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4 associations interpellent Didier Robert sur la problématique des transports

Dans un courrier adressé au président de Région, les associations ATTAC, Alternatiba, Green Peace et le mouvement Extinction Rebellion dénoncent la politique du "tout automobile" sur l’île depuis plusieurs décennies. Ils veulent que le développement des transports à La Réunion soit en phase avec les urgences climatiques.

Ecrit par NP – le dimanche 23 août 2020 à 08H18

Le courrier :

Courrier à l’attention de monsieur Didier Robert, Président de la Région Réunion, de la part des associations ATTAC, Alternatiba, Green Peace et du mouvement Extinction Rebellion sur la Réunion.

Objet : Problématique des transports sur La Réunion

Les associations ATTAC, Alternatiba, Green Peace et le mouvement Extinction Rebellion sur la Réunion alertent la région Réunion sur le fait que la politique mise en œuvre en matière de développement des transports sur La Réunion n’est pas en phase avec les urgences écologiques et climatiques régulièrement rappelées par la communauté scientifique et notamment le GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat).

En effet, d’après le syndicat mixte des transports de la Réunion (SMTR), 66% des déplacements s’effectuent en voiture dont près de deux tiers en tant que conducteur. L’augmentation systématique du trafic (hausse 1,5%/an) démontre bien qu’une politique du tout-automobile est menée depuis des décennies sur l’île avec les conséquences que cela engendre :

– Une augmentation accrue de la pollution atmosphérique. La pollution engendrée par nos déplacements est importante. 65% du parc automobile réunionnais fonctionne au diesel. D’après le Diagnostic Energie Emissions des Mobilités (DEEM), les émissions de gaz carbonique liées au transport à la Réunion (hors aviation) ont doublées depuis 1990 et représentent maintenant 34% des émissions totales de CO2 sur le sol réunionnais. Le transport routier est le secteur principal d’émission d’oxyde d’azote avec près de 44% des émissions de toute l’île.

– Des aménagements durs et nuisibles à l’environnement. L’artificialisation du sol due au réseau routier est conséquent. On estime à environ 6500 ha d’emprise juste pour le réseau routier en 2017. La tendance est à la hausse avec une augmentation annuelle d’environ 1,3%/an. Ceci a un impact indéniable et irrévocable sur la qualité de notre sol, sur la gestion des eaux pluviales, sur la faune, la flore, etc. Notre territoire est contraint, préservons-le !

– Des modes de transports doux peu présents. Quid de l’état des pistes cyclables à la Réunion ? La voie vélo régionale peine à être réalisée. En tant que cycliste, nous savons que l’état des pistes ne nous permet pas de nous déplacer facilement à la Réunion. Les centres urbains ne sont pas ou peu adaptés à la pratique du vélo, ce qui induit une congestion marquée en période de pointe. Conforter, développer, sécuriser les pistes cyclables est une des solutions ; mais rien de concret n’arrive. De plus, le réseau car jaune nous permettait à l’époque de mettre notre vélo dans le bus, nous permettant ainsi de réaliser efficacement la distance entre l’arrêt de bus et notre destination. Avec la nouvelle flotte, ceci n’est plus possible… par contre, les nouveaux bus sont équipés de ports USB pour chaque siège. Est-ce une avancée pour la Réunion ? Non ! De plus, la communication de la Région Réunion vante le mérite du développement du covoiturage. Vous avez mis en place 10 aires de stationnements qui représentent 305 places de stationnements dédiés au covoiturage. Est-ce à l’échelle ? En Vendée, on compte 33,6 places de stationnements dédiés au covoiturage pour 10.000 habitants ; en Charente, 16,6 ; dans le Morbihan, 23,8… et à la Réunion 3,5.

– Une pollution sonore nuisible à des pratiques résilientes. Le fait d’avoir un territoire où la voiture est très présente induit une pollution sonore importante. Ceci a des conséquences directes et indirectes sur la population et son comportement. En effet, le fait d’avoir un environnement bruyant au droit de bâtiments engendre une augmentation de l’usage de la climatisation, poste le plus énergivore dans le bâtiment à la Réunion.

D’autres conséquences existent : accidents routiers, accélération de l’effet d’ilot de chaleur dans les centres urbains, augmentation de la consommation énergétique, augmentation de la pollution lumineuse due à l’éclairage public des voies, production de déchets peu ou pas traités localement… La liste est longue.

