que je pouvais faire. J'ai même sacrifié une partie de ma liberté (Jean-François Nativel a été placé en garde à vue en septembre 2017, puis mis en examen pour organisation d'une manifestation malgré son interdiction, dans le cadre de l'opération "Nou't tout dans la mer", ndlr). J'ai même été candidat aux législatives dans la 7ème circonscription l'année dernière!
Nous nous battons pour que les gens gardent l'espoir d'un océan ouvert à tous, malgré le fait que l'Etat fasse tout pour laisser pourrir la situation. Les gens s'habituent, aujourd'hui, ils ont intégré qu'aller à la plage signifie seulement boire un verre, qu'on ne peut pas se baigner dans l'océan.
Zinfos974: Que pensez-vous de la gestion de la crise requins par les institutions?
Jean-François Nativel: C'est un mépris inouï! En métropole, 35 millions de touristes vont sur le littoral, cela rapporte 50 milliards de devises, qui font vivre tout le littoral, avec deux mois d'ouverture. J'ai rencontré le maire de Lacanau (célèbre spot de surf sur la côte basque, ndlr), qui m'a assuré qu'une fermeture de l'océan est absolument inenvisageable dans sa région. Le 21ème siècle, pour paraphraser le sociologue Joffre Dumazedier, est celui des loisirs nautiques, les vacances sont synonymes de plaisir nautique partout dans le monde, sauf désormais sur notre île. Or, à La Réunion, c'est bien l'Etat qui, durant 30 années, tout comme en métropole, a développé le littoral. Pour finalement en faire un parc à requins...
Nous vivions tranquillement dans notre environnement, des décisions politiques ont amené des changements, de la violence et de l'injustice. Les créoles ont une tradition éducative qui privilégie l'effacement de l'individu au profit de la masse, mais aussi un sens aigu de la justice. C'est pourquoi j'ai toujours été sensible à l'injustice, ce qui explique mon côté révolté, que beaucoup confondent avec de la violence, soit par ignorance, soit par idéologie. Ma façon de m'exprimer n'est que le reflet de ce que l'on subit: la boucherie, le carnage sur les corps, la souffrance des proches, et l'opprobre impitoyable des e-justiciers qui viennent hurler leur haine de l'humain sur internet.
Zinfos974: La crise requins est en effet très clivante, à La Réunion et jusqu'en métropole, comment analysez-vous les réactions épidermiques de certains, et quel message souhaitez-vous leur faire parvenir?
Jean-François Nativel: Dans le contexte "apocalyptique" actuel, notre situation a cristallisé ce débat de société autour d'un humain cherchant à détruire la planète pour son plaisir égoïste. Or, jamais personne, et encore moins notre communauté, attachée à son environnement, n'aurait souhaité ou exigé arriver sur une zone naturelle et imposer la présence de l'humain au détriment de la Nature. On demande juste que soit respectée une petite place pour l'humain, qui fait partie de la Nature, n'en déplaise aux anti-humanistes. La Réunion n'a pas à payer pour les méfaits de l'humanité entière sur l'environnement. Pendant qu'on s'acharne sur nous, les poissons, requins, et océans sont malmenés partout sur la planète, et les multinationales profitent de cette diversion sans être inquiétées.
Au-delà de cette situation, ceux qui ulcèrent le débat autour de la crise requins ne desservent-ils pas finalement la cause environnementale, qui est chère à nous tous?
Zinfos974: Des élections législatives partielles vont se tenir dans la 7ème circonscription, vous porterez-vous de nouveau candidat?
Jean-François Nativel: Ce que je retiens des élections de 2017, c'est que la seule chose qui compte pour les politiques, c'est les voix des électeurs. Les voix donnent le pouvoir, et le pouvoir donne l'argent. Les morts et l'économie sinistrée, ils s'en fichent. Mais l'année dernière, au second tour des législatives, ils se sont tous précipités vers moi, uniquement intéressés par les voix que je portais.
Je ne fais pas de politique politicienne et si aucun candidat ne se présente pour défendre la mer, je me présenterai.