Il est 17h30 à l’Assemblée nationale lors que le Premier ministre prend la parole. Édouard Philippe confirme la rumeur qui courait depuis quelques jours : le gouvernement déclenche l’article 49 alinéa 3 de la Constitution concernant la réforme des retraites. Plus simplement, le projet de loi qui divise la société française est considéré comme adopté. Les débats parlementaires sont clos. Les paris sur l’avenir du Premier ministre sont, eux, bien ouverts.
Le chef de l’exécutif avait reçu plus tôt dans la journée l’aval du Conseil des ministres pour officialiser la décision. Une décision qu’Édouard Philippe a justifiée pour « mettre fin à cet épisode de non-débat et permettre à la suite du processus législatif de s’engager ». La majorité reproche à l’opposition de bloquer les débats avec ses 41 000 amendements, cette dernière blâme le gouvernement pour sa surdité législative. Un langage de sourds avec pour fil rouge une grogne sociale de grande ampleur.
Seule une motion de censure déposée et votée dans les 24h peut annuler cette décision. Les Républicains ont remis la leur très tôt dans la soirée. La gauche unifiée (PS, LFI, PCF) a suivi peu de temps après. Mais sauf surprise, ces motions ne devraient pas être votées dans la journée.
Les élus réunionnais s’insurgent
À La Réunion, les réactions sont arrivées rapidement. Dans un communiqué, la députée Nathalie Bassire regrettait « qu’une fois de plus, le gouvernement exprimait son dédain vis-à-vis du débat parlementaire ». La candidate à la mairie du Tampon soutient la motion portée par sa famille politique (LR).
De l’autre côté de l’échiquier politique, Jean-Hugues Ratenon n’a également pas tardé à se manifester. Le député de la France Insoumise fustige le fait que le gouvernement ait choisi « l’une des dispositions les plus autoritaires et antidémocratiques que prévoit la Constitution de la Vème République ». Jean-Hugues Ratenon confirme qu’il signera la motion portée par la gauche.
Le coronavirus pour éviter les manifestations
Dès l’annonce du Premier ministre, les réseaux sociaux se sont enflammés. La colère de nombreux internautes a immédiatement remplacé la peur du coronavirus sur les fils d’actualité. L’épidémie mondiale avait remplacé la grogne sociale dans les esprits, cette dernière est remontée sur la première marche du podium. Venant d’élus ou d’anonymes, les appels à manifester sont légions…mais interdits pour cause de coronavirus.
Plus tôt dans la journée, Olivier Véran, le ministre de la Santé, annonçait de nouvelles mesures pour lutter la propagation du virus. Parmi elles, l’annulation des rassemblements de plus de 5000 personnes en milieu confiné ou « en milieu ouvert quand ils conduisent à des mélanges avec des populations issues de zones où le virus circule possiblement ». Conséquence : de nombreuses manifestations sont annulées ou soumises à décision préfectorale.
Cette interdiction de rassemblement risque de s’opposer à la réaction des partis d’opposition, des syndicats et d’une grande partie de la population. On peut se demander légitimement comment va se passer la future semaine qui risque d’être agitée. Toutefois, les élections municipales approchant, c’est au travers des urnes que la défiance au gouvernement risque de s’exprimer.
Édouard Philippe a annoncé engager la responsabilité de son gouvernement avec cette annonce. Après avoir franchi le Rubicon, les jeux sont-ils faits pour lui?