Au regard de ce constat, nous vous interpellons donc sur votre politique néfaste en matière de transport à la Réunion. Quand allons-nous bénéficier d’une réelle politique résiliente et globale de déplacements sur notre île?

Une politique de transport ambitieuse pour les Réunionnais.es c’est :
 Diminuer la pollution pour favoriser une meilleure santé pour tous
 Redynamiser les cœurs de villes et les commerces de proximité
 Réduire les dépenses des foyers liées à l’utilisation de la voiture
 Le plaisir de se déplacer sans impacter notre environnement
 Réduire le nombre d’accidents de la route
 Réduire la dépendance énergétique de la Réunion
 Participer à une ambition mondiale qui réinvente nos modes de transports

Malgré des initiatives positives, notamment le forfait mobilité durable, ces ambitions ne vont pas assez loin pour permettre la transition écologique dont la Réunion a urgemment besoin.

Nous demandons donc :

1- L’extension et l’amélioration rapide des pistes cyclables sécurisées, notamment entre les villes et les quartiers les plus éloignés
2- L’aide financière à l’acquisition ou à la location de vélos pour tous (électriques ou non)
3- L’application des lois existantes permettant la sécurité des cyclistes et des piétons
4- La mise en place de parking vélos sécurisés pour les usagers
5- La possibilité de mettre son vélo dans le bus (soute ou remorque)
6- La mise en place de transports en communs gratuits pour tous
7- Un service de mutualisation d’un parc automobile (véhicules de loisirs et utilitaires)
8- Une mutualisation des aires de stationnements et le développement des aires de stationnements liés au covoiturage
9- La mise en place de voies prioritaires aux véhicules transportant deux personnes et plus (dans les zones et les heures les plus embouteillées)
10- La mise en place de parking en périphérie des villes pour limiter la place de la voiture dans les centres urbains.
11- La taxation des véhicules diesel ou sur les carburants diesels.
12- L’augmentation du prix du véhicule tout en aidant les plus démunis par la location partielle et l’autopartage

Toutes les solutions existent, sont éprouvées et correspondent réellement à votre communication. Mais elles ne sont pas mises en place. Vous êtes capables de financier plusieurs milliards d’euros pour 12km de route pour la voiture, mais pas quelques millions pour financer les mesures citées au-dessus. Serez-vous fier de votre bilan de mandature sur ce sujet, l’année prochaine ? De notre côté, nous ne manquerons pas de vous rappeler vos engagements.

Soyons ambitieux ! L’enjeu est trop important. Nous n’avons plus le temps d’attendre.

En ce sens, nous interpellerons la population le 12 septembre en lançant la première vélorution de l’île pour pointer du doigt votre politique ; Et montrer que des scénarios plus résiliant existent sur ce sujet. Le rassemblement se fera à 14h au petit stade de l’Est à Saint-Denis pour affirmer que le vélo et les modes de transports alternatifs sont possibles à la Réunion.

« Il va falloir réapprendre à bouger pour vivre, et non pas vivre pour bouger », Molière

Nous serons nombreux, motivés et déterminés pour reprendre en main ce sujet.

Extinction Rebellion, Attac, Alternatiba et Green Peace

Complément au courrier:

Nous n’allons pas vous faire l’affront de vous demander si vous êtes au courant des différents scénarii de la révision du Schéma d’Aménagement Régional :

Les scénarii « tendanciel » et « catastrophe »

L’horizon temporel de 2030 peut sembler bien lointain et mérite une explication. Cette date est souvent reprise à La Réunion car elle correspond tout à la fois au cap du million d’habitants prévu selon les projections démographiques de l’INSEE et à la sortie de la transition démographique. Par ailleurs, elle correspond également à l’horizon temporel utilisé dans les démarches de prospective territoriale lancées depuis quelques mois par la Région Réunion à l’occasion de la révision du Schéma d’Aménagement Régional. Les scénarii discutés maintenant visent donc cet horizon lointain mais l’automate cellulaire déroule les simulations au pas temporel d’une année.

