En 2018, 340 000 Réunionnais sont en situation de privation matérielle et sociale, soit 40 % de la population. Cette part est trois fois plus élevée qu’en France métropolitaine et du même ordre que le taux de pauvreté monétaire. Ces personnes sont privées de certains éléments considérés comme indispensables à une vie décente.
Certaines de ces privations élémentaires touchent une majorité de la population, comme l’absence d’épargne (sept personnes sur dix), l’incapacité à se payer des vacances (six personnes sur dix) et la difficulté à s’acheter de nouveaux meubles (plus de cinq sur dix). Les Réunionnais sont surtout concernés par une forte vulnérabilité financière, plus que matérielle ou sociale. Les chômeurs, les parents isolés, les personnes en mauvaise santé, celles peu diplômées ainsi que les jeunes sont davantage concernés. Ils disposent en effet le plus souvent de revenus plus faibles, du fait de l’absence d’emploi ou de l’occupation d’un emploi à faible revenu.
Les personnes touchées par ces privations rencontrent deux fois plus souvent des difficultés de logement que les autres, principalement liées à l’humidité. Elles ne sont pas plus nombreuses à devoir rembourser un emprunt supérieur à un tiers de leurs revenus, mais sont deux fois plus souvent à découvert tous les mois.
L’épargne
L’absence d’épargne est la privation la plus répandue : sept personnes sur dix n’ont pas les moyens de faire face à une dépense imprévue d’un montant proche de 1 000 euros, à La Réunion comme aux Antilles.
Du fait de cette faible capacité à mettre de l’argent de côté, les Réunionnais détiennent moins souvent un livret d’épargne : 25 % des ménages n’en possèdent pas en 2015 contre 14 % en métropole.
Logement
À La Réunion, 29 % des habitants ne peuvent pas maintenir leur logement à bonne température, contre 5 % en métropole et 22 % aux Antilles.
Un quart des Réunionnais vivent à plus de 400 mètres d’altitude. Cette population, plus modeste qu’ailleurs, peut souffrir du froid une partie de l’année. Maintenir le logement à bonne température toute l’année supposerait d’intégrer le coût d’achat de climatiseurs ou d’autres dispositifs de ventilation, de chauffage ou d’isolation pour ces ménages qui en sont dépourvus.
La difficulté à remplacer ses meubles est par ailleurs la privation la plus répandue : elle touche plus de cinq personnes sur dix contre deux sur dix en métropole. Cette difficulté est moins répandue à La Réunion que dans les autres DOM, les meubles y étant moins chers.
La voiture
L’absence de ressources financières constitue un frein à l’acquisition d’un véhicule pour 9 % des Réunionnais. Cette part est 2,7 fois plus élevée qu’en métropole : en effet, le prix d’achat d’un véhicule neuf est en moyenne 24 % plus cher à La Réunion.
Les Réunionnais sont de fait moins souvent équipés en voitures (21 % contre 11 %).
Sans voiture, la recherche d’emploi s’avère plus compliquée. Or la moitié des chômeurs réunionnais qui n’ont pas de voiture n’ont pas les moyens de s’en acheter une.
Vacances
La difficulté à se payer une semaine de vacances contribue le plus aux privations sociales : six Réunionnais sur dix sont dans ce cas, soit trois fois plus qu’en métropole.
Internet
Même si peu de Réunionnais en sont privés, ils rencontrent également nettement plus de difficultés (3,5 fois plus) à se payer un accès à Internet qu’en métropole, celui-ci étant plus coûteux à La Réunion.