La première comparaison riche d’enseignements est celle du scénario « tendanciel » et du scénario « catastrophe » (cartes 6, 7 et 8). Dans le premier scénario, nous déroulons la simulation en poursuivant la tendance à l’étalement urbain constatée entre 1989 et 2002 jusqu’en 2030 et nous stabilisons la surface agricole à son niveau de 2002, condition nécessaire à la survie de la filière canne à sucre à La Réunion. La carte qui en résulte montre comme attendu un étalement urbain généralisé au départ des agglomérations de 2002. L’agriculture quant à elle se réfugie massivement dans les hauteurs de l’île en réduisant la forêt présente en 2002. Secondairement, elle consomme les interstices de végétation mixte et de savane encore présents en 2002 plus près du littoral.

Ce scénario pourtant tendanciel est à bien des égards « déjà catastrophique » pour au moins deux raisons majeures. En ce qui concerne la prolongation de la tendance à l’étalement urbain, elle conduit à une augmentation de la tache urbaine de 130% par rapport à ce qu’elle représente en 2002, alors même que l’urbain est déjà très peu dense à La Réunion (10 logements/ha) et connaît d’importants problèmes de fonctionnement (engorgement du réseau routier du fait de la multiplication des déplacements individuels et de l’absence d’un vrai réseau de transport en commun, problèmes d’environnement liés au développement d’un assainissement individuel peu maîtrisé…). En ce qui concerne la surface agricole, son maintien en terme de surface s’accompagne d’une migration vers les Hauts de l’île, autrement dit vers des zones actuellement en prairie et dont l’altitude ne permet pas la culture de la canne à sucre. Dit autrement, d’un point de vue spatial, ce scénario ne permet pas le maintien de la filière « canne à sucre » sur l’île. Accessoirement, ce maintien de la surface agricole se fait au détriment des dernières étendues en savane désormais protégées règlementairement au titre des paysages remarquables de l’île (carte 7).

Dans le scénario « catastrophe », l’étalement urbain se poursuit comme précédemment mais nous n’imposons pas la stabilisation des surfaces agricoles. D’un point de vue méthodologique, nous modifions seulement le statut des surfaces agricoles qui passent du  statut « fonctionnel » au statut « vacant ». Aucun objectif de surface agricole à atteindre en 2030 n’est donc précisé et les potentiels de transition des cellules décident donc intégralement des dynamiques dans un système totalement ouvert à la concurrence d’un point de vue spatial. Dans un tel cadre de simulation, la carte 8 nous révèle que l’étalement urbain s’effectue massivement sur la zone agricole qui perd plus d’un tiers de ses surfaces de 2002. L’ensemble de la surface agricole passe alors de 43 000 à 27 000 ha alors que la sole cannière indispensable pour la survie de la filière « canne à sucre » à La Réunion est estimée aujourd’hui à 30 000 ha. Comme pour le scénario tendanciel, cette filière est alorscondamnée. L’analyse détaillée des autres modes d’occupation du sol dans ce scénario (carte 8) permet de constater que si catastrophe il y a, elle ne concerne en quelque sorte que la surface agricole. En effet, l’étalement urbain ayant trouvé à s’étendre sur ce type d’espace, il délaisse les zones de savane, de végétation mixte et de forêt qui se retrouvent largement préservées en 2030 (zones cartographiées en vert en 2030).

La comparaison des deux scénarii permet donc de tirer plusieurs enseignements importants. En premier lieu, il permet d’affirmer que dans les deux cas, un étalement urbain qui se poursuivrait jusqu’en 2030 sur le rythme qui fut le sien entre 1989 et 2002 condamnerait la filière « canne à sucre » sur l’île, soit par manque de surface (scénario « catastrophe »), soit en raison de l’inadaptation des surfaces attribuées par le modèle à la mise en culture en canne (scénario tendanciel). En second lieu, cette comparaison permet d’identifier précisément les surfaces qui constituent des enjeux forts du fait de leur localisation et de leur potentiel. En terme d’accessibilité et d’aptitude, les meilleures terres pouvant potentiellement basculer dans l’urbain se situent à proximité des zones urbaines actuelles, sur les meilleures terres agricoles de l’île, ce qui nous ramène au débat toujours sensible à La Réunion du déclassement des terres agricoles… En dernier lieu, l’analyse comparée de ces deux scénarii nous conduit logiquement à explorer d’autres pistes qui ont pour dénominateur commun la maîtrise de l’étalement urbain.

 